Ce livre est difficile à résumer. Le narrateur se glisse dans la peau et l’esprit de Zelda pour retranscrire les pensées névrosées de la jeune femme. Tantôt elle hait ce mari méprisable, tantôt elle ne peut vivre sans lui, tantôt elle est la mondaine new-yorkaise et tantôt la fille du Sud profondément ancré dans son Alabama natal. La chronologie est très difficile à suivre, puisqu’on saisit des bribes de sa vie, souvent passées au prisme et à l’analyse de ses séjours en hôpital psychiatrique. Le personnage de Zelda est complexe, à la fois lumineuse, pleine de vie et à moitié folle, prête à tout tenter pour exister. J’ai eu du mal à accrocher à cette narratrice, pour qui je n’ai ressenti qu’une grande pitié lorsque je l’ai vue internée et convaincue de folie par un mari qui mérite au moins autant qu’elle la camisole.
Mais ce qui m’a surtout intéressé, c’est la manière dont elle décrit son écrivain de mari. C’est poignant de voir qu’il est devenu une star par amour pour elle, parce qu’elle a besoin de l’admirer, et que c’est justement ce statut de star qui va les mener tout droit à leur perte. Elle nous décrit, en filigrane, ce que Scott est capable de faire pour garder l’ascendant sur elle, la manière dont il la glorifie dans ses romans tout en la méprisant en chair, les extrémités auxquelles il est rendu pour rester au plus haut de sa gloire, y compris piller les écrits de sa femme, et même les troublantes relations qu’il entretient avec d’autres écrivains. Le personnage est odieux, se perd dans sa propre recherche de perfection et de grandeur et entraîne sa femme par le fond. C’est assez intéressant de lire cette histoire d’amour destructrice en ayant en tête ce que Fitzgerald en a fait de romantique et d’idéalisé dans Gatsby par exemple: devenir le plus grand écrivain, oui, mais à quel prix…
La note de Mélu:
Un roman difficile mais assez fascinant.
Un mot sur l’auteur: Gilles Leroy est un auteur français qui a obtenu le prix Goncourt en 2007 avec ce roman.
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