Ça m'a pris un peu de temps quand même pour enfin le visiter de l'intérieur celui-là. Parce que pareil, il n'est ouvert que quand c'est la messe, et quand c'est la messe c'est le foin, et c'est pas tourisme ni photo. Bon, mais lors de la dernière nuit des églises, paf, hop, je m'y suis immiscé, et j'peux vous dire que j'ai pas regretté d'un pet, parce que les fresques du dedans sont absolument fabuleuses. Avant-propos Alors des édifices romans, à Prague, il n'en reste pas velu du tout du tout (encore que, Prague... z'allez-voir plus loin que oui et non, Prague).
Les quelques que je puis mentionner de mémoire dans ma tête, comme ça, ce sont nos 3 rotondes Ste Croix, St Longin et St Martin à "Vyšehrad". Ensuite on a les églises St Jean Baptiste, Ste Marie sous la chaîne, St Martin dans le mur, St Martin à "Řepy", Ste Marie Madeleine à "Přední Kopanina", St Pierre et Paul à "Řeporyje", et St Venceslas à Zderaz... Ah si, encore des bouts à "Strahov", au château et à , et c'est tout de ce que j'ai en tête. Bon, et justement, ben notre St Bartholomé de "Kjje" vient compléter cette liste. Notez toutefois qu'en l'époque de son érection, et à l'instar de quelques autres églises précédemmentionnées, notre édifice roman était bien loin de Prague, puisqu'à plus de 10 km de la place de la Vieille-Ville. Aujourd'hui, il se trouve dans le 14 arrondissement de la capitale. Maintenant, ce qu'il y a d'énorme avec cette église, c'est qu'on ne sait pas grand-chose dessus. Elle fait partie des plus remarquables églises romanes du pays de par ses fresques uniques, de par son apparente importance, mais on en ignore pratiquement tout. Son importance est suggérée par les fresques (cf. plus loin), son aspect massif et défensif (cf. plus loin), comme par sa localisation sur les domaines des évêques praguois, sur la route vers"Český Brod" (nom originel "Broda Episcopalis"), ville-marché fondée (probablement) par l'évêque Jean Ier au XII ème siècle, sur la route commerciale dite "Trstěnická stezka" (de la rivière/fleuve "Trstenice", aujourd'hui "Loučná") qui menait en Moravie, en pays Baltes, puis jusqu'en Orient et sur laquelle route circulaient sel, fourrures, esclaves, soie, bijoux, opium, viagra...
Mais l'édifice reste clairement une énigme pour les experts de tout poil, et nul ne sait si un jour, on sera le quoi du par qui et comment. On ignore par exemple à quel saint l'église était consacrée à l'origine (si seulement un saint? Pourquoi pas une marque de bière?) et quand elle fut consacrée. St Barth, du nom de l'apôtre, date fort probablement de la période baroque, où ce saint était aussi populaire que Michael Jackson aujourd'hui. Mais St Barth n'est aucunement représenté sur les fresques restantes, ni toujours recouvertes (ce qui ne signifie rien puisqu'une partie a disparu à jamais pour toujours). Et sans le nom originel, aucune chance d'en retrouver trace dans les annales de l'histoire. Du coup on ignore toujours qui fonda l'église et quand, malgré qu'une forte probabilité s'oriente vers l'évêque Jean II ("z Dražic", en fonction entre 1226 et 1236), dont on ignore également beaucoup, puisque sur lui les archives se sont conservées encore moins bien que les fresques sur l'église. Quels étaient les liens entre les domaines épiscopaux, le bergfried mentionné dans les annales, et l'église St Barth avoisinante? Qui sont les évêques représentés sur les fresques du choeur de l'église? Autant de questions auxquelles l'on n'a aujourd'hui aucune réponse incontestablement avérée. Origine L'église St Bartholomé se trouve donc sur les terres de"Kyje" (auparavant "Keje"), ancestrale colonie paysanne sur les domaines des évêques de Prague. Comme dit précédemment, le fort probable initiateur de la construction de l'église serait l'évêque Jean II, 20, 21 ou 22 ème évêque praguois selon que l'on prend en compte les évêques précédents décédés avant d'être élus ou consacrés. L'on en veut pour preuve l'inscription retrouvée sur le mur du choeur en 1781 et gravée "FVNDATOR hVIVS ECCLE IOhΦis PRA.gesIs EPuS" (soit en Latin propre "Fundator huius ecclessiae Johannes Pragensis episcopus").
