Avec le même prénom bizarre qu’un Président de la Ve République, Valéry François a préféré le pseudonyme Busta Flex pour faire du rap. On le comprend. Pourquoi un tel blaze ? A cause de Funkmaster Flex Presents The Mix Tape Vol. 1, mixtape de 1995, où figure un freestyle de Busta Rhymes. Originaire d’une cité du 93, l’adolescent rappe avec son frère Jimi, se fait inviter sur la mixtape de Cut Killer, fait des rencontres (Sully Sefil, DJ Goldfingers, Lone), jusqu’à sa rencontre fortuite, devenue célèbre, avec Kool Shen dans les couloirs de Sony. Un album, donc, et une collaboration durable avec ce noyau dur composé de NTM, de Zoxea, de Sully B Wax, de Lord Kossity. Ce 1er album est un succès critique et public, avec des collaborations de première classe (NTM, Zoxea, Kossity, Oxmo Puccino, etc.). Sa carrière décolle et, après un 5e album en 2008, Busta Flex continue de collaborer, de produire des mixtapes, et de faire du bon son, notamment un C’est Nous Les Reustas en featuring avec un Zoxea en pleine forme.
Jeune adolescent, j’écoute du rap sans connaissance, sans véritable background, sans guide. Un soir, comme d’habitude, je mate la rubrique de Philippe Vandel chez Nulle Part Ailleurs avec mes parents et mon petit frère, Vandel y note les paradoxes, les erreurs, les trucs surprenants ou insolites de l’actu ; il termine en sortant l’album de Busta Flex et relève une insulte dans une dédicace du rappeur : « Fabrice et Xavier (bande de connards) ». Les voies de la musique sont impénétrables. Direction la Fnac avec papa, album en prix vert, pochette culte avec les Jordan qu’on s’arrachait en gros plan. A l’écoute, un putain de disque ! Un flow chaud tout en rondeur, une énergie brute, des lyrics surprenants, une aisance en freestyle bluffante, des thèmes qui me parlent…
Ce titre raconte le train-train de la vie quotidienne, la routine métro-boulot-dodo, avec un humour réaliste génial, beaucoup de recul pour un type de vingt piges ; c’est très drôle, c’est très vrai, c’est aussi très désabusé. Un constat sans avenir de la jeunesse qui a « la chance » d’avoir un job, qui trime pour s’offrir un ersatz de ce que propose la société de consommation, sous la menace de la précarité et du chômage. Peut-être plus parlant qu’une analyse sociologique. Et plus drôle !
A l’écoute après le break
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Informations complémentaires
- Titre: What Can I Do
- Durée: 3min 47s
- Artiste(s): Busta Flex
- Album: Busta Flex
- Label: Warner Music
- Date de sortie: Février 1998