A qui profite l’islamophobie?

Publié le 21 août 2013 par Legraoully @LeGraoullyOff

Après le fameux 11 septembre tellement connu qu’on n’a même plus besoin de préciser l’année, il était devenu difficile d’être musulman tranquillement. Le port de la barbe était devenu éminemment suspect, on ne pouvait rien faire d’autre que se gaver de somnifères dans les avions tant chaque geste pouvait éveiller les soupçons, et au final, tous les ministres de l’Intérieur occidentaux ont sauté sur l’occasion pour faire frétiller la glande paranoïaque qui  est l’un des organes les plus sensibles du bourgeois moyen. Le bourgeois, tu lui dis terroriste, crise, canicule, enfants oubliés à l’arrière des voitures ou noyades par dizaine en été (la saison où le journaliste ne sait plus quel fait divers inventer pour tromper son ennui) il ne sort plus de chez lui et il recense avec le plus grand sérieux les arguments électoralistes pour savoir qui a la plus grosse matraque. On notera d’ailleurs qu’en matière de sécurité, ce benêt de bourgeois accorde plus volontiers sa confiance à des petits roquets plein de tics genre Sarkozy ou Valls ou à une mégère fascisante qu’à un grand baraqué qui pourrait vraiment péter leurs sales gueules aux terroristes. Vous en tirerez les conclusions que vous voudrez.

Ainsi, cependant que la plupart des Musulmans n’avaient rien demandé, certains illuminés se faisaient fort de mettre de la politique dans leur superstition, et réciproquement. Tous les cultes monothéistes sont des croyances faites par et pour des esclaves, c’est pas moi qui le dit c’est Fredo Nietzsche qui a presque toujours raison. Mais sur ce coup-là, il a eu le nez creux au-dessus de sa moustache de morse. Or, dans les pays où le culte musulman comme par chez nous où sévit le culte du fric, les richesses sont concentrées entre les mains d’une infime minorité qui trouve toujours un bouc émissaire pour justifier le fait que la thune ne soit pas mieux partagée. Chez nous, c’est l’immigré « illégal » et l’assisté, chez eux c’est l’Occidental, le Juif et l’Américain (je schématise légèrement). La religion, surtout quand elle prétend vouloir changer le monde avec des bons préceptes surannés de quand c’était mieux avant, est donc un vecteur de rébellion idéal et un remarquable carburant dans un ventre vide, ça évite de se cogner les interminables jacasseries de Marx et consorts, et en plus ça fait plaisir aux vieux parents qui s’inquiétaient de voir le fruit de leurs entrailles mener une existence de traîne-savates de mécréant, nardin e mouk.

L’Islam politique a fait son chemin, et chacun apportant son amalgame douteux et ses préjugés racistes à l’édifice, quelqu’un a forgé le vocable « islamophobie ». Or le mot m’intrigue. Qui est ce quelqu’un? Qu’est-ce qu’on entend par là? Est-ce qu’à chaque fois qu’on blasphémera contre Mahomet et ses copains, on se verra taxer d’islamophobie, comme d’autres dégainent l’antisémitisme à chaque fois qu’on critique la politique de l’État d’Israël en dehors de toute considération ethnique ou religieuse? A ce compte-là, puisque toutes les religions colportent les mêmes fariboles de fantôme omnipotent qui promet le bonheur dans une hypothétique autre vie à condition que tu en chies bien dans la seule que tu es sûr de vivre, je veux bien me faire taxer d’islamophobe, de christianophobe et tu peux bien coller le suffixe -phobe à tous les dieux de la planète, je n’en ai absolument rien à talquer. En plus, -phobe est bien mal choisi parce que leurs histoires ne me font même pas peur, j’en ai juste rien à foutre. Autant je suis content de vivre dans un pays où chacun est libre de pratiquer son culte ou de ne rien pratiquer du tout, autant je trouve que l’histoire de la nana qui vivait avec sept nains à la libido inexistante pendant qu’une vieille folle causait mode et beauté avec son miroir est presque plus crédible que toutes les religions dites du livre.  Et pourtant il n’y a ni église de Blanche-Neige, ni blancheneigeophobie.

Ou alors, est-ce que l’islamophobie relève d’un douteux amalgame fomenté par Bush, Hortefeux, Guéant, Sarko, Valls et leurs semblables pour associer criminalité et teint plus hâlé que le Breton ou le Lorrain « de souche »? Mais dans ce cas, pourquoi des autorités comme le Conseil Français du Culte Musulman se prévalent-elles de cette nouvelle émanation du racisme rampant qui sévit partout depuis toujours (en tout cas depuis que l’hominidé a décidé que sans ennemi et sans frontières, la vie ne valait pas d’être vécue) au point de régulièrement l’accoler à l’incitation à la haine raciale quand elles saisissaient un juge, alors que l’islamophobie n’existe pas dans le Code Pénal? Au fond, dans un pays de grenouilles de bénitier (ou autres contenants de denrées sacrées, choisis en fonction de ta chapelle), je veux bien comprendre qu’on soit à cheval sur ce type de distinction. Mais en nos contrées où on a sommé Dieu et ses employés d’aller jouer à la dînette dans les endroits appropriés et où on a rangé toutes les discriminations dans le même article de loi, pourquoi s’emmerder à trier? Un raciste qui gribouille des croix gammés sur des mosquées ou des synagogues, un homophobe qui craint de se faire occire la rondelle, un macho qui paie moins son employée que son homologue masculin à poste et compétence égale, tous dans le même sac, emballé c’est pesé selon le degré de méchanceté mis à contribution.

J’ai trouvé une partie de réponse dans un article très intéressant du Huffington Post, et pourtant il n’y pas toujours grand-chose à lire dans ce canard. Le sieur Pierre Guerlain, professeur de civilisation américaine, apporte justement l’éclairage qu’il me manquait sur ce mystérieux terme d’ »islamophobie ». Au bout du compte, nous autres laïcs intransigeants sur la nécessité de remettre les comptines pour grands enfants hors du champ de la politique, nous nous sommes faits braquer comme au coin du bois. Braqués par Sarkozy et sa laïcité positive; il aimait bien la discrimination positive aussi, mais ne crachait pas sur la bonne vieille discrimination négative. Braqués par les extrémistes religieux de toutes les obédiences (et même par des pas trop extrémistes mais bien opportunistes), qui se sont engouffrés dans la brèche, et qui ne manquent jamais de couiner comme des jouvencelles et de jouer les victimes dès qu’on touche à leurs superstitions, au lieu de se pencher sur les vrais motifs d’inégalité. Braqués par le Front National, qui se la joue dernier des Mohicans de la laïcité mais qui n’est jamais à la traîne quand il s’agit de fricoter avec l’extrême-droite chrétienne, et même l’extrême-droite juive à l’occasion, comme quoi même sur leurs opinions pourries ils mentent comme des banquiers. Et enfin, last but not least, braqués par la gauche socialiste qui s’en bat les côtelettes de la laïcité (qu’on attend toujours en Alsace-Moselle, pauvres cloches de crypto-germains que nous sommes), comme des ouvriers, du service public, du système de santé, de l’écologie et d’autres vétilles un peu plus récentes que la loi de 1905 mais qui font qu’on est quand même mieux en France qu’en Iran, et ce sans l’aide d’un dieu qu’on a viré d’un coup de pompe dans le Saint Siège sans qu’il ne s’en offusque plus que ça, puisqu’il n’existe toujours pas.

Et en plus, on n’a jamais réclamé de délit d’athéophobie.