Il n'en reste malheureusement qu'une copie manuscrite dans le livre paroissial (cf. la photo du fax-simulé). Du reste, on parle de Jean II, mais il pourrait être également question de Jean Ier (1134 - 1139, en fonction), le co-fondateur du monastère de "Strahov", ou de Jean III (1258 - 1278), le neveu de Jean II. Pire, des expertises récentes dateraient la fondation de l'église après Jean II, donc sous ses successeurs "Bernard (Buchard) Kaplíř ze Sulevic" (1236 - 1240) ou "Mikuláš z Riesenburka" (1240 - 1258). Alors Bernard, Nicolas, Jean, et si oui lequel? Ben on n'en sait rien. On date cependant la construction d'entre 1220 et 1270 selon la plus grande probabilité qui n'est en aucun cas une certitude. Une chose et cependant avérée, c'est que l'édifice ne remplissait pas simplement une fonction spirituelle, mais également militaire, défensive. Bâti de bloc de grès rectangulaires, l'aspect massif de l'église est accentué par une tour à l'Ouest, enchâssée dans le prolongement de l'unique nef. A l'intérieur, un surprenant système d'escaliers et de couloirs s'intègre dans l'épaisseur des murs épais. Même les rares fenêtres hyper-étroites rappellent plutôt des meurtrières de château-fort que des fenêtres d'église. Nul doute que dès sa conception, l'édifice avait été conçu, en cas de danger, comme élément de défense et de protection pour la population environnante. Du reste la légende raconte qu'il existerait (existait?) un réseau de galeries souterraines qui mènerait depuis"Prosek" (quartier) par l'église St Barth, puis "Dolní Počernice", "Chvaly" (la cave de la taverne), "Vinoř" (le château), "Jenštejn" (le château aussi) jusqu'à "Stará Boleslav".
Nombreuses galeries ont été trouvées dans ces environs, malheureusement soit effondrées, soit volontairement murées afin d'éviter aux sales gosses de s'y perdre. Enfin bref... après 300 ans d'appartenance à l'évêché praguois, le domaine épiscopal de "Kyje" et l'église St Barth passent en 1306 dans les mains pleines de doigts de l'archidiaconé de "Bílina". Notez qu'il s'agit de la première mention écrite de l'église de "Kyje", et notez surtout oh combien l'évêque vicelard évita de nommer l'édifice afin que les historiens se turlupinent les neurones à savoir de sacré nom di diou d'à qui que cette église était-elle donc consacrée avant St Barth: "Regesta diplomatica nec non epistolaria Bohemiae et Moraviae, Pars II, p.1214, c.2775. 1306, 20 Jul. Pragae. Johannes, episc. Prag. archidiaconatui Belynensi in redditibus nimis tenui annecdit ecclesiam parochialem in Kyg. [...]" Sinon, il y avait également céans un domaine vassal de "Kyje" assujetti à la noblesse, mais je ne vous en parlerai pas ici afin de faire succinct. Plus tard Paf, et on se retrouve au début du XVII ème siècle, parce qu'entre 1306 et 1600 quelque chose, ben on n'a pas d'info sur notre édifice. Donc début du XVII ème siècle, l'on construisit côté Nord une sacristie bouchant ainsi l'entrée originelle de l'église."Ah oui dis-donc, c'est couillon ça, qu'on ne puisse plus rentrer dedans" finirent par se dire quelques habitants sagaces au bout de quelques jours. L'on perça alors la nouvelle entrée à l'Ouest, avec un nouveau portail et une antichambre sous la tour pour s'essuyer les pieds. L'église fut également gratifiée du premier mobilier baroque, et la décoration se poursuivit par le crépissage et la re-peinture des fresques originelles, puis par la mise au clou d'une nativité peinte en 1655 par "Jan Jakub Stevens ze Steinfelsu", selon mes sources.
