La vraie dette qui nous menace

Publié le 21 août 2013 par Livmarlene



Nous sommes le mercredi 21 août 2013 et à l'heure où j'écris ces lignes, chacun des êtres humains de la Terre est endetté. Même Bill Gates. Même le géant de l'acier Mittal. Même le dirigeant des dirigeants de Goldman Sachs... Comment est-ce possible ? Par quelle contorsion intellectuelle peut-on prétendre que cette poignée de géants auxquels une bonne partie de l'Humanité doit de l'argent, que ces hommes à la richesse astronomique seraient, comme tout le monde, débiteurs auprès de qui que ce soit ?

Nuances de vert. C'est qu'il n'est pas question ici de billets verts, mais de dette verte. La mesure de ce déficit se veut universelle. Elle utilise les données démographiques dans lesquelles messieurs Tim Cook, François Pinault et consors se retrouvent noyés dans la masse statistique. Avec de l'argent, certains petits malins peuvent acheter à leurs copains désargentés le droit de polluer (pistes de solutions ici). C'est pour pouvoir s'adonner à cette activité que les USA ont préféré ne pas ratifier le protocole de Kyoto. Mais racheter un droit, c'est faire circuler de l'argent, pas résoudre le problème, la fameuse dette (sauf exception, évoquée ici).

Une planète et demie. La dette en question est la différence entre d'une part, les ressources naturelles utilisables chaque année par l'Humanité, sans mettre en danger le renouvellement de celles-ci et donc, leur disponibilité pour les générations futures ET d'autre part, le prélèvement effectivement réalisé sur lesdites ressources. En 2013, nous avons voracement consommé en moins de 8 mois, le max du max de ce que l'on peut prendre à la Nature sans finir par l'épuiser. Autrement dit, à partir d'aujourd'hui et jusqu'au 31 décembre prochain, tout ce que nous consommerons pourra nous être reproché par nos enfants et petits-enfants qui, à cause de notre gloutonnerie, risquent de devoir sérieusement se serrer la ceinture.

1987, début de "l'autre creusement". En 1986, comme si l'Humanité avait visé avec la précision d'un sniper, ressources naturelles disponibles et ponctions coïncident à la perfection, enfin, d'un point de vue optimiste. La réalité, c'est que cette année s'est déroulée "à flux tendu". Par la suite, le phénomène s'est accéléré sans jamais être inversé, la faute à l'augmentation de la population mondiale, à l'amélioration rapide du niveau de vie de plusieurs pays émergents et à la course aux profits d'un modèle capitaliste qui essaie de retarder le moment où il se heurtera au mur de la loi exponentielle.

Les carottes sont cuites ? C'est bien possible. La zone Euro est en récession, les USA (via la Fed) créent du dollar comme un boulanger cuit des petits pains pour donner l'air de se renflouer. La Chine commence à subir des délocalisations vers des contrées à la main d'oeuvre encore meilleur marché. Et malgré tout, les lois de l'économie actuelle voudraient que la croissance continue, en augmentant les volumes de production et les marges, souvent en diminuant les salaires, donc le "pouvoir d'achat", donc la possibilité pour les consommateurs, de choisir entre consommer low cost ou acheter écoresponsable.

Plus d'égalité ? Les Bisounours des ONG humanitaires revendiquent le droit à la santé gratuite et à de meilleures conditions de vie, pour tous. Dans le même temps, les écolos martèlent qu'il faut réduire l'impact écologique individuel dans les pays industrialisés, afin de donner sereinement aux populations des pays (pudiquement dits) en voie de développement, accès à des conditions de vie dignes et à un certain confort. Les décroissants prônent quant à eux une politique de réduction démographique sans laquelle on ne pourra jamais diminuer ni finalement solder la dette verte. Tandis que pour les militants altermondialistes et autres, c'est au monstre capitaliste qu'il faut couper la tête, pour arrêter de vouloir produire pour produire, faire de l'argent pour le concentrer entre peu de mains dans des proportions indécentes.

Un petit pas de chacun... Consommer local n'a rien d'insurmontable, surtout dans un pays comme la France, qui n'a pas encore réussi à tuer tous ses agriculteurs (pourtant, ils ne sont pas aidés, nos chers "paysans"...). Changer son téléphone portable lorsqu'il est hors d'usage et pas dès que sort la dernière nouveauté de la pomme ou de la mûre, c'est se détacher des apparences et sortir du jeu des grandes marques qui n'en veulent qu'aux sous des petits, si durement gagnés dans des jobs rémunérés le plus souvent au SMIC. Effectuer ses petits trajets à pied plutôt qu'en voiture, c'est bon pour la santé et ça allège le bilan carbone comme la note de carburant. Les petits pas, c'est "Kaizen", des petits changements faciles à instaurer mais qui, adoptés par la masse, s'avèrent plus efficaces que de grandes restrictions auxquelles personne ne voudra se plier. Kaizen, une philosophie nippone que les Japonais, grands champions de la surconsommation de ressources naturelles, feraient bien de mettre en œuvre rapidement dans ce domaine, comme le montre ce petit diagramme (source).


Pour élargir et égayer un peu le sujet : * Joli montage photo du titre trouvé ici. * Un site qui envisage les solutions "extraterrestres" pour éviter la pénurie de ressources... * Et pour finir en beauté, une chanson que j'adore et dont le titre dit tout... The world is not enough.