Les occasions perdues...

Publié le 25 avril 2008 par Collectifnrv

Les affiches de l'exposition "Les Parisiens sous l'Occupation" ont disparu des panneaux Decaux. 

Une réaction (tardive !) de la Mairie de Paris à une juste polémique accompagnant cette exposition, qui offre une vision partielle et partiale (c'est le moins qu'on puisse dire !) de Paris sous l'Occupation.

Et pour cause:

André Zucca, l'auteur de ces photographies, était le correspondant exclusif du magazine Signal, organe de la propagande de l'occupant nazi sous l'occupation. Ce qui lui valait le privilège rare à l'époque de pouvoir travailler avec de la pellicule couleur... 

Christophe Girard , adjoint à la Culture, demande désormais l'arrêt de l'exposition.

Réaction réactive.. et c'est le cas de le dire, à côté de la plaque.

Je ne reviendrai pas ici sur la polémique qu'ont fort bien traitée beaucoup d'autres sites  ou blogs, notamment Arrêt sur images et Guy Birenbaum sur le Post.

Dénonçant, avec justesse et pertinence l'absence de toute mise en perspective et toute présentation critique dans l'exposition  qui montre une vision quasi idyllique d'un Paris ensoleillé peuplé de flâneurs élégants, une dolce vita de l'Occupation‐ qui de fait a existé: il était vital, pour l'occupant, de nourrir la propagande d'une ville restant la Ville lumière et d'assurer le repos et le divertissement du guerrier en laissant ouvert cabarets, théâtres, cinémas.. 

(la Mairie de Paris a depuis imposé un avertissement aux visiteurs). 

Ce qui reste stupéfiant, c'est le côté binaire des réactions politiques.

Exposition scandaleuse ? Réflexe de Pavlov : on enlève l'information, on veut arrêter, on censure ! 

Alors qu'il y avait là matière à un boulot fabuleux d'éducation à l'image, qui, faute d'être pris en compte par des commissaires d'exposition pour le moins complaisants et des autorités municipales ayant atteint leur degré d'incompétence, s'est limité aux sites et aux blogs suscités, et à l'intervention de quelques commentateurs (Annette Wieworka et Benjamin Stora sur France Inter). 

Cette exposition est emblématique de ce qu'est la propagande par l'image.

Oh, rien de lourd. Pas le grand jeu de l'iconographie totalitaire, pas l'efficacité géométrique des grands rassemblements. Juste la petite touche du hors champ. Qui laisse de côté les pénuries, l'étoile jaune, les tracasseries... le réel. Ou du moins ses formes sales, tristes, grises, dérangeantes... 

 

Valdo