19 août 2013
Entre deux épisodes de la saga toute en subtilité du « Clan des Otori », Jean-Baptiste me fait découvrir un genre de manga à ne pas mettre en toutes les mains, ou, comme le signale un tout petit cartouche sur la couverture, à peine lisible : « pour lecteurs avertis ».
Shigurui – épisode 1 – est une réécriture contemporaine de l’œuvre de Norio Nanjo (né en 1908), auteur à l’origine de ce que l’on a appelé le « Boom de la cruauté » dans la littérature japonaise. La qualité graphique apportée par Takayuki Yamaguchi apporte une dimension à la fois moderne et poétique à l’action. Transposée à l’écran d’animation, l’enchaînement des scènes de combat est encore plus angoissante.
L’histoire commence ainsi : en 1630, dans la province de Suruga, au Japon. Le cruel prince Tadanaga Tokugawa, troisième frère du Shogun Iemitsu, décide, en dépit des lois en vigueur, de rassembler 22 des plus vaillants combattants de la région pour les faire s'affronter en tournoi armés de vrais sabres et non de sabres de bois. Le premier duel oppose deux hommes qui semblent se connaître, Gennosuke Fujiki et Seigen Irako. L’un est manchot, l’autre est aveugle …
Et le cycle commence. Je pense que je n’irai pas plus loin malgré la qualité évidente de cette adaptation très artistique sur le thème majeur de la cruauté, ainsi définie sous forme de litote par Norio Nanjo lui-même : « Lorsque les êtres humains laissent leurs émotions tomber dans l’excès, il arrive que cela donne naissance à la cruauté. »
Très belles images, souvent à la limite du soutenable, rythme intense, détails dignes des estampes shungas les plus précises. Ce qui m’étonne toujours dans la façon de dessiner des maitres mangakas japonais, c’est que les visages des personnages sont universels, et leurs yeux d’une candeur miraculeuse.
Malgré tout, et ma passion pour la culture japonaise, je ne pense donc pas continuer cette lecture …
SHIGURUI 1, manga de Takayuki Yamaguchi (scénario et dessin) d’après l’œuvre de Norio Nanjo, traduit par Arnaud Takahashi, édité par Panini comics, 9€