Du coup ça sent la couillonnerie, car en 1655, "Jan Jakub" avait 4 ans, et par la suite il fut particulièrement renommé non pour ses peintures sur toile, mais pour ses fresques murales (cf. les voûtes de la basilique mineure de "Břevnov", "Lobkovický palác" côté "Malá Strana", l'abbaye de "Broumov"...). La nativité serait donc plutôt à mettre au compte du père, "Antonín Arnošt Stevens ze Steinfelsu". En 1736, le retable principal fut garni d'un St Bartholomé (auteur inconnu), lequel fut repeint au XIX ème siècle par le célébrissime "Josef Vojtěch Hellich" (peintre, archéologue, muséophile, collectionneur d'antiquités et chasseur de papillons...). Bon, mais je vous dis ça vraiment pour info, parce qu'il n'y a plus de retable dans l'église aujourd'hui, et je n'ai pas la moindre idée d'où que ce meuble aurait été remisé. Dans la mi-XVIII ème siècle après Jean-Claude, les fenêtres moyenâgeuses furent murées, tandis que de nouvelles, plus larges, furent percées si proprement, qu'elles endommagèrent les fresques de la nef, alors invisibles puisque cachées sous une épaisse couche de crépis. Une première restauration eut lieu dans la seconde décennie de la seconde moitié du XIX ème siècle. La tour fut débarrassée de son mâchicoulis en bois, et augmentée d'un étage. Mais la plus importante information, c'est la découverte lors de cette restauration des fresques gothiques (j'y reviendrai plus en détail plus loin). Sans doute par manque de pognon, elles ne furent aucunement restaurées mais recrépies, et encore de déplorable façon (ce n'est qu'en 1988 que l'on commença à réellement s'y intéresser). Dans cette même seconde décennie de la seconde moitié du XIX ème siècle, l'on cessa d'enterrer sur le cimetière entourant l'église, et aujourd'hui il ne reste plus qu'une poignée de tombes néo-classiques afin de rappeler l'activité funèbre autrefois là pratiquée. Juste avant la révolution anti-con-muniste dite de velours, les fenêtres baroques furent alors murées, et les romanes restaurées au mieux de ce qu'il en restait.
Et parce que ces petites fenêtres étaient vraiment très petites, et ne laissaient pas passer assez de lumière pour que le curé puisse lire sa bible sans se planter de saint, l'on inventa alors dans les murs Nord et Sud des fenêtres supplémentaires qui n'existaient pas au moyen-âge, et l'on endommagea encore plus un des chefs-d'oeuvre toujours crépis. A partir de 1988 donc, l'on restaura une partie des fresques originelles, et c'est ce travail que vous pouvez voir encore aujourd'hui (je reviendrai sur les fresques plus en détail et plus loin). L'édifice est long de 26 m, qui se décomposent en 2,80 m d'antichambre pour s'essuyer les pieds, suivis de 7,20 m de tour pour regarder au loin, suivis de 9,82 m de nef pour y mettre tout le monde dedans, terminés par un choeur long de 6,18 m et large de 7,4 m. La largeur de l'antichambre, de la tour et de la nef est de 10,05 m, quant au choeur, il est large 5,45 m. La hauteur maximum de la nef (pour les camions) est de 9,46 m, du choeur (pour le curé) de 7,95 m. Les fresques Et donc le morceau de choix, le nec plus ultra du riz de veau, la suprême excellence de la truffe du Périgord, le sot-l'y-laisse au goût noisette de cette église, ce sont les fresques. Et y en a des romanes, et y en a des gothiques. Les plus anciennes, dans le choeur, sur la partie haute du mur Sud représentent la crucifixion (du Christ) accompagnée d'un nombre copieux de célébrités (presse people). Et ce qui est remarquable en cette crucifixion, c'est la similitude avec la crucifixion du "Mater Verborum", datée de la première moitié du XIII ème siècle: la poitrine semble presque féminine, l'abdomen musclé est en forme de m minuscules, l'inclinaison de la tête, les bras fléchis, le corps ondulé et les pieds cloués d'un seul clou.
Bon, mais une fois qu'on a dit ça, la similitude, ben on ne peut rien dire de plus, parce que mes sources sont muettes sur tout développement de cette similitude. En l'église, le crucifié est entouré à gauche de la mère Marie, des frangines Marie Salomé et Marie Jacobé (selon La Légende Dorée). A droite, le crucifié est entouré de St Jean l'évangéliste, de St Jean le baptiste et d'un évêque praguois anonyme froqué de nippes liturgiques et qui célèbre la messe un vendredi saint (le jour de la crucifixion) comme l'indique le texte sur le ruban informatif. Notez les frusques des Marie et de l'évêque représentées (les frusques) selon une forme avancée de la technique du "drapé cassé" (angles droits), alors que les frusques du crucifié et des saints sont représentées selon la technique du "drapé volant" (angles arrondis). Les modèles ayant servi à la représentation des premiers devaient être plutôt anciens, alors que les modèles ayant servi à la représentation des seconds étaient contemporains, comme le fameux Christ du "Mater Verborum". Sous cette scène, et donc toujours dans le choeur mais sur la partie basse du mur Sud, se trouve un évêque muni d'un fanion représentant la maison"Benešovci" facilement reconnaissable à sa "flèche enroulée".
Parenthèse. La "flