Mais pour ceux qui n'y auraient pas accès, je vais vous donner ma partie, avec quelques commentaires, en chapitres successifs. Surtout que dans le débat 'pour et contre' il y a toujours une part de trop simple. Car au fond, si la question n'était pas si mais comment?
Je vous ai mis la première partie il y a quelques temps, puis la deuxième, voici donc la troisième partie:
"Cette fois, la question est la suivante: L'année passée a été publié le PNR59, programme de recherche scientifique commandé par la Confédération pour prendre une décision « éclairée » quant à la fin du moratoire sur les OGM, approuvé par le peuple en 2005. Alors que les résultats de cette étude semblent plutôt positifs pour les OGM, le parlement a prolongé le moratoire jusqu'en 2017, date à laquelle un assouplissement est prévu. Comment jugez-vous la gestion du dossier OGM par le parlement et le gouvernement suisse? En annonçant la fin du moratoire, le parlement a tiré les conséquences des résultats du PNR59. C’est une application cohérente et responsable du principe de précaution. Vous commencez avec un doute légitime sur des conséquences environnementales ou sanitaires d’une technologie. Vous freinez son application pour pouvoir récolter les informations nécessaires. Quand elles sont disponibles, si le risque s’avère absent ou gérable, vous mettez en place la réglementation nécessaire et vous levez le moratoire. Cela ne signifie pas que vous autorisez tout. Si au lieu d’un moratoire sur « les OGM », on avait levé un moratoire sur « les médicaments », certains auraient toujours été interdits à la vente ou vendus uniquement sur ordonnance, sur la base de leur profil spécifique."
Ce PNR59, c'est une trentaine d'études financées par des deniers publics en Suisse sur cinq ans ainsi qu'une revue internationale de la littérature disponible. Les résultats ont été résumés pour que tout un chacun puisse y avoir accès, et sont bien sûr également disponibles en français. Vous trouverez tout ça ici.
Si on démocratisait les OGM? Il y aurait sans doute plus d'études financées ainsi par la main publique plutôt que par des entreprises ou des militants. Un des effets paradoxaux des débats, des fauchages, des obstacles aux OGM en général, a été de laisser largement le champ libre aux recherches financées par des fonds privés.
Cela a aussi encouragé la logique du "tout ou rien", alors que la bonne réponse n'est vraisemblablement ni l'un ni l'autre. S'agissant des médicaments, nous le savons. Lorsqu'on l'applique aux OGM, cette réponse est cependant inconfortable: nous n'avons actuellement pas tellement tendance à appliquer aux aliments les précautions qui entourent les médicaments.
D'une part c'est normal: nous voyons davantage les risques de substances très actives, comme les médicaments. D'autre part ce n'est pas vraiment logique. Certains aliments sont toxiques: pensez à certains champignons, au seigle dans lequel vient se mêler l'ergot. En plus, certains aliments sont inoffensifs en prise unique mais sont dangereux sur le long terme. Pensez...au sucre. Oui oui, aussi celui qui est dans les yaourts censés vous aider à digérer ou à combattre les infections hivernales. Effets bénéfiques qui sont par ailleurs rarement et chichement démontrés.
Plutôt que de réguler strictement les OGM, c'est sans doute toute la filière alimentaire qu'il faudrait soumettre à des réglementations plus strictes. Et les critiques "des OGM" ont raison sur un point: les critères appliqués devraient tenir compte non seulement de l'hygiène (ce qui est déjà le cas) et de la santé humaine plus généralement, mais aussi des effets environnementaux de la production et de la consommation. En revanche, appliquer cela au yaourt est aussi important que de l'appliquer au maïs. Une fois de plus, donc, rien de si spécifique aux OGM dans cette réponse...