Dans un régime de libre marché, la concurrence est un
phénomène qui favorise l’amélioration de la productivité pour le plus grand
bonheur des consommateurs. Les entreprises rivalisent d’ingéniosité pour
réduire les coûts et améliorer la qualité des produits et services. Celles qui
réussissent progressent, les autres disparaissent.
Le covoiturage
est un excellent exemple des bienfaits qui découle de la concurrence. Sur le
site de covoiturage Amigo Express
vous trouvez des offres de transport interurbain peu coûteux par rapport aux
modes conventionnels de transport terrestre, soit l’autobus et le train. Le
concept est d’une simplicité enfantine. Vous vous inscrivez sur le site, vous
annoncez les détails de votre voyage et le tarif demandé et les voyageurs
intéressés vous contactent pour réserver leur place.
Par exemple, ce système vous permet de faire le voyage
Montréal-Québec pour la modique somme de 15 $. Ce phénomène a pris une telle ampleur
qu’Orléans Express et Via Rail ont dû réduire leurs tarifs de moitié pour
concurrencer le covoiturage.
Mais dans le paradis du capitalisme de copinage, la réaction
ne s’est pas fait attendre. Orléans Express accuse certains conducteurs d’être
des professionnels du covoiturage et de ne pas respecter les règles. La
réglementation spécifie que pour transporter quelqu’un sans permis, les tarifs
demandés ne doivent pas dépasser les coûts d’utilisation et d’entretien du
véhicule. Donc, un conducteur qui exige des tarifs lui permettant de faire un
profit raisonnable, mais quand même très alléchant pour son passager, opère
dans l’illégalité.
Orléans Express a donc déposé une plainte à la Commission
des transports du Québec, la suppliant de mettre fin à cette concurrence
déloyale. Bien entendu, la Commission s’est empressée de condamner les
conducteurs fautifs et de les menacer de représailles s’ils sont pris en
flagrant délit.
Le ministère des Transports réalise que la réglementation
actuelle ne permet pas de contrôler le covoiturage. Aussi propose-t-il de la
modifier pour mieux l’encadrer. J’anticipe que le ministère proposera de
délivrer des permis. Il deviendra alors possible d’en augmenter le prix pour
limiter le covoiturage à sa plus simple expression. Les transporteurs
conventionnels s’en réjouiront et s’empresseront de revenir aux tarifs d’antan.
Les grands perdants seront comme d’habitude les consommateurs.
Où sont les organismes censés défendre les intérêts des
consommateurs? Malheureusement, dans un régime de capitalisme de copinage les
entreprises, le gouvernement et les groupes d’intérêt collaborent pour mieux
arnaquer les consommateurs. Alors, ne comptez pas trop sur eux pour défendre
vos intérêts.