J’ai été touchée par Muette, cette jeune fille d’une extrême sensibilité face aux atrocités commises par les hommes et les catastrophes naturelles. Se réfugier dans le silence de la nature est la seule solution qu’elle a trouvée pour enfin s’éloigner des personnes qui l’empêchent de rêver, qui répandent des rumeurs sur sa famille et l’enferment dans leur monde alors que Muette n’a qu’une envie : être libre.
Une des particularités de ce roman tient dans le fait que ce n’est pas Muette qui parle. Alors qu’il s’agit de son histoire intime, c’est un observateur extérieur et omniscient qui nous décrit l’environnement de l’adolescente, ses pensées, ses souvenirs d’enfance et ses expériences. Et si beaucoup de passages décrivent la nature au grès des errances de Muette, tantôt dans une forêt, dans un champ ou à l’orée d’une ville, ces descriptions sont toujours vivantes et ne provoquent pas d’ennui, ce que j’ai particulièrement apprécié.
Petit à petit, la lecture de ce roman m’a laissé une impression étrange, celle d’un événement qui aurait bouleversé Muette mais qui aurait été tu, quelque chose de grave qui provoque encore une grande douleur chez la jeune fille. Mais concrètement, dans le récit, aucune information ne filtre, nous laissant dans l’expectative jusquiame bout…
Muette m’évoque un autre roman que j’ai lu récemment : Colombe d’Eric Brucher. A la recherche d’absolu, une jeune fille tente d’échapper au monde actuel mais choisi de s’exprimer par le biais l’anorexie là où Muette passe par la fugue. Dans les deux cas, un mal-être et une incompréhension de l’entourage sont à l’origine de ces choix extrêmes.
Un très beau roman, comme un hymne à la liberté.
Muette – Eric Pessan – Albin Michel – 2013