Charlélie Couture est un artiste un peu oublié de nos jours, pourtant il continue à sortir des disques de façon régulière, les derniers étant même plutôt de bonne facture. Le fait qu'il s'exile aux Etats-Unis, se consacre prioritairement à ses autres passions, la peinture et la photographie et peut-être qu'il ait connu une longue période de moins bien dans les années 90 et 2000, tout cela fait qu'il est peut-être un peu sorti de nos chams de vision.
C'est bien dommage, parce que même quand il est moins inspiré, Charlélie Couture, fait partie de ses rares artisites qui ont un univers bien à eux et qui copnstruisent une oeuvre disques après disques. Ainsi, Charlélie Couture a fait de grands disques au début de sa carrière, comme "Le pêcheur" ou "crocodile point". Mais il a surtout fait un immense chef-d'oeuvre sorti en 1981, un des disques majeurs du rock français : "Poèmes rock".
Dans cet album Charlélie Couture réussit à traduire son mal de vivre et sa mélancolie, mais aussi celle de son époque. A mi-chemin entre blues et rock, "Poèmes rock" frappe surtout par la qualité des textes (à lire ici), simples d'accès et pourtant si profonds, et par le phrasé si particulier du chanteur, entre nonchalance et douceur.
C'est "La Ballade de Serge K" qui ouvre l'album. Quelques mots à peine sussrrés, puis de longues plaintes à la guitare avant que la mélodie soutenue par la batterie ne s'installe véritablement. Poèsie et rock, dès le départ le ton de l'album est donné. La mélancolie aussi est là, à travers la déambultion du personnage de la chanson dans les rues d'une ville en plein hiver. Elle suinte entre chaque mots, entre chaque notes.
La guitare et la batterie sont vite rejoints pour le prenier chef-d'oeuvre : "Oublier". Mélancolie toujours, teintée d'un peu d'aigreur voire de colère cette fois-ci, pour cette chanson qui dépeint un tableau sombre de notre société. Tempo rapide, refrain simple, mélodie qui qui rentre dans la tête pour y rester : un bijou !
"Tu m'as pas dit d'où tu venais" vient apaisé tout cela. Chanson lente, très douce comme si la colère précédente ne pouvait pas durer. Retour à la ltristesse sur "T'enva plus t"en va pas", magnifique portrait de femme désespérée qui ne peut supporter que son homme ne l'aime plus. Quant à "Envie de l'eau", qui clôture la face A (ben oui, je parle du vynil comme d'habitude), la chanson, surprenante, navigue entre plusieurs eaux : poème chanté, blues. Mais avant tout, c'est surtout de la poésie musicale, une formidable ballade au piano.
La face B, quant à elle, débute par ce qui est devenu depuis un immense standard de la chanson française. Un morceau magnifique qui a changé à tout jamais la carrière et la vie de Charlélie Couture : "Comme un avion sans aile". Que dire, si ce n'est que c'est probablement une des plus belles chansons d'amour de notre répertoire national. Pour le plaisir, j'en mets deux versions, la première qui date de l'époque où le disque est sorti, la seconde plus récente, lors d'un concert de la dernière tournée de Charlélie Couture où il exprime avec des mots touchants tout ce que ce titre a représenté pour lui.
Difficile d'enchîner après un tel diamant. C'est pourtant ce que réussit Charlélie Couture avec un autre petit bijou : "L'Histoire du loup dans la bergerie". Chanson, atypique, mi-chantée, mi-parlée, qui raonte le mal-être d'un homme, ancien militaire, qui ne trouve pas sa place dans la société. Désolé pour la vidéo, la chanson n'est pas en entier, et le son n'est pas très bon.
Après ces deux chocs, il fallait quelque chose de plus doux, d'apaisant. Ce sera "Longtemps, longtemps (tu m'aimes en passant)". Une jolie petite chanson d'amour piano-voix.
"Le chant de la colline", est une petite pause instrumentale, une petite bluette charmante. "Comme si on y croyait", c'est un peu la déambulation de Serge K qui reprend (il y a une vraie logique dans cet album). Ca commence comme une ballade, presque un slow, avant que le rythme ne s'accélére et que les guitares ne s'en mêlent pour devenir un vrai morceau de rock.
Du rock, du brut, du puissant, c'est ce que nous sert l'artiste pour terminer le disque avec "Le Fauteuil en cuir (combien de temps)". La chanson la plus rock de son répertoire. Elle est la conclusion logique de toutes les déambulations de l'album : l'histoire d'un homme avachi dans son fauteuil (en cuir donc) qui ressasse sa vie avec colère et haine. Sublime ! Mon morceau préféré !
Pour le plaisir, je vous mets une autre de ses grandes chansons, "Local rock" sorti en 1983 sur l'album "Crocodile point". Morceau très rock, un peu disco, où il évoque ses débuts.