Pour une personne jeune, trébucher peut être gênant, mais est en général anodin. Pour une personne âgée, perdre son équilibre peut avoir de graves conséquences. Alors que 80% des personnes âgées qui subissent une fracture du col du fémur vont décéder dans l’année, cette étude de l’Université du Michigan contribue à expliquer le processus neurobiologique de la chute. En cause, ce temps de réponse entre le moment où le cerveau prend conscience du déséquilibre et la réponse musculaire, une fenêtre critique qui semble s’allonger avec l’âge.
Démystifier pourquoi nous perdons notre équilibre et mieux comprendre cet intervalle de temps critique pourrait contribuer, peut-être à éviter autant de chutes chez les personnes âgées. Ainsi, en France, environ 9.000 décès de personnes âgées de plus de 65 ans sont associés chaque année à une chute. La mortalité associée à ces chutes augmente rapidement avec l’avancée en âge, dans les deux sexes. Lorsque la chute est responsable de fracture, il s’agit dans la majorité des cas d’une fracture de l’extrémité supérieure du fémur, indirectement responsable d’une mortalité élevée dans les mois qui suivent.
Ici, les chercheurs ont utilisé un électroencéphalogramme pour analyser les réponses électriques du cerveau avant et pendant la chute. L’étude a été réalisée sur de jeunes participants bien sûr, et les scientifiques constatent que, bien que de nombreuses zones cérébrales répondent à une chute, cette réponse intervient bien avant que les muscles réagissent.
Les auteurs constatent aussi combien les participants se sentent mieux lorsque leurs 2 pieds sont en contact avec le sol et identifient de nombreuses zones du cerveau qui s’activent en cas de perte d’équilibre pendant la marche, montrant que le cerveau la reconnaît immédiatement.
Cerveau ou muscles ? Ils prévoient d’autres études permettant de comparer les réactions de personnes âgées avec celles de sujets plus jeunes afin de confirmer que le cerveau des personnes âgées perçoit la chute trop tardivement ou si les muscles réagissent trop lentement. Dans la première hypothèse, des médicaments pourraient être développés pour contribuer à renforcer l’équilibre, dans le second cas des exercices physiques pourraient suffire. D’autres expériences sont en cours pour tenter d’identifier les contributions respectives, sensorielles et motrices, de l’activité du cerveau pendant la marche.
Source: Journal of Neurophysiology Loss of balance during balance beam walking elicits a broadly distributed theta band electrocortical response
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