Près de vingt heures d’écoute pour ce livre audio, il fallait avoir le temps, et grâce à mes vacances qui m’ont fait traverser la France de part en part, je l’ai eu. Je dois avouer qu’au début, c’est un peu long à se mettre en place, puisqu’on nous présente tous les personnages qui vont voir leur vie bouleversée par ce décès. Les Mollisson, bien sûr, en premier lieu. Mais aussi Krystal Weedon, une adolescente de seize ans, fille de toxicomane, que tous considèrent comme une personne peu fréquentable, mais que Barry Faibrother avait pris sous sa protection. Andrew Price, le jeune un peu timide soumis à un père violent qui décide de se présenter au conseil malgré toutes les magouilles qu’il cache dans ses placards. Parminder Jawanda, médecin, d’origine indienne et une amie fidèle de Barry dont elle soutenait toutes les actions au conseil. Et tous ceux qui viennent s’y greffer. Car ce qui est un peu complexe au début, c’est de comprendre quels sont les liens qu’ils entretiennent les uns avec les autres, car tout est fait pour montrer que Pagford est une petite ville où tout le monde se connaît et où tout se sait.
Passé ce premier moment, on plonge dans le réel intérêt de ce livre: reconstituer le personnage disparu de Barry Fairbrother, son importance et son influence. Le mort est un personnage bien présent dans ce livre tant on ne cesse d’en apprendre sur lui, petit à petit, relation par relation. Et par son biais, on découvre toute une galerie de personnages très marquants. J’ai particulièrement été touchée par Krystal Weedon, le cas social ambulant, dévergondée dès l’école primaire, qui sait à peine lire, livrée à une mère junkie, mais qui ferait n’importe quoi pour s’occuper de son petit frère de trois ans ou pour son équipe d’aviron. J’ai été terrifiée par Simon Price, le père violent et tyrannique. Howard Mollisson, imposant dans tous les sens du terme, m’a inspiré un mépris sourd. Aucun de ces personnages ne m’a laissée de marbre, et tous réservent leur lot de surprise, jusqu’à la veuve, Mary Fairbrother, à qui l’on ne donnera la parole qu’à la fin, pour un ultime retournement de situation. L’histoire est donc bien conçue, bien fichue, avec ce petit ton ironique et guilleret qui caractérise J. K. Rowling qui sait toujours donner à ses phrases une allure enjouée.
Mais derrière ces personnages hauts en couleur, elle tisse une histoire sombre, où une vieille rivalité citadine mène à un désespoir social que tout le monde voudrait bien pouvoir occulter et qui revient exploser en pleine figure des habitants de Pagford. C’est l’éternel problème du pauvre, du faible, de l’étranger qui rejaillit et pas toujours là où on l’attend, et sans jamais porter de jugement, le livre se contente de mettre en scène jusqu’où ces éléments faibles de la société peuvent se retrouver.
Et encore une fois, je suis bluffée par la qualité des éditions Audiolib. La lecture par Philippe Résimont est un régal. Il s’applique à modifier sa voix pour incarner chaque personnage, et malgré leur nombre, on en vient à parfaitement les reconnaître à l’oreille, et cela rend l’écoute très confortable. C’est impressionnant. Des effets sonores accompagnent également la lecture: de l’écho, lorsqu’il s’agit de paroles remémorées; une voix voilée, pour une conversation téléphonique. On est donc complètement plongé dans l’histoire, et je n’ai presque pas vu passer les vingt heures!
La note de Mélu:
Un immense merci aux éditions
Un mot sur l’auteur: J. K. Rowling est l’auteure de la mondialement célèbre série Harry Potter. D’autres de ses livres sur Ma Bouquinerie: