Voici une belle histoire contée par le jeune designer étudiant Benjamin Locatelli autour de son projet diplômant des métiers d’Arts de l’Habitat, option Décors et Mobiliers-Ebénisterie du Lycée Pierre Vernotte.
A l’origine, un thème imposé, Alter-Ego, résonnant comme une évidence pour l’étudiant, un autre-moi le suivant depuis sa naissance, son miroir, son frère jumeau.
« La gémellité fût donc mon premier point de départ.
Physiquement, dès leur conception, ces deux petits êtres vivent dans une douillette intimité. Pendant la grossesse, ils perçoivent et ressentent les mêmes choses.
Ces enfants se touchent. Lorsqu’ils sont dans la même poche, leurs corps sont imbriqués. Leurs vies se mêlent déjà : l’un peut attraper le pied de l’autre ou sucer le pouce de son jumeau. Les petits peuvent également se trouver dans deux poches différentes, séparés par une fine membrane. Ils ont conscience du corps de l’autre et bougent, réagissent en fonction du second. Ce contact in utero aurait une influence sur leurs relations futures. Ils se dessineraient déjà une certaine complicité, quand ils s’enlacent ou une rivalité, s’ils se repoussent, ou encore une dominance s’ils se gênent et essaient de prendre toute la place.
Depuis toujours, la gémellité exerce une certaine fascination. Mais pour moi, il n’était pas toujours facile de grandir et de trouver ma place dans ce jeu de miroir….
Les questions au fond de moi étaient nombreuses. Pourquoi une telle ressemblance ? Pourquoi cette même voix ?… mais aussi pourquoi une telle différence profonde ?
Quelle part de notre comportement, de nos actes, de nos idées, de notre conscience est déterminée par le contenu chromosomique de l’œuf fécondé dont nous sommes issus – en un mot, est innée ? Quelle part au contraire est acquise lors de l’interaction de l’individu avec son environnement immédiat : physique, social ou culturel ?
Ce débat sur l’inné et l’acquis existe depuis toujours. Est-on ce que l’on a toujours été ? Ou est-on ce qu’on n’est devenu ?«
De ce ressenti, de cette réflexion résulte une création, divisée en deux parties, la première symbolisant l’innée (ce qui nous compose, adn, gènes, cellules...), la seconde symbolisant l’acquis (notre expérience, connaissance,ce que l’on a appris, découvert…)
L’objet, baptisé Cellule, une structure en contreplaqué de hêtre dans laquelle une structure de métal vient s’intégrer.
« Bibliothèque ? pas vraiment, le noyau se remplis de livres mais il ne se vide jamais. Tous les livres se trouvant à l’intérieur du noyau symbolise la connaissance du propriétaire de la cellule. «
L’étudiant a utilisé la découpe laser afin de composer ses 85 strates (avec 535 pièces au total) de bois et ainsi obtenir une forme presque organique… La sphère métallique noire est faite grâce à des fers plats, cintrés à l’aide d’une cintreuse à trois gaillets. Les cercles sont ensuite coupés pour obtenir des arcs à souder les unes avec les autres pour enfin laquer le tout en noir satiné.
Ses inspirations : Patrick Jouin Table « solid », radiolaires (planctons animal), formes cellulaires, organiques…
Bravo à Benjamin Locatelli pour cette création pleine de sens et de savoir-faire.
Plus d’informations sur le designer : Benjamin Locatelli
Mots-clés: blog design, blog esprit design, bureau, esprit design