Rien n’est perdu si les hommes de pouvoir trouvent la sagesse de permettre à la destruction créatrice de façonner spontanément un monde meilleur.
Par Philippe Robert.
Un an après son élection, François Hollande nous propose son programme présidentiel... pour 2025.
Le gouvernement aux abois en mal de plan com’ destiné à enfumer les Français tente ce qu’il croit être une sortie par le haut : quelle sera la physionomie de la France à l’horizon 2025 ? Question à mon sens quelque peu oiseuse dès lors que le Prince ne sait même pas où il en est en 2013 ! Les conseilleurs ne sont pas les payeurs, je sais, mais une saine réflexion hors de toute idéologie (sic !), c’est-à-dire en s’en tenant aux faits et rien que les faits, est toujours la bienvenue et permet à celui qui veut dépasser son temps de ne pas se fourvoyer dans une impasse.
Première condition sine qua non, en forme d’exercice imposé par les nécessités de l’heure, à remplir impérativement par tout gouvernement réellement désireux de réussir son entrée dans le Futur et de s’y maintenir :
Les douleurs que nous ressentons sont simultanément celles d’une mort et d’une naissance : la mort d’une civilisation et la naissance d’une autre. Nous sommes entrés dans une période où celui qui ne prend pas de risques et qui cherche la stabilité est, en fait, celui qui prend le plus de risques. Il n’y aura pas de retour à la façon dont les choses fonctionnaient autrefois.
– Barry Carter, Infinite Wealth : A New World of Collaboration and Abondance in the Knowledge Era, 1999.
Seconde condition sine qua non, dans le droit fil de la première, destinée à fonder et favoriser une transition vers des lendemains qui chantent exempte autant que faire se peut de mauvaises surprises :
Le monde va connaître ces prochaines années un choc de croissance, et donc de destruction créatrice, considérable. L’apparition de technologies multi-usages dans de nombreux domaines, de l’énergie à la biologie en passant par l’intelligence artificielle, s’apparente à une immense montée en puissance du progrès technique. Ce qui génèrera, aujourd’hui et demain, des disparitions d’activités, d’entreprises du chômage, des inégalités et après-demain, de la croissance, des revenus plus élevés, du bien-être supplémentaire (...) Ce que l’on appelle la mondialisation constitue un stimulus extraordinaire à l’incorporation de ces innovations par les entreprises.
– Nicolas Bouzou, On entend l’arbre tomber mais pas la forêt pousser – Croire en l’économie de demain, JCLattès, février 2013.
La France contemporaine se trouve aujourd’hui plongée au cœur d’une double crise sévère, l’une issue des fameux subprimes dont les actifs toxiques, au départ vivement encouragés par force de loi, ont brutalement envahi le système financier planétaire jusqu’à l’assécher, et l’autre, prenant son essor dans le sillage de la première, mettant alors à mal l’équilibre général d’États sociaux européens surendettés.
Le bilan provisoire de cette extraordinaire conjonction de mauvaises étoiles dans le firmament d’un monde lancé dans un profond aggiornamento n’est certes pas fait pour susciter l’enthousiasme ; mais, sans trop y croire, rien n’est perdu si les hommes de pouvoir trouvent la sagesse de permettre à la destruction créatrice en cours de façonner spontanément le monde meilleur auquel nous aspirons tous !