Le billet de JPROCK :
Dans la foulée de son album "l'Hiver et la Joie" sorti en début d'année, Chloé
Robineau alias Robi ouvre la soirée au Magic Mirrors.
Devant un public peu nombreux mais attentif et réceptif, Robi brouille les pistes avec des chansons orageuses aux multiples influences allant de Joy Division à PJ Harvey en passant par les
Kills.
Son chant et ses paroles sont en français pourtant Robi n’est pas une artiste que l’on associe à la chanson française.
Entourée par le bassiste Jeff Hallam et un claviériste-percussionniste-guitariste, la demoiselle reprend Noir Désir et défend ses compos parmi lesquelles les excellents
"On ne meurt plus d'amour" et "Je te tue" dans un set convaincant et énergique parfois destroy.
Une jolie découverte.
Place ensuite à l'humour décalé de Benjamin Schoos (ex Miam Monster Miam, Phantom)
venu défendre son album "China Man VS China Girl".
Ce disciple doué de Gainsbourg et franc tireur classieux lorgnant vers Bertrand Burgalat est un des coups de coeur 2013 de l'Académie Charles Cros.
Ce soir, littéralement habité par les personnages de son album, il nous livre une prestation bien barrée durant laquelle il se paie quelques petites promenades dans le public et interprète ses
titres avec passion.
"Je Ne Vois Que Vous", "Profession Catcheur", "La Chinoise", "China man Vs China girl", "À Mort L'amour" , "Le Combat", chaque titre se mue en une scénette théâtrale au service des mots et de la
musique.
Intrigant et charmeur Benjamin Schoos ne laisse personne indifférent.
Classieux et déjanté.
Mais le moment fort de la soirée fut incontestablement le concert de Giedré.
Une fois de plus le BSF se heurte à un gros succès de foule et le Magic Mirrors se remplit en moins de temps qu'il ne faut pour le dire laissant à
l'extérieur une partie de public qui devra suivre le show sur les écrans géants.
" Si le monde n'était pas si terrifiant, je ne serais pas si méchante ! " chante la jeune femme née Giedré Barauskaité, voici 27 ans en Lituanie.
Car tout s'explique.
Dans une société devenue insupportable pour beaucoup et où l'hyper politiquement correct exacerbé fait office de censure silencieuse, Giedré irrévérencieuse mais jamais vulgaire donne un grand
coup de pied dans la fourmilière.
Son humour féroce et grinçant mais toujours touchant, enflamme un Magic Mirrors archi-comble qui connaît et chante avec elles toutes les paroles de ses chansons.
Giedré dit des horreurs avec une voix faussement naïve sur des musiques joyeuses .
Et ça fait du bien...
Seule en scène, et passant avec bonheur de la guitare aux claviers, elle nous entraîne dans son monde et ses compos en disent long : "Pisser debout", "Meurs", "L'amour à l'envers", "Ferme ta
gueule et apporte moi une bière", "On fait tous caca", "Les gens se brossent les dents", "Pouet pouet pouet", "Le petit vers de terre", "La bande à Jacky" ou "Jolie chanson". Tout un programme
servi par une audace maquillée de candeur qui nous laisse horrifiés et hilares à la fois devant ses chansons sans censure ni frein.
Et ça fait du bien...
Alors que les médias et les politiques tentent quotidiennement de nous rallier à une vie formatée conduite par une pensée unique sans aspérités, sans gros mots, sans déviances et sans saveurs, s'élevant en grands ordonnateurs de ce qui est bien et mal pour chacun d'entre nous et alors que la publicité prône les cinq fruits et légumes par jour et que la cigarette est interdite dans les lieux public, la jeune femme nous envoie une gifle salutaire du haut de son audace maquillée de candeur.
Ce que chacun pense tout bas et n'ose pas toujours exprimer de peur d'être cloué au pilori par la censure collective et bien pensante, Giedré le clame haut et fort avec humour.
Et ça fait du bien...
Et au terme d'un concert triomphal de nonante minutes ponctué de deux rappels on se dit que cette fille là est une artiste utile.
Vous en connaissez beaucoup des chanteuses qui demandent aux spectateurs de lever bien hauts leurs mains et de faire des petits anus avec les doigts ?
Moi pas !
Et ça fait du bien...
Texte et photos : JPROCK.