Jusqu’à peu, le cinéma Kazakh n’était présent chez nous autres occidentaux que sous la forme de Borat et de ses réflexions sur l’Amérique… Bref pas vraiment du ciné kazakh… Ayant vu passer sur ses terres des personnages illustre comme Gengis Khan, et ayant une culture inspirée par la rencontre de plusieurs courants religieux et par un mix entre cultures slaves, asiatique, arabe et européenne, le pays a pourtant de belles histoires à raconter. Nomad est l’une d’entre elle.
Nomad – L’anti Borat
Kazakhstan, 18ème siècle. Le pays est parcouru par différentes tribus nomades éparses, se faisant la guerre. Une prophétie parle d’un jeune enfant descendant de Gengis Khan capable de réunir les différentes tribus et de bouter les envahisseurs. Un guerrier mystique va repérer l’enfant en question, l’entraîner comme un guerrier et l’amener à suivre son destin et devenir un héros.
A la vision de Borat, et par peur de l’image terne que le film peut donner de son pays (ils n’ont vraiment pas de second degré ces kazakhs… mais bon ce n’est pas le sujet), Noursoultan Nazarbaïev, président du pays, décide de produire un film mettant en scène le glorieux passé guerrier du pays. Pour arriver à ses fins, il fait appel à un réalisateur russe chevronné (Serguei Bodrov, qui a depuis réalisé Mongol, sortant il y a très peu de temps et s’intéressant à Gengis Khan) et à un casting hétéroclite d’acteurs locaux et de têtes connues (Jay ‘Hostel’ Hernandez, Jason Scott Lee qui n’avait rien tourné de bien depuis longtemps et Mark Dacascos).
Le film se veut à la fois à destination du public local, mais aussi à vocation internationale afin de donner une belle image du Kazakhstan. On a donc le droit à des paysages sublimes, a une étude un peu simple mais passionnante du mode de vie et des coutumes locales…et malheureusement à une histoire un peu trop hollywoodienne.
Le film est en effet particulièrement intéressant dans sa description d’une société à la fois totalement différente de la notre, et en même temps étonnement moche par sa modernité intellectuelle et par son brassage culturel. En filmant en décor naturel, on arrive d’autant plus à comprendre la fierté de ce peuple, son mode de vie et ses valeurs. Contrat donc réussi pour l’aspect social du film, ce que je ne pensais pas de prime abord.
Par contre sur le versant plus épique de l’histoire, on se contente du strict minimum. Triangle amoureux avec deux frères guerriers et une belle kazakhe qui finira dans le sang, méchants vraiment très méchants, scènes de siège bien trop lisse (surtout après Gladiator ou Kingdom of Heaven), personnages trop stéréotypés…. On sent la volonté de bien faire, mais on sent aussi une certaine retenue. Même si la légende de l’unification du pays est finalement peu originale, on aurait souhaité avoir une dimension proprement épique. Mais non, le film se contente de briller dans les scènes intimistes, devenant limite soporifique lors des scènes guerrières. Un comble !
Le casting donne également un sentiment étrange. Si physiquement Jason Scott Lee et Mark Dacascos peuvent passer pour des Kazakh et assurent (surtout le premier qu’on revoit enfin avec plaisir à l’écran !) des prestations correctes, on ne comprend pas trop ce qu’ils sont venus faire là. Et je ne parle même pas de Jay Hernandez qui arrive à être limite transparent alors que je l’avais trouvé plutôt convaincant dans Hostel.
Que reste-il alors de Nomad ? De belles images, la présentation très intéressante d’une culture différente, et une grosse couche de gras franchement passable. A voir en DVD pour le dépaysement plus que pour l’histoire elle-même. Dommage le film ultime sur le sujet reste encore à faire…