Si par une nuit d’hiver un voyageur de Calvino : un roman et des histoires.

Par Mademoizela

Introduction

Le premier chapitre met en place un Lecteurauquel s’adresse le narrateur. « Tu vas commencer le nouveau roman d’Italo Calvino, Si par une nuit d’hiver un voyageur. Détends-toi. Concentre-toi.[…] Prends la position la plus confortable… »Après une description du Lecteur, on entre dans le livre de ce dernier. Notre personnage se trouve confronté à un premier problème : une attente non satisfaite. Le Lecteur s’attend à retrouver le style de l’auteur qu’il affectionne mais il est déçu. Il poursuit malgré tout sa lecture jusqu’à ce qu’il soit de nouveau désappointé et désorienté par un autre problème : une mauvaise édition. « Les mêmes pages ont été reprises deux fois. L’erreur a dû se produire au brochage. »Le Lecteur se rend à la librairie pour échanger le livre et rencontre la Lectrice. Le décor est planté : le roman tournera donc autour de ce duo de lecteurs qui devront faire face à tous les problèmes qu’un lecteur ordinaire peut rencontrer.
Le roman se compose de l’histoire du Lecteur qui se déroule un chapitre sur deux (Chapitres 1 à 11, non titrés), et le fil de ses lectures un chapitre sur deux (chapitres titrés). Chaque incipit fait référence à un genre particulier :
-   Si par une nuit d’hiver un voyageur(le roman brouillard)
-   En s’éloignant de Malbork(le roman de l’expérience corporelle)
-   Penché au bord de la côte escarpée(le roman symbolique)
-   Sans craindre le vertige et le vent(le roman politico-existentiel)
-   Regarde en bas dans l’épaisseur des ombres(le roman cynique et brutal)
-   Dans un réseau de lignes entrelacées(le roman de l’angoisse)
-   Dans un réseau de lignes entrecroisées(le roman logico-géométrique)
-   Sur le tapis de feuilles éclairées par la lune (le roman de la perversion)
-   Autour d’une fosse vide(le roman tellurique-primordial)
-   Quelle histoire attend là-bas sa fin ?(le roman apocalyptique)Rendons à César ce qui appartient à césar : cette classification est celle de Philippe Daros.  Les différents problèmes littéraires, les voici : les erreurs de brochage dans le premier récit vont dévoiler des quiproquos qu’occasionnentles mélanges des œuvres et les confusions.
-   Un nouvel obstacle apparaît dès le chapitre trois, après le mélange des feuillets, le livre se trouve une fois encore interrompu : « Tu te trouves devant deux pages blanches. »
-   Un nouveau quiproquoest évoqué dans le journal du héros de Penché au bord de la côte escarpée où l’ancre apparaît non seulement comme la symbolique de la fixité et la stabilité de l’être ; mais une fois détourné, l’objet devient un moyen de faire évader un prisonnier. L’histoire de l’ancre provoque des conséquences fondées sur un malentenduet une mauvaise interprétationde signes, mettant ainsi en garde le narrateur face à sa propension à tout interpréter.
-   Au chapitre neuf, Corinne donne au lecteur un nouvel exemplaire de Sur le tapis de feuilles éclairées par la lune, mais sous ce titre se cachele récit Autour d’une fosse vide de Calixto Bandera. Le vraitexte se trouverait caché derrière une faussecouverture, sous un fauxnom. Pourtant, lorsque le lecteur entame ce roman considéré comme la suite de celui qu’il lisait, bien que les apparences trompeusesdu titre et de la couverture induisent en erreur, il comprend que ce livre n’est en rien semblable au roman précédent.
Le Lecteur est anonyme, indéterminé comme un personnage romanesque ordinaire. Il n’est seulement déterminé que par son statut de lecteur. La majuscule donnée à cette détermination montre bien que dans ce roman, sa position de lecteur compose l’essence et l’essentiel même de son identité. Le narrateurinterpelle le Lecteur fictif, à travers lequel nousnous reconnaissons, du fait de notre activité similaire : la lecture. De plus, le livre lu par le Lecteurest le dernier roman de Calvino S.P.U,que nous sommes également en train de lire. En ce sens, cette fiction mêle le réel le vrai Calvino et le vrai lecteur- et la fiction – le Lecteur et l’œuvre fictive, en cherchant non seulement à rendre apparemment réel l’espace fictif mais à intégrer à la fiction des personnes réelles. Le Lecteur et la Lectrice,désignés à la deuxième personne, sont des lecteurs potentiels, car bien qu’ils soient vraisemblables, ils demeurent fictifs, au même titre que les personnages, « êtres de papier ».

