Savez-vous recevoir ?
De prime abord, il peut sembler facile de recevoir.
A bien y réfléchir, tout dépend de ce que l’on reçoit : s’il s’agit d’un reproche, d’une menace ou de tout autre dérivé du système SAPPE, alors non, il n’est pas forcément bon ni facile de recevoir. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore le système SAPPE, le climat anti-relationnel dans lequel nous vivons, je vous invite à consulter cet article.
Nous avons toujours la possibilité de refuser quelque chose qui n’est pas bon pour nous en utilisant la confirmation Si quelqu’un vous dit par exemple : « tu n’es pas professionnel » et que cette phrase n’est pas bonne pour vous, il est tout à fait possible de dire à l’autre « oui, j’entends que tu penses que je ne suis pas professionnel. C’est ton point de vue, je ne le partage pas… ». Si vous souhaitez en savoir plus sur la confirmation, vous pouvez cliquer ici.
Dans des cas plus extrêmes, où ce sont des propos violents qui sont tenus, il est possible de rendre symboliquement la phrase prononcée en l’écrivant sur un papier telle qu’elle a été prononcée et en la rendant à l’autre. Cela permet de ne pas garder en soi le négatif d’une parole.
Qu’en est-il à présent du positif que nous recevons de l’autre : paroles gratifiantes, compliments, cadeaux
?La question n’est pas forcément plus simple car nombreuses sont les personnes qui sont en difficulté pour accueillir voire amplifier ce qu’elles reçoivent de l’autre. Par exemple, cette femme qui rejette tout compliment sur sa tenue vestimentaire ou son travail : « il n’y a rien d’exceptionnel » dira-t-elle.
Et voici comment le positif qui aurait pu s’inscrire en nous et nous donner de l’énergie reste en suspens. Nous nous privons alors de tout le bon de la rencontre avec l’autre… Nous privons aussi l’autre de la joie d’avoir donné.
Recevoir nécessite une capacité d’ouverture et une certaine force à l’intérieur car nous prenons le risque d’être touché par l’autre.
Recevoir peut nous mettre en dette. Si je reçois un cadeau ou une invitation, peut-être me sentirais-je redevable et voudrais-je rendre la pareille… C’est dommage car le véritable don est celui qui ne demande rien en retour. C’est pourquoi le vrai don est plus rare qu’il n’y parait
C’est aussi pour cela que parfois nous allons refuser un cadeau qui nous paraîtrait disproportionné et nous mettrait en dette.
Il y beaucoup de subtilité dans l’attitude du recevoir. J’ai mis longtemps à comprendre qu’en réalité c’est celui qui reçoit qui fait un cadeau à l’autre, en acceptant, en accueillant ce qui vient de lui. Celui qui reçoit donne beaucoup de lui, en se laissant atteindre, toucher ainsi par l’autre… et en permettant à l’autre d’accéder au plaisir de donner. Je trouve qu’il est plus facile de recevoir en percevant cette dimension du donner dans le recevoir.
« Il faut créer beaucoup de vide en soi pour naître au recevoir » nous dit Jacques Salomé, j’ai envie de vous offrir cette phrase, tant elle me parle.
Créer du vide, c’est pour moi accepter de vivre la rencontre avec l’autre au présent, donc sans référence à ce qui s’est passé la veille ou l’année dernière, sans comparaison avec ce que je connais de l’autre… chaque fois que c’est possible.
Recevoir, c’est lâcher-prise et prendre le risque de l’imprévisible. Un chemin que je vous souhaite d’emprunter