Le clan des Otori, les neiges de l’exil, roman fantastique de Lian Hearn

Publié le 18 août 2013 par Mpbernet

18 août 2013

La suite des aventures extraordinaires de Takeo et Kaede dans un Japon médiéval imaginaire mais aussi tellement poétique. Fan d’estampes japonaises et plus particulièrement des paysages d’Hiroshige, je sais que les œuvres représentant des contrées enneigées sont d’un plus grand prix que les autres. J’ai donc particulièrement apprécié ce deuxième épisode de la saga : il se déroule principalement en hiver, la saison où l’on prépare les campagnes militaires de l’été, et la vengeance des justes.

Car Takeo, le fils adoptif du sire Sigheru, assassiné par le terrible Iida avec la complicité de ses oncles, se débat entre plusieurs loyautés contradictoires. Certes, nous apprenons qu’en réalité, même s'il a été élevé dans les principes des Invisibles, il est bien un Otori puisque son père était apparenté au père de Sigheru, mais il est aussi un Kikuta, ces redoutables assassins dotés de pouvoirs surhumains : une ouïe particulièrement développée, la capacité à tout moment de se rendre invisible et le don d’ubiquité, ce qu’il nomme son second moi, qu’il envoie à plusieurs centaines de mètres pour dérouter ses adversaires. Takeo est traqué par les membres de la Tribu, dont il est originaire et qu’il a décidé de quitter pour rentrer en possession de l’héritage Otori, ce qui lui vaut une condamnation à mort par l’ensemble des membres de cette confrérie secrète. Une prédiction lui a fait entrevoir son destin : cinq batailles dont quatre victoires et une défaite, mais il ne pourra être tué que par son propre fils … sera-ce celui qu’il a engendré avec Yuki, la fille de Kenji, plus ou moins téléguidée dans sa couche par les membres de la Tribu, justement pour préserver ses caractéristiques génétiques ?

Et puis, Takeo est amoureux de Kaede, la jeune fille maudite promise à Otori Shigeru avant le supplice de celui-ci. Elle l’aime aussi et ne veut appartenir qu’à lui, alors que sa condition de femme lui impose un mariage selon son rang, et qui lui permettrait aussi d’assurer son patrimoine. Elle devrait aussi recueillir l’autorisation de son suzerain, le sire Araï. L’histoire se corse donc après le mariage des deux héros au monastère de Terayama, selon les règles complexes du roman courtois, qui ne sont pas sans évoquer Les trois Mousquetaires

Des combats, du fantastique, des passions, des trahisons, du courage et de la duplicité, des sentiments complexes évoqués avec tact comme l’homosexualité masculine – pour un ouvrage destiné à la jeunesse, ce n’est pas du tout déplacé – tout concourt à passionner le lecteur et à lui donner envie de lire la suite …

Le clan des Otori, les neiges de l’exil, roman par Lian Hearn, traduit de l’anglais par Philippe Giraudon, aux éditions Folio - Gallimard, 385 p. 8€