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[Impressions] Kick Ass 2 – De la suite dans les idées ?

Par Neodandy @Mr_Esthete

Kick Ass 2 Artwork HD

La place d’une suite d’un long-métrage globalement réussi est une situation ingrate. Elle contraint, dans la création, à vouloir faire mieux; à vouloir dépasser les bases pour proposer "plus" … Concrètement, Kick Ass 2 s’inspire toujours de l’œuvre Comics mais, en changeant de réalisateur, n’a pas forcément la fonction tant attendue et que l’on ne pouvait que souhaiter à ce second volet, à savoir d’être une continuité de surprises : une concoction faite d’humour; de dérision; de tacle au passage aux grosses productions et pointures du genre "Super-héros". Or … Le constat s’avère en demi-teinte faute, entre autres, à une conception du "plus" dans l’ensemble du film : davantage de costumes; de combats; d’effets spectaculaires pour une recette finalement plus édulcorée. Explications.

Bien ou Mal, Justice ou Maléfice

Trois années ont passé depuis l’association héroïque de Kick Ass (Aaron Johnson) et Hit Girl (Chloé Grace Moretz) à l’encontre du Patron de la Pègre locale. Tel un message d’espoir et de possibilités; Kick Ass est devenu plus que jamais une icône qui inspire l’emule de nouveaux Super-héros et d’actes héroïques vis-à-vis des agressions citadines; des vols à l’étalage et, en somme, de "l’injustice" au sens large du terme. Le travail ne manque pas, toutefois concilier vie de "Super-Héros" et adolescent le reste de la journée sont deux tâches difficilement conciliables. Voire impossibles pour mener une existence "comme les autres" jeunes du Lycée. Interviennent par conséquent une pléthore de thèmes pertinents les uns aux autres : prévaloir une existence quotidienne sur l’autre, inhabituelle et héroïque, au risque même d’abandonner l’une par rapport à l’autre ?

Colonel Stripes Kick Ass 2

Kick Ass inspire une palette de nouveaux "Super"-Personnages … Menés par le Colonel Stripes. (Jim Carrey)

D’un autre côté de la ville; Chris d’Amico, anciennement Red Myst se voit propulser héritier de la Mafia locale tout en bénéficiant de fonds financiers illégaux toutefois conséquents. Son idée fixe ? Eradiquer Kick Ass de la ville; responsable de la naissance de nouvelles personnalités "héroïques", dont le Colonel Stars & Stripes (Jim Carrey), qui placent dans ce héros des temps modernes une part de leur identité.

Kick Ass 2 Critique Review Cinema

Si le scénario n’est pas inintéressant, ses éventuelles capacités sont en quelque sorte "gâchées" par une progression bilatérale du scénario et, probablement, une intrigue déjà plus ou moins pressentie dans la problématique identitaire de notre duo de choc Hit Girl / Kick Ass. Cette scission mise en place, en reprenant les paroles mêmes du Colonel Stripes, donne naissance à deux "camps idéologiques" distincts : les "Gentils" et les autres, les "Méchants" engagés par Chris d’Amico. Se montent deux armées ayant en tête la vengeance comme moteur, donnant lieu à des costumes tous plus extravagants et redirigés directement vers d’autres références : Night Bitch (Nightwing ?); Battle Guy (Captain America). Difficilement critiquables puisque issus directement du Comics et étant à l’essence même de Kick Ass; plutôt bien reproduits à l’écran, la plupart des personnalités qui auraient pu présenter un intérêt scénaristique sont simplement balayés en quelques secondes voire oubliés à l’écran. L’exemple le plus frappant étant celui de Jim Carrey qui, à tout casser, doit figurer entre 10 et 15mn pour découvrir sa véritable identité en 30 secondes … Balancée par le vilain Mother Fucker.