I.   Un roman aux multiples intrigues.


a.   La démultiplication des éléments


Le roman se compose d’un récit-cadre: l’histoire du Lecteur et de la Lectrice (Ludmilla), et de récits gigognes (les livres entamés par le couple de lecteurs). Dans ce roman, le récit-cadre qui retrace les aventures amoureuses et littéraires d’un personnage nommé Lecteur, alterne avec des incipit de romans que ce personnage commence et ne finit jamais. Le roman de Calvino repose sur la discontinuité et l’inachèvement, et répertorie toutes les instances littéraires possibles : de l’écrivain au lecteur, en passant par le traducteur, l’universitaire, en les intégrant naturellement au récit premier et dans les récits enchâssés. Cependant, ce roman insiste davantage sur les lecteurs car cette instance est démultipliée : le Lecteur, la Lectrice, le non-lecteur, les lecteurs-chercheurs, les lecteurs dilettantes.
Dans le récit-cadre, cette structure est mise en valeur par l’auteur et le lecteur réels d’une part, et parles auteurs et les lecteurs fictifs, d’autre part. Quatre niveaux ressortent de S.P.U : un premier qui correspondrait à la sphère de l’écrivain réel composant un roman. Ce roman est celui que nous, lecteurs sommes en train de lire. Sur un deuxième plan, nous lisons également un roman qui conte l’histoire d’un lecteur qui lit un livre. Le troisième niveau concerne le texte lu par le lecteur-personnage que nous lisons aussi. Et, à un quatrième niveau, se trouve l’histoire du personnage du texte lu par le lecteur fictif de notre roman que nous sommes en train de lire. La constructionde S.P.U repose sur la démultiplication des auteurs, des lecteurs, des narrateurs et des personnagesqui se reflètent mutuellement à l’infini. On constate que, dans la multiplicité des noms propres mentionnés,nombrese répercutent d’une histoire à l’autre, comme Kauderer, qui est un personnage commun aux trois romans : En s’éloignant de Malbork, Penché au bord de la côte escarpée, Sans craindre le vertige et le vent. Aussi, le personnage d’Amarantaest présente dans Autour d’une fosse videet Quelle histoire attend là-bas sa fin ?


On peut relever des effets de miroir: le premier (le plus évident) est la correspondance entre les différentes œuvres lues par le Lecteur et la Lectrice. Ce couplese voit reflété à l’infini dans les œuvres qu’ils lisent. De même, le principe de réflexion s’effectue d’une part entre l’auteur réel Italo Calvinoet les différents auteurs fictifs : Bazakbal, Silas Flannery, Calixto Bandera.

  

