MAINTENANT QU'IL FAIT TOUT LE TEMPS NUIT SUR TOI, de Mathias MALZIEU

Par Geybuss

  Roman - Editions J'ai Lu -  151 pages - 4.80 €

Parution chez J'ai lu en octobre 2006

L'histoire : Mathias est trentenaire lorsqu'il perd sa mère. Le voilà devant un mur à affronter : le vide, l'absence, le deuil.

Sur le parking de l'hôpital, il rencontre Jack... un géant de 4.50 et de plus de 130 ans... Diplomé en ombrologie, celui ci confie à Mathias 3 livres et une ombre pour le protéger et le soutenir dans son épreuve. Mathias suit son chemin et apprend à maitriser son ombre, sous les conseils du géant, qui n'est jamais très loin.... Surtout, ne jamais cesser de rêver...

Tentation : Curiosité envers l'auteur + la blogo

Fournisseur : Silvana et J'ai Lu, merci

 Mon humble avis :  C'est un gros coup de coeur et un coup au coeur, tout noué et tout joyeux en même temps. Emerveillé en fait !

Comme j'aime cette sensation liée à la découverte réussie d'un auteur  ! C'est comme si l'horizon s'éloignait encore, multipliant les possibilités. Ici l'horizon nous mène bien plus haut que là où monte l'avion et pourtant, il réchauffe tant notre petit nous. Et cela me donne envie de dire, Mathias, je suis entrée dans votre monde, bienvenue dans ma vie, car vous en ferez partie tant que vous écrirez d'aussi beaux livres.

Comment a -t-il fait ce magicien des mots pour me laisser sortir d'un livre sur un sujet à priori pas gai (la mort, le deuil), avec un sourire qui traverse mon visage et rejoint mes deux oreilles. Et une merveilleuse impression de douceur, de bien être, comme si je me lovais dans un cocon.

Mathias est le héros du livre. Il a 30 ans dans le corps, même s'il n'est pas grand. Mais il garde dans l'esprit une grande place pour l'enfance, ces questions, ces images, ces certitudes, ces doutes. Nous sommes dans les mots d'un adulte qui essaie de rester enfant et fils de ses parents. Mais la vie, ou plutôt la mort de sa mère va l'obliger, quelque part, à grandir. Et comme les enfants se créent souvent un ami imaginaire, Mathias est accompagné de Giant Jack.

Cette histoire sur un sujet difficile n'en devient plus une, puisque Mathias Malzieux a le génie et le talent de la transformer en conte. On évolue presque dans un univers qui pourrait paraître magique, et qui laisse libre court à nos âmes d'adultes et anciens enfants de visualiser. Les métaphores sont justes splendides, touchantes, naïves et drôles aussi.  Et toujours poétiques. Oui, c'est un livre qui émerveille ! C'est fort tout de même quand il est question de mort. C'est normal, car ce roman est là pour donner de la force lorsque l'on n'en a plus. Alors il faut le garder près de soi, ne jamais trop s'en éloigner, ou alors s'en souvenir très fort.

" Je vis dans ton rêve, personne ne peut me voir... Tu dois continuer à rêver de toutes tes forces"

" Rêver maintenant ?"

" Maintenant ! C'est ta meilleure arme pour rester vivant. C'est d'ailleurs le cas pour tout le monde. Mais vu ta situation, c'est une priorité ! Ah oui !

" Ah oui ? Je ne suis pas sûr de savoir encore comment sa marche, les rêves"

....

" Tu es vivant ! Tu es donc une machine à rêves en état de marche. Tu dois seulement continuer à actionner le mécanisme !

Evoquer la mort et le deuil dans une atmosphère onirique, pour moi, c'est de l'inédit. D'autant plus que ce roman se revèle une ode tendre et majestueuse pour les rêves et un vibrant hommage à la mère défunte et tous les souvenirs qu'elle laisse derrière elle. Les ombres posent un voile délicat de pudeur sur une expérience que l'on devine partiellement vécue.

Quant à moi, je suis tombée en amour pour une plume. Et je déménage, enfin, je pars en vacances quand je veux, puisqu'un nouvel univers s'ouvre devant moi. Et dans un univers, il y a des étoiles, des planètes, des systèmes solaires, des satellites, des lunes et que l'on est libre de voir ce que l'on veut, de croire à que l'on veut et d'attraper ce que l'on veut. Même la lune, même des morceaux de lune ou d'étoiles brisées. Ca brille toujours, nuit et jour chez Mathias Malzieu. Un univers que je peux imaginer intersidéral pour voir loin ou à ma petite taille pour être bien au chaud, sur un duvet de plumes, et pas tout à fait seule !

L'avis de Constance