Pour beaucoup d’Américains, les noms de Damien Echols, Stephen Baldwin, et Jessie Miskelley sonnent familier. Trois hommes liés à l’une des histoires les plus glauques qu’ait connu les Etats-Unis.
Des faits sordides. Le 6 mai 1993, les corps de trois garçons de huit ans sont découverts dans un bois de la banlieue Ouest de Memphis, Tennessee. Ils ont été torturés et mutilés dans la nuit.
La ville s’embrase. Terrifiés par ce triple meurtre, tous les habitants de West Memphis font cause commune. Il leur faut un bouc émissaire. Ce sera un groupe de jeunes gothiques, qui avait pour habitude de se réunir dans ce même bois.
Galvanisés par l’inspecteur en charge de l’enquête, qui multiplie les déclarations hâtives et nie toute présomption d’innocence, échaudés par les incantations souffreteuses du curé de la paroisse, les familles des victimes entament une véritable croisade. La tête de ces trois jeunes pour toute vengeance.
Aucune preuve, rien. Le procès est un simulacre de justice. Damien Echols, présumé être à la tête du groupe sataniste est condamné à mort. Il n’a pas vingt ans au moment où tombe la sentence. Il est aujourd’hui encore dans le couloir de la mort. Jason Baldwin et Jessie Miskelley, plus jeunes, sont condamnés à perpétuité. Ils sont eux aussi, quinze ans après, derrière les barreaux.
Les documentaires Paradise Lost 1 et 2 de Joe Berlinger et Bruce Sinofsky sont des témoignages irremplaçables. Illustration croisée d’une loi du Talion aux accents girardiens (le bouc-émissaire), ils mettent à jour tout l’aveuglement et toute la cruauté humaine. A ranger en très bonne place, dans la catégorie « Erreurs judicaires », à côté d’un autre très grand documentaire de Jean-Xavier de Lestrade, Un coupable idéal.
Sachez que le combat pour la libération des West Memphis Three continue. L’énorme mobilisation autour de leur cause n’a pas encore suffi à la réouverture d’un nouveau procès. Pour en savoir plus sur le groupe de soutien des WM3, cliquez ici.