Magazine Régions du monde
Premier jour à Kyoto. Mes mouvements sont lents, maladroits. Il me faut du temps pour trouver ce que je cherche, un distributeur, un car, un arrêt de bus, un hostel... Mais j'y arrive. J'achète un pass journée pour le bus, je dépose ma valise à l'hôtel, et me voilà partie à la rencontre de la ville. Pas loin le jardin du palais impérial, bus direction nord, petit jardin rempli de bambous et de sculptures, sanctuaire, bus vers le centre, rencontre d'une grand mère, d'un étudiant coréen, d'un professeur à la retraite. Visite du sanctuaire Shimogamo, puis retour à l'hôtel pour une douche et une sieste. Je suis tellement fatiguée qu'en m'endormant je rêve que je parle à quelqu'un qui ne comprend pas ce que je dis. Voyant que cette personne ne me comprend pas le "moi" du rêve lui dit, ne t'en fais pas, elle-même ne comprend pas ce qu'elle dit, et se retourne vers moi (le moi endormi qui suit la scène) avec un grand sourire moqueur. Je sursaute et me dis qu'à peine arrivée mon cerveau est déjà hacké par les esprits japonais alentours, puis je m'endors profondément.
Aujourd'hui c'est moins drôle. Je n'arrive pas à retirer des sous, je ne peux ni payer l'hôtel, ni faire quoi que ce soit qui coûte de l'argent. J'erre un peu, mais le coeur n'y est pas. Je rentre à l'hôtel, communique avec ma banque, essaye de résoudre ce problème, essaye aussi de me reposer, car imprégné par le calme ambiant mon corps semble s'affaisser doucement.
Je ne ressens pas le choc esthétique dont me parlaient mes amis taïwanais, me disant que j'allais vite regretter d'avoir perdu du temps à vivre à Taipei. Je me rappelle de Maroussia qui m'avait dit qu'elle n'avait pas retrouvé l'émotion ressentie devant les temples coréens, je me sens plus proche de ce commentaire là, pourtant, il me semble que petit à petit, cet endroit délicat me rentre dans la peau. Vivement que je puisse enfin partir à sa rencontre, l'esprit libéré de ces histoires d'argent...