Avons récemment passé un temps splendide sur une île des Caraïbes en famille et entre amis.
Parmi les amies improvisées, cette jeune fille, appelons-là Sunshine Smile, que Monkee a rencontré sur les plages et dans la piscine. Monkee se dirige en secondaire trois, les filles sont toujours plus dégourdies que les garçons à cet âge ce qui fait que c'est la jeune fille de son âge qui a fait les premiers pas quand elle l'a reconnu. Ils se connaissaient de l'école secondaire où ils étudient dans le même pavillon à 4 heures de vol d'avion en Amérique.
Il fallait aller se baigner dans la mer des Caraïbes, entre le Golfe du Mexique et l'Océan Atlantique pour qu'ils se parlent pour la première fois. "elle n'était pas de la bonne clique" me disait mon fils. Pas que sa clique à elle n'eût été si mauvaise, mais sa gang de filles était beaucoup trop expressive au goût de Monkee. "Loud" comme on dit dans le jargon de l'âge des possibles. Mais là-bas, elle, resplendissante et toute en rayon de soleil, et lui en ado poussant plutôt bien, se tirant le ballon de football avec des amis, ont pris contact plus officiellement, pour la première fois, puis pour une seconde et une troisième fois, et une quatrième le dernier jour. Quand elle s'est jointe à nous pour tirer le ballon justement. Je reprochais à mon fils de ne pas avoir l'art de la conversation et, profitant de l'incursion de Sunshine Smile entre mon fils et moi, je lui ai en partie, montré comment on s'intéresse à quelqu'un par la conversation et comment on se rend aussi intéressant, nous-même, par le même processus.
J'avoue que j'avais un peu calculé tout ça.
Je l'avais vue, elle, aller se baigner seule et quand mon fils m'a demandé si j'avais envie d'aller me tirer le ballon à la mer avec lui, je l'ai enligné vers Sunshine Smile tout près, souhaitant secrètement qu'elle se joigne à nous, ce qui arriva. Et c'est Monkee qui avait pris les devants en lui lançant le ballon à elle. Un progrès, déjà. Mon fils est plutôt peu fonceur. Et avec les filles "qui l'aiment", parfaitement nul. Ça a du n'être que 40-45 minutes d'entretien à trois mais moi ça m'a paru beaucoup plus longtemps, car en quelques phrases bien calculées, elle nous avait raconté presque toute sa vie ainsi que celle de sa famille, et nous l'avions relancé à plusieurs reprises, Monkee la questionnant de son propre chef, tout seul, inspiré par le moment.
Ça ressemblait à un monsieur de 41 ans et deux ados de sexes différents, eux, dans la splendeur de leur âge, et qui avaient l'âge inverse du mien (14:), mais c'était aussi l'amour dans ses plus beaux habits avec 5 soleils garnis de très longs cils. 5 soleils si on comptait celui dans le ciel.
Ça m'a fait pensé à cette fille en 1986 qui m'avait trouvé de mon goût au camps de vacances où je bossais et qui me l'avait fait savoir par un ami. J'avais été si bête que je m'étais contenté de demander (à la blague) qu'elle se présente en bikini le lendemain si elle tenait à me voir (quel con!). Et le lendemain, elle s'était pointée au camps...en bikini...
Nous étions aller faire semblant d'aller chercher du bois dans la huche à bois. J'avais platement eu besoin de l'attrait d'un corps avantagé par du dévoilement pour me trouver intéressé par la fille en question...
...So unromantic...jerk en puissance.
Cette fois, dans la mer de l'État insulaire des Caraïbes, Sunshine Smile n'avait absolument pas besoin de son bikini pour plaire à mon fils (quoique ça ne pouvait pas nuire), elle était aussi vêtue de la santé de la jeunesse, de la vitalité pétillante et d'une très belle éducation. Elle était tout simplement splendide avec ce regard brillant, ce discours vif, cette attitude remarquablement charmante et ce sourire dévastateur. Monkee allait me dire par la suite, maintenant converti, "qu'avec cette fille, on ne s'ennuierait jamais, elle est toujours de bonne humeur, elle rayonne".
"Comme maman", lui ai-je rappelé.
"Comme toi aussi" m'a t-il corrigé
"Vraiment?, lui ai-je demandé, tu ne trouve pas que je suis légèrement la part d'ombres dans notre quatuor?"
"Ben là, pour qu'il y ait de l'ombre, il faut qu'il y ait du soleil!" m'a t-il dit avant que je ne lui rappelle de ne pas être plus intelligent que ses 14 ans. "L'un ne va pas sans l'autre, et tu es les deux, comme maman!".
Qu'il était con. Con parce qu'une autre ado, de Toronto celle-là, nettement plus vulgaire dans la présentation de sa personne mais qui avait quelque chose dans l'oeil (et dans les courbes) qui auraient fait saliver n'importe quel homme, l'a courtisé toute la semaine aussi et il ne lui a même pas adressé un "hola", se contentant de la trouver fatigante.
"Tu sais que bien des hommes (et autant de femmes) donneraient cher, simplement pour se faire regarder comme ces filles te regardent, Monkee?" lui ai-je dis.
"Pourquoi tu dis ça papa?"
"Tout ce que je te dis, c'est que tu vis les plus belles années de ta vie, ne les regardent pas passer, tu pourrais le regretter."
Bien des adultes souhaitent rester dans cet état d'esprit doré ou notre corps n'est pas en train de nous trahir et que le désir est une brise dont on se lasse peu. Je suis encore cet homme très souvent.
Je me suis demandé si je ne faisais pas de la projection sur mon fils à l'égard de Sunshine Smile. Si je ne le poussait pas dans ses bras à elle comme si j'avais souhaité avoir leur âge.
Mais c'est plutôt lui qui s'est mis à me parler de Sunshine Smile à des moments innatendus. Comme si elle lui restait collée à la tête et qu'il avait envie de sa présence plus souvent. Il a même formulé qu'il aurait aimé rester deux jours de plus, ce qui concordait avec sa date de départ à elle. Et je le voyais la chercher du regard toute notre dernière journée.
J'ai beaucoup aimé cet "éveil" chez Monkee. Pas mal au même âge que le mien entre 1983 et 1985.
Elle lui a demandé à quelle heure il allait chercher son Ipad de la rentrée scolaire lundi prochain. (Ipad à l'école, nouveauté de l'automne)
Il ne lui a pas parlé avant son départ de là-bas de l'immense tarantule poilue trouvée tout juste devant la porte de sa chambre et assassinée avec courage par un employé de l'hôtel(d'un coup de pied en sandales!).
Couché en chien de fusil dans les vagues, je voyais naître un petit prince.
Ébloui par une très jolie sirène des Caraïbes.