Ces dernières sont généralement de belle taille, l’argiope ayant faim. Très faim. D’où un régime alimentaire à la hauteur de ses ambitions : guêpes, frelons, sauterelles (jusqu’à quatre par jour !), bref, que des animaux plus gros qu’elle, qui viennent se piéger tout seuls dans sa toile aussi solide que collante. Cette toile est assez facile à voir, surtout au sud de la Loire (l’argiope est plus rare dans les régions plus septentrionales), car elle est tissée à environ un mètre du sol.
La toile, parlons-en : standard à première vue, spiralée comme chez beaucoup d’araignées. L’argiope met à peut près une heure pour la construire. A la différence des toiles plus classiques, on peut y distinguer un zig-zag dont le fil semble très épais. Ce n’est pas le signe d’une propension à l’alcoolisme, mais un dispositif dont on suppose qu’il rend la toile plus solide, plus stable, plus visible aussi, et appelé "stabilimentum".
Non seulement cette araignée a l’appétit plus gros que le ventre, mais elle a en outre l’habitude de zigouiller ses amants. Le mâle de l’argiope est environ trois fois plus petit que la femelle. Une fois la partie de crac-crac achevée, en gros au bout d’une demie heure, le mâle meurt et sa dépouille reste accrochée à la femelle. Le sperme du mâle est longtemps stocké par la femelle, qui peut pondre plusieurs fois dans l’année les œufs d’un araignée mort. Plus gore, c’est difficile. Lorsque le cadavre du mâle ne lui est plus d’aucune utilité, la femelle le liquéfie avec ses sucs gastriques et l’avale sans autre forme de procès. Il arrive néanmoins que certains mâles survivent : ils laissent à la femelle leur organe reproducteur et s’enfuient dare-dare.
à cliquer :
- un excellent article consacré à l’argiope frelon sur le site Antiopa
Photo prise au bord du Lac de Bordeaux en août 2013