Kick Ass 2 Mother Fucker Explications

A part les éventuelles nouveautés, par conséquent balayées d’un revers de main et objectifs centraux d’une suite envisagée, que peut-il rester à un second film ? Reprendre les acquis et succès du premier Kick Ass (2010) qui avait construit un univers; placé ses personnages; permis l’humour et s’était gardé de loin de l’univers du genre "Teen-Movie". Et, finalement, à défaut d’exploiter l’intrigue, la solution de l’améliorer artificiellement par plus de litres d’hémoglobine; de nombreux affrontements; des explosions … Du spectaculaire qui justifie un budget conséquent. En outre, exit l’originalité d’une Bande-Son intéressante puisque l’on retrouve, certes avec bonheur mais sans originalité, les thèmes et quelques pistes de Kick Ass 1.

Kick Ass 1 … En mieux ?

Kick Ass premier du nom s’était gardé de jouer dans la cour des comédies "pour adolescents"; ce que sa suite n’a pas suffisamment dosé pour y mettre littéralement "les pieds dedans". L’humour noir; (Le fait de confondre "Kick Ass" pour exécuter un innocent costumé – Kick Ass 1) les nombreuses références vidéoludiques voire à d’autres univers (Originalité de reprendre la vue à la 1ere personne (Hit Girl) – Kick Ass 1) s’estompent au profit d’un certain conformisme du genre Action/Films de Super-Héros. Désormais, place nette et royale à un spectaculaire exacerbé (Explosion de voiture; attaque aux lance-grenades; affrontements sur une voiture) pour mettre fin à une originalité qui avait rendu honneur à son ainé. Objectivement, certains passages prêtent encore au sourire (Appareil à ondes ultra-violentes et, encore que …) mais globalement, il faut apprécier l’humour de répliques qui jouent surtout la carte du rire graveleux du type "Je te ferai sortir le cul par la bouche"; "Black Death ! Eh ! Arrête avec tes blagues racistes !" … Le rire sort difficilement et rejoint très souvent un cadre trop adolescent par quelques répliques qui, finalement, font de pair avec un aspect visuel beaucoup moins soigné.

Jim Carrey Kick Ass 2

Une association pleine d’espoir … Malheureusement peu exploitée.

L’originalité visuelle s’échappe, ou plutôt est timidement rappelée par quelques images au style "dessiné"/Comics; (Présentation de l’équipe de Mother Fucker par des bulles style "BD", 1ere intervention de l’équipe du Colonel Stars & Stripes) où la certaine élégance de Kick Ass premier du nom, quoique souvent intercalée par des scènes d’exagération pures laissait place à un certain maniement des images. Dans cette deuxième aventure, la simplicité des vilains se voit remplacer par un excès surprenant. (Mother Russia anéantissant 5 voitures en quelques clins d’œil ?)

Kick Ass 2, en mal d’identité ? Malheureusement, à notre grand regret, l’impression est quasi pure quant aux éventuelles réflexions lancées par les différents personnages dont la personnalité centrale de Hit-Girl : "Maintenant, je sais qui je suis." Au bout de près d’une heure de film; de clichés sur la vie Lycéenne et les passages obligatoires à une vie normale (Avoir un petit ami; être propre sur soi et bien habillé; avoir une vie sociale "comme les autres" …) : on se rend compte, au fur et à mesure des minutes qui s’écoulent, d’une construction scénaristique moins soignée à de nombreux égards. Alors que ces poncifs pourraient être des outils terribles de critique de la société Américaine, (Bien qu’ils le soient … En partie) il y a cette sensation de glisser peu à peu dans une comédie "pour adolescents".

"Encaisser les coups pour le transformer en quelque chose de plus juste" (Hit-Girl)

Ce basculement vers la comédie adolescente ? Sans doute dû à des exagérations volontaires mais mal gérées. Christopher Minzt-Plasse qui incarne à l’écran Mother Fucker/Chris d’Amico, déjà peu appréciable dans son rôle de Red Myst, s’enfonce à rendre le rôle presque inintéressant alors supposé être l’antagoniste au cœur du scénario. Malgré une gestion très particulière des acteurs; Chloé Grace Moretz déjà impressionnante dans la première production Kick Ass brille encore quitte même à voler subtilement la vedette du personnage principal. Personnalité centrale qui; quoiqu’on en dise, progresse dans ce rôle de "Super-Héros" du Dimanche afin de gagner progressivement le statut de "Héros".

Affiche Kick Ass 2 Personnages

L’originalité, l’audace de scènes qui avaient donné un accès et un air de réelle audace à nos acteurs s’envolent au profit de chorégraphies, certes plus soignées dans leur approche mais sans être accompagnées, elles aussi, de cette idée de comblement. (Ralentis/Effets spéciaux contre Mother Russia) Beaucoup de défauts qui, au final, donnent un résultat à un stade simple de divertissement là où son ainé avait permis de devenir un film quasi incontournable. Là où le côté "Trash assumé" accompagné d’originalité faisait mouche; l’une de ces composantes absentes font glisser peu à peu les long-métrages dans un vulgaire servi comme quelque chose de marrant.

Etoiles Kick Ass 2 Critique
De Matthew Vaughn en 2010 à la réalisation qui avait su retranscrire avec les lettres de noblesse d’un univers qui résultait de choix et de compromis par rapport à l’œuvre originale (Déjà moins violent que le Comics lui-même); Jeff Wadlow en 2013 n’a saisi que le côté "exagéré" de l’œuvre originale sans en retranscrire un humour dosé. Ce choix volontaire quoique aguicheur mais encore une fois mal équilibré à mettre en avant Hit Girl et ce, dès les premières minutes du film, mettent certes en relief le talent de Chloe Grace Moretz pour sous-estimer, tout de même, le héros de ce second récit. En comparaison à un premier épisode rempli de qualités depuis son ambiance sonore à son aspect visuel; cette suite s’avère être une déception. Quelque part, à la sortie de la salle, on saisit avec plus de recul la décision de Jim Carrey à ne pas assurer la promotion du film pour des raisons peut-être plus qualitatives que violentes. Pour d’autres spectateurs n’ayant pas eu l’occasion de voir Kick Ass 1, utile pour comprendre les appellations et récurrences de "Big Daddy" (Nicolas Cage) Kick Ass 2 est un simple détour très (trop?) décomplexé si bien qu’il en oublie d’être construit pour se reposer à son essentiel sur des acquis. Regrettable d’autant qu’une probable suite est envisagée en fonction du passage proposé après le générique …

Kick Ass 2 Review Avis

On a aimé :

+ Le talent de certains acteurs : Chloe Grace Moretz & Aaron Taylor-Johnson en tête. (Respectivement Hit Girl & Kick Ass)
+ Quelques références. (I Hate Reboots : Tee Shirt de Dave Lizewski/Kick-Ass – Musique Russe/Teris lors de la scène de destruction par Mother Russia; différents costumes …)
+ La présence de Jim Carrey.
+ Mince critique des coutumes Américaines Lycéennes.
+ Quelques passages où le rire est possible. (Colonel Stars & Stripes et son chien Eisenhower.)

On a détesté :

- Un ensemble globalement moins soigné : de son aspect visuel; sonore mais aussi humoristique.
– Des acteurs et leurs rôles mal équilibrés : Jim Carrey sous-estimé; (Substitut de choix par rapport à Nicolas Cage) Christopher Mintz-Plasse (Mother Fucker/Chris d’Amico) plus que passable.
– Une comédie qui bascule vers l’adolescent aux problématiques passées avec maladresse. (Scène de diarrhée digne d’un Scary Movie, Interrogations sur la double identité clichées et mal amenées …)
– Humour discutable et à tendance uniquement graveleuse.
– Scénario mal exploité et servi selon un regard Justice/Maléfice – "Gentils/Méchants".
– Une suite qui fait dans le "plus" pour un résultat "moindre".
- Une OST moins impressionnante.

Bonus - N’oubliez pas de rester après le générique ! (Extrait de quelques secondes à découvrir.)

Suite et fin de notre première "Minute du Cinéma" Estivale. (La Légende de Kaspar Hauser vraisemblablement difficilement accessible en Province …) Rendez-vous d’ici quelques jours pour une future sélection et de prochaines critiques ! En attendant, cela donne envie de se replonger dans le 1er Kick Ass et d’espérer un retour de Mattew Vaughn pour un hypothétique Kick Ass 3 !


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