J'avais envie d'y aller, parce que le sujet me plaisait, que je ne vais pas souvent voir du Ozon mais que je n'ai pas non plus eu de mauvaises expériences et que Marine Vacth est envoûtante.
Jeune et Jolie de François Ozon, avec Marine Vacth, Géraldine Pailhas, Frédéric Pierrot et Fantin Ravat.
C'est l'histoire d'une ado, une jolie fille apparament sans problème dans une famille sans histoire. Le film se déroule sur un an, découpage en quatre saisons et l'on commence par l'été. En pleine vacances la jeune fille, Isabelle, découvre le sexe. Une simple première fois, un peu nulle comme sont souvent les première fois. Puis il faut faire les bagages, dire au revoir à l'amour de vacances (ou pas) et revenir sur Paris. Là Isabelle devient Léa, une prostituée pendant quelques heures de sa journée.
La force de François Ozon est de ne pas faire de ce sujet, un film dramatique. Je ne m'attendais pas à rire autant dans la salle. C'est moins la prostitution en elle-même qui est traitée qu'une révolution adolescente dans une famille, un passage de l'enfance (asexué) à l'âge adulte (sexué). J'ai particulièrement aimé les rapports qu'Isabelle entretient avec son jeune frère de 13 ans. Ils sont très complices, jusqu'à ce que la jeune fille s'isole. Les acteurs sont épatants. Marine Vacth est superbe, elle est tour à tour, une gamine timide, une ado rebelle, une femme fatale sans aucune fausse note.
Le réalisateur sépare son film en saison, comme autant de changement dans la vie d'Isabelle, à qui il octroi à chaque fois une chanson de Françoise Hardy. Et qui mieux que la belle Françoise comme représentante d'une adolescente en crise, mal dans ses baskets mais à la fois toute en retenue et en romantisme. "Oui mais moi, je vais seule, dans les rues, l'âme en peine....".
L'image est belle, travaillé sans jamais devenir plus importante que l'action qui s'y passe.
François Ozon signe là une belle réussite. Il ne tombe jamais dans le facile où le mélo lacrymal et on reste scotché (si les deux vieilles du fond avaient fermé leurs gueules ça aurait été encore mieux). Le personnage d'Isabelle est un vrai beau personnage, tout en nuances, en jeu et en secret. Jamais on ne sait pourquoi, et dès fois on ne sait pas à quoi elle joue. Ce qui la rend d'autant plus tangible. De plus c'est un film accessible. Il n'y a pas besoin d'avoir un master en littérature, art et société pour être happé par le film.
Courrez-y. Qui que vous soyez.