b. Un thème unificateur : l’amour

L’amourdans l’œuvre de Calvino est au cœur de chaque incipit puisqu’il est toujours question d’une rencontre entre un homme et une femme. La première histoire d’amour, celle du couple de Lecteurs, est placée sous le signe de l’attirance physique et de l’attraction, et dont le médium s’avère être le livre. « Voici donc : la Lectrice fait son heureuse entrée dans ton champ visuel, Lecteur, ou plutôt dans le champ de ton attention, ou plutôt c’est toi qui es entré dans un champ magnétique dont tu ne peux plus fuir l’attraction. » La littérature devient le point de convergence entre le Lecteur et la Lectrice, et l’acte de lecture tend à symboliser l’acte sexuel. De même, le récit sans craindre le vertige et le ventintègre à sa trame une rencontre amoureuse entre Irina et le narrateur Alex Zinnober. Dans ce récit inséré comme dans le récit premier, la sexualité est passée sous ce silence ; elle est abordée en filigrane dans Dans un réseau de lignes entrelacées,où l’aventure évoquée sommairement entre le narrateur professeur et Marjorie Stubbs, son étudiante, repose sur le quiproquo et l’équivoque. En revanche, la sexualité est exhibée dans les récits Regarde en bas dans l’épaisseur des ombreset Sur le tapis de feuilles éclairées par la lune. En effet dans le premier, on assiste à un rapprochement entre le narrateur et Bernadette, qui prend l’initiative dans le jeu sexuel : « […] la voici qui passe sa jambe par-dessus le levier de vitesse et la pose à cheval sur ma jambe droite.[…] En se contorsionnant, avec des mouvements de jambes harmonieux […], elle s’installe à cheval sur mes genoux et m’étouffe presque dans ses seins : une vraie avalanche. »Egalement ce récit fait se combiner le sordide et la sensualité, l’érotisme et le macabre. Le rapport sexuel entre Bernadette et le narrateur est pratiqué en présence d’un cadavre. Dans le second texte, la sensualitéet l’importance des sensations tactiles annoncent la relation sexuelle imminente entre le narrateur et la femme de son précepteur, Madame Miyagi. La première expérience sensuelle et sensorielle a lieu lorsque le narrateur se retrouve enserré par la mère, Madame Miyagi et la fille Makiko, qui de leurs poitrines respectives le frôlent simultanément : « j’étais effleuré dans le même instant par le mamelon gauche de la fille et par le mamelon droit de la mère, et que je devais rassembler toutes mes forces pour ne rien perdre de ce bienheureux contact : apprécier les deux sensations simultanées sans les confondre, en confrontant ce qu’elles me suggéraient. ».Dans ce dernier récit, les regards, comme dans un jeu pervers de miroirs et de voyeurisme, participent de l’érotisme de la fin de l’épisode où le narrateur et Madame Miyagi sont surpris dans leurs ébats amoureux, par le père Okeda, et la fille Makiko : la fille, qui regarde horrifiée le couple, est regardée par le père, lui-même regardé par le narrateur.

II.  Un roman qui cherche à définir le Roman.

a.   La déstructuration

La structure complexe du roman trouve son origine dans la déstructuration, la discontinuitédes lectures et les interruptionsromanesques. Lorsque le Lecteur commence le dernier roman de Calvino, S.P.U,il s’aperçoit que s’y sont glissés des fragments du roman polonais de Bazakbal, En s’éloignant de Malbork. Le Lecteur cesse la lecture du roman de Calvino pour commencer celui de Bazakbal, puisque c’est l’histoire de ce dernier qui l’intéresse. Cependant, sa lecture du roman polonais se voit une fois encore interrompue car l’histoire qu’il lit ne correspond pas avec celle qui lui a plu la veille ; et, de nouveaux problèmes d’impression surgissent, n’écartant pas l’hypothèse qu’une fois encore deux œuvres soient réunies en une seule. A partir des noms de personnages, le Lecteur, avec l’aide d’un universitaire, parvient à retrouver le récit convoité : Penché au bord de la côte escarpéedont il ne reste qu’un fragment. Cependant, le Lecteur et la Lectrice découvrent que le roman cimmérien, Penché au bord de la côte escarpée, a été écrit en Cimbre sous le nom de Sans craindre le vertige et le vent Hermès Marana a prétendu traduire ces œuvres alors qu’en réalité, il a n’a fait que traduire un autre roman Regarde en bas dans l’épaisseur des ombresde Bertrand Vandervelde. Ce sont les mensonges de Marana qui ont provoqué des quiproquos en chaîne interrompant à l’infini la lecture continue du Lecteur.
La volonté de déstructurer le roman et de réfléchir sur la littérature et la création romanesque est tangible chez Calvino. Le roman, outre sa disposition à inscrire dans un même roman dix incipit qui sont autant de désirs de lecture et d’écriture, prend la forme d’un essai sur la littérature et son rôle. En écrivant S.P.U, Italo Calvino pose trois questions : comment écrit-on un roman ? Quelle lecture est idéale ? Quel est le rôle de la littérature ?

 b.   Le roman dans son rapport au mensonge.

Dans le roman de Calvino, le mensongeest fréquemment lié à la falsification et aux jeux de masques. La parole mensongère, que ce soit par dénaturation de la vérité ou par dissimulation de celle-ci, est proférée par Hermès Marana, le traducteur. En effet, Hermès Marana organise un stratagème, sur le commandement du sultan, qui consiste à insérer une multitude de texte variés au sein d’un même texte afin d’interrompre les lectures de la sultane. Les motifs de l’apocryphe, de la mystification, de la substitution et la théorie des faussairesfont obstacle à la quête de sens et de la vérité. Les vols de manuscrits semblent se dresser contre la poursuite de la vérité.
On observe au chapitre six, une dichotomie redondante des faux livres et des vrais livres. Les premiers étant de l’ordre de la mystification alors que les seconds détiennent une vérité « extrahumaine ». Cette opposition entre le vrai et le faux place d’un côté, l’auteur, le seul qui déteint la véritéauquel font face les apocryphes qui produisent des faussaires, effectuant des transformations, des suppressions de l’histoire. Les jeux de masques prennent des proportions démesurées au chapitre neuf, où la falsification devient un mode de vie : les identités sont multiples, le vrai et le faux confondus. D’ailleurs, le personnage de Corinne, se nomme aussi bien Ingrid, Gertrude qu’Alfonsina. La vraie police affronte des faux policiers et deux camps se heurtent de façon manichéenne : les bons contre les mauvais ; cependant, la limite entre les deux camps est ténue puisque certains se sont infiltrés dans l’autre clan. L’infiltré intègre provisoirement le camp adversaire, en se faisant passer pour un des leur, par un jeu de déguisements et de faux-semblants. A force de pousser à son comble l’ambiguïté entre les faux et le vrai, la confusion devient totale :  « Une fois mis en route, le processus de falsification ne s’arrête plus. Nous sommes dans un pays où tout ce qui est falsifiable est effectivement falsifié […]. La contre-révolution et la révolution se combattent à coup de falsifications ; le résultat, c’est que personne ne peut être sûr du vrai et du faux. »
Même si le roman est mensonger, la littérature est une science de la connaissance en même temps qu’une exploration de la conscience. La fiction correspond à une attente du réel. L’invention suppose un détour, une mise en fiction, afin de mieux rendre compte du réel. Même si la fiction est une exagération de la réalité, elle donne une vérité, sur les êtres, les choses et le monde.
 
Le roman de Calvino est davantage une analyse de la littérature perçue selon différentes perspectives : qu’il s’agisse de l’auteur, du lecteur, du traducteur. Il insiste sur le thème de la lecture, son rôle et ses enjeux

c.   La quête de sens

Le roman de Calvino retrace les quêtes et les enquêteseffectuées par les protagonistes, et notamment la recherche du manuscrit initial. Toutes ces quêtes et enquêtes participent à l’initiation de chacun des personnages. Le parcours initiatique de chaque protagoniste reflète l’expérimentation littéraire de l’écrivain : en consignant les aventures de son héros, Calvino s’applique à théoriser l’écriture romanesque.
Calvino propose dix incipitde romans formant une œuvre idéale, parce que selon lui, l’essentiel du roman est condensé dans un incipit. En effet, l’incipit est décisifdans la mesure où il est le lieu privilégié où se noue le pacte de lecture, et c’est lui qui détermine si la lecture va se poursuivre. En interrompant les romans, Calvino retarde l’histoire proprement dite et maintient le lecteur dans une certaine tension. Pour susciter l’intérêt du lecteur, il le fait entrer au cœur de l’action à travers les aventures du Lecteur.
La quête s’apparente à celle du Saint Graal ;le Lecteur désire retrouver le « Graal » représenté ici par le roman initial commencé et inachevé. Cette « recherche romanesque » du Lecteur se transforme peu à peu en une enquête sur les auteurs, les traductions et les textes afin de reconstituer l’œuvre première et originale. Le Lecteur cherche à restituer l’œuvre dans son intégralité. Cette tentative de recomposer un texte unique à partir d’éléments épars devient une quête de sens, une recherche de la signification. Si le Lecteur recherche la vérité, sa quête est vouée à l’échec dans la mesure où les falsifications, les mensonges et les quiproquos mettent un frein à cette quête. En outre, la recomposition du roman s’avère alors être un parcours semé d’embûches voire irréalisable. De nouvelles questions se posent alors : la vérité est-elle unique ou multiple ? Est-elle accessible ? La quête du sens est-elle illusoire ?Le voyage comme la lecture sont composés d’étapes à franchir par le voyageur et le lecteur.

Conclusion


Au début, le Lecteur commence un roman qui, par la suite, se décuple. Et, cette recherche du récit initial l’entraîne dans un labyrinthe de livres qu’est la bibliothèque ; comme si la résolution de sa quête ne tenait pas dans un livre mais dans une bibliothèque.

La question que pose la littérature est également la suivante : quelle subjectivité prime ? Est-ce celle de l’auteur qui s’exprime dans le texte ou celle du lecteur qui interprète le texte ? Et le texte s’interprète-t-il par lui-même de sorte qu’en lui-même réside sa propre acception ? Ou bien le texte s’éclaire-t-il à la lumière de celui qui le lit ?On peut considérer S.P.U comme un microcosme analogue à une bibliothèque : malgré son unité matérielle le roman se compose de plusieurs textes. Et, ce roman fait partie d’un tout. Chaque roman peut être certes lu indépendamment des autres mais chacun fait partie intégrante de la bibliothèque où chaque œuvre s’explique à la lumière de l’autre.
Dans l’œuvre de Calvino, les œuvres ne sont que des seuils pour parvenir à la vérité. Cet itinéraire littéraire est une initiation du lecteur où chaque livre représente une étape vers un autre roman. La quête est alors perpétuelle.
Ludmilla donne une définition idéale du roman qui correspond également à l’esthétique voulue par Calvino pour son roman. Ludmilla devient alors le porte-parole de la poétique d’Italo Calvino, selon qui le roman devrait concentrer la « volonté de raconter ; d’accumuler histoires sur histoires, sans prétendre imposer une vision du monde ; un roman qui […] se ferait assister à sa propre croissance ».
La multiplicité des lecteurs au chapitre onze tend à rendre compte de la multiplicité des réceptions des œuvres, et surtout le fait que chacunvoie en la littérature et la lecture une signification particulière. Lorsque nous lisons, notre attente est fonction de ce que nous avons déjà lu, mais les évènements inattendus nous contraignent à reformuler nos attentes et à réinterpréter ce que nous avons déjà lu. La multiplicité des lecteurs fictifs permet de lister une série d’hypothèses concernant les buts et les fonctions de la lecture et de la littérature :
-   Le processus de lecture est discontinu car la littérature suscite la rêverie et fait par conséquent réfléchir.
-   La lecture fait appel à notre subjectivité, nos sentiments, nos souvenirs, notre inconscient. Chacun intègre dans une œuvre sa propre subjectivité qui se fond avec celle de l’auteur. Le lecteur reste concentré sur le texte-même, sur la stylistique et la rhétorique.
-   La relecture d’un même livre transforme l’œuvre, puisqu’elle implique une nouveauté. La lecture n’est jamais accomplie sous un même angle, selon une approche similaire. Le texte se plie aux changements du lecteur et à sa disposition à recevoir le texte.
-   Le livre doit être considéré comme une partie d’un tout où chaque œuvre s’éclaire à la lumière d’une autre. Les œuvres lues restent dans l’inconscient et donnent un axe de lecture. La lecture serait celle d’un seul livre composé de tous les livres.
-   Est-ce toujours le même livre qu’on relit à chaque fois malgré la différence de noms, de couvertures, de personnages ?
-   En lisant on mène une quête de l’œuvre idéale (celle de l’enfance ? Celle qui est liée à un moment-phare ?...)
-   La lecture est un acte qui commencerait avant sa réalisation et tiendrait uniquement dans la « promesse de lecture ».
-   L’importance de la lecture réside uniquement dans le message délivré par l’œuvre lue en vue d’une fin.
-   La lecture est un acte autonome : chaque œuvre a un début et une fin, et demeure unique.
On retrouve aussi diverses attitudes face à la lecture :
-   Lotaria part d’une thèse et cherche des preuves de ce qu’elle avance dans les œuvres qu’elle lit.
-   Pour Silas Flannery, la lecture permet d’aboutir à des thèses.
-   Ludmilla, quant à elle, représente la lectrice idéale dans la mesure où elle lit les romans frénétiquement pour le simple plaisir de lire.
La littérature est-elle uniquement une distraction comme semble le montrer Ludmilla ou a-t-elle une portée plus ample ?