Passée cette mise en bouche d'explications sur le pourquoi du comment, que retenir d'un tel uppercut sans concession ? Beaucoup de choses (valables pour les deux films donc). Haneke installe son film délicatement dans une curieuse ambiance avant de faire monter le trouillomètre d'un coup d'un seul, pendant un générique dérangeant. Le reste est à l'image de son contenu : captivant, dérangeant, malsain, insupportable, frénétique, lent, hypnotique, ironique... plus l'intrigue avance plus on se retrouve la gorge serrée, en train de trépigner sur place dans un état de nerfs assez impressionnant, se demandant ce que l'on fait là, témoins d'un massacre orchestré avec la plus classe et impassible des violences (psychologique comme physique). Arrivant au douloureux constat que l'évolution de notre société, de ses codes et du déferlement de violence quotidienne peut pousser à une banalisation affolante d epersversité, Funny Games U.S prend aux tripes et nous fige dans un sentiment de peur panique, nous obligeant à déguster "contre notre gré" un événement apocalyptique qui dépasse l'etendement. Grâce à un casting horps pair, Haneke nous prend au jeu. Naomi Watts et Tim Roth campent le fameux couple sans histoire avec tact. Il y a elle : belle, craquante et fragile et lui : droit, puissant mais finalement faillible. Impeccables de réalisme, les deux font la paire, victimes des deux jeunes vêtus de blanc. Michael Pitt subjugue, aussi saisissant, inquiétant et sans âme que diabolique tandis que le jeune Brady Corbet irrite par tant de maniérisme. Brillants tous les deux, jamais l'innocence n'aura eu double visage aussi frapadingue !
Quatuor maîtrisé épaulé par Todd Gearhart, petit garçon au panel d'émotions remarquable, tous sont parfaits.
Dénonciation hystérique de la banalisation de la violence et de la manipulation des images, Funny Games U.S est imparable. Michael Haneke nous place en tant que témoins impuissants d'un horrible drame, omettant volontairement les détails des violences physiques pour se concentrer sur les hors-champs et l'imaginaire. Pervers ? Oui et tant mieux.
Rajoutons à cela les dialogues de Michael Pitt à la caméra afin de nous faire culpabiliser, nous adressant ses voeux, idéaux et questionnements aussi absurdes que sadiques et le tour est joué. Via ce procédé, Haneke nous propose de nosu rendre coupables de partager en voyeurs un spectacle macabre. Sondant les tréfonds de la noriceur des hommes, Haneke double l'impact du choc.
Nous n'oublierons pas non plus l'ingénieux coup de la "télécommande", qui identique à l'original, vient nous imposer un double rationnement de violence et surtout une manipulation des images et du "mental" venant du réalisateur nous forçant à la non réslution d'un happy end. Brillant.
Cadrages serrés, couleurs claires / obscures, ambiance malsaine et tendue, longs plans immobiles tâtants l'agacement ingénieux, violence hors pair, jeux d'acteurs sidérants, musique de circonstance...
Bienvenus dans une partie corsée où seuls la démence et la perversité de l'Homme sort vainqueur. Une guerre des nerfs où la barrière entre les spectateurs / acteurs du drame saute afin de nous livrer un film virtuose baignant dans un phénomène d'attirance / répulsion haut de gamme. Jamais le "hasard de la vie" ne nous aura autant traumatisé.
Remake identique mais divergeant sur quelques détails, Funny Games U.S est un travail d'orfèvre, captivant, nécessaire qui plaît où qui se vomit... mais qui ne laisse pas indifférent. Bravo.
Pourquoi y aller ?
Pour le soin apporté au moindre détail. Pour cet auto-remake si parfait qu'il en devient à la fois sidérant et inquiétant. Pour les acteurs tous phénoménaux. Pour la montée en pression autour d'un emprunt d'oeufs. Pour le plan final honteusement pervers. Pour l'épreuve que nous impose le réalisateur. Pour la manipulation de simages et la dénonciation d'un certain crénaeau de violence.
Ce qui peut freiner ?
tout ce qui fait Haneke : La violence psychologique du film. Les longs plans immobiles. La lenteur de l'agonie. Si vous avez détestés le premier film.