Il existe quelque part un monde parallèle et merveilleux
où vivent heureux tous mes objets perdus. Mon bonnet doux, mes papiers de voiture, mon carton de sandalettes et mon agenda Moleskine y portent des petites ailes dorées et folâtrent ensemble en dansant la Carmagnole. Patience, fougueux séraphins, ma veste de pluie vous rejoint (j’étais sur un banc, j’ai dit "Je la pose là", il y avait du sanglier à la broche, j’étais hypnotisée). *
Il y a au détour de la Toile de petites perles de blogs qui font leur bonhomme de chemin sans tambour ni trompette. Des adresses qu’on s’échange presque sous le manteau, tellement on est content de les connaître avant les autres. Juste pour pouvoir dire "je le savais depuis le début".
Colombe Linotte est de celles-là. Reine du loufoque absolu, elle enfile les mots comme des perles mieux que Luluchatigré les bêtises (je ne suis pas sûre que cette phrase veuille dire quelque chose en fait, mais en résumé c’est vachement bien). Et quand elle commet un livre, je n’ai pas honte du tout d’avouer que c’est le seul que j’ai pu terminer depuis un an que mes heures sont mangées par un enfant cannibale. Pas seulement parce qu’il se lit comme on croque un bonbon à la violette, mais parce que purée, des chaussettes orphelines, chez moi, j’en ai tout un sac (et un peu tout de même parce que son dentiste ressemble à Romain Duris).
Alors j’ai posé dix questions à Colombe Linotte pour tenter de percer le mystère.
Luluchatigré n’est-elle point jalouse que tu aies consacré un blog et un livre entiers aux piafs ?
Non, mais par contre Luluchatigré est extrêmement jalouse de mon nouveau fauteuil en velours. C’est devenu son nouvel et principal objectif, et tapie dans l’ombre, elle n’attend qu’un instant d’inattention de ma part pour en prendre possession. Mais attention, j’ai une stratégie INFAILLIBLE. Dès que je me lève je jette n’importe quel objet contondant sur le fauteuil (sauf une fois où j’ai oublié)(le lendemain j’ai retrouvé Luluchatigré sur mon nouveau fauteuil en train de se lécher les fesses).
Qu’y a-t-il sur la 3ème clayette de ton frigo ? Tu sais que je connais une blogueuse qui range ses épices par ordre alphabétique sur l’étagère ?
Je viens d’apprendre l’existence du mot clayette, c’est incroyable. En parlant de clayette, je ne connais rien de pire que de nettoyer une clayette sale… et qui sait vraiment comment s’y prendre ? En plus je n’arrive pas à adopter de rythme dans le nettoyage de frigo. Parfois je sens qu’il faut que je le fasse, mais je n’en suis pas sûre (je n’arrive pas toujours à reconnaître la buée de frigo du gras de beurre).
Cela dit je ne peux pas répondre à ta question… la 3ème clayette en partant du haut ou du bas ? Dans les deux cas je pense qu’il y a des Laitières au chocolat.
Que portes-tu aux pieds aujourd’hui ?
Des sandalettes jaunes parce que c’est l’été et qu’il faut absolument que je les mette avant que n’arrive l’automne (comme on dit dans le Trône d’Aluminium: l’Automne Vient. J’ai déjà un potiron dans le jardin).
J’ai été victime d’une frénésie de sandalettes cette année. D’ailleurs je les classe par ordre alphabétique à côté des épices : Sandalette Curry, Sandalette Paprika, Sandalette Bouquet Provençal (celles-là je ne les mets pas très souvent).
Quel est le dernier livre que tu as emmené dans ton sac à dos ?
C’est Fifty chaises Earl grey, ça me détend entre deux tomes du Trône de Fer (c’est très compliqué, je dois tenir un tableau excel pour m’en sortir avec les personnages)(il est rangé avec le tableau « Comptes et Dépenses » entamé en 2006 et demeuré inachevé).
Comment se finit la vie de Napoléon ?
ATTENTION SPOILER : Napoléon meurt à Sainte-Hélène.
Ne t’ennuies-tu pas un peu sans le voisin aux Danette ?
Je fais toujours un pèlerinage chez mon ancien voisin aux Danette, et j’inspecte ses dessous de fenêtre mais je suis souvent déçue : je n’y trouve rien. Même pas une languette de flanby. Je suis très inquiète.
Bon alors, maintenant que tu as retrouvé ton carton de sandalettes, combien de temps vas-tu nous faire languir encore avec le suspense insoutenable du Kitchen Aid ?
Un jour, je l’aurai… mais finalement j’hésite encore entre un nouveau Kitchen Aid, un nouveau canapé et un abri de jardin (ne serait-ce pas merveilleux de pouvoir ranger ma binette dans un espace dédié ?). De toute façon, avant de faire quoi que ce soit, j’attends de créer la recette de madeleines IDEALE (c’est à dire approuvée par le Mâle, qui a déjà testé beaucoup de madeleines)(c’est son côté Proust).
Que fais-tu des chaussettes orphelines de la maison ? (ne me dis pas que tu le Mâle insiste pour les recycler en chiffons à poussières enfilables, il ne PEUT PAS avoir vu cet épique épisode de Desperate Housewives, ce n’est jamais passé sur Arte)
Les chaussettes orphelines ont leur place à part dans mon tiroir à chaussettes. Je les pose délicatement, pile entre les chaussettes d’été (à droite) et les chaussettes d’hiver (à gauche), dans un espace transitoire en attendant de retrouver leur jumelle. Cela dit, certaines chaussettes de transit sont là depuis un bon moment.
Cette histoire de chiffon à poussière enfilable est tout à fait merveilleuse (mais ne dis jamais rien aux Babibouchettes).
Donne moi un truc pour survivre en rando sans laisser un poumon en bas des trois premiers mètres de dénivelée pour le reprendre au retour, le Mâle est clairement le jumeau du Jules, et je pars dans quelques jours affronter les Alpes.
La Règle des trois C : Compeed, Chocolat et Caillou dans la chaussure du Jules.
Sais-tu que l’on trouve dans le commerce de ravissantes petites camisoles dont les manches s’attachent dans le dos ? As-tu un message pour les gens du dehors ?
Pour la petite camisole, j’attends de recevoir le code promo FOUFOU sur Monshowroom.com.
Et mon message aux gens du dehors : Bienvenue !
*Colombe Linotte, Le mystère de la chaussette orpheline et autres tracas du quotidien, Editions First, 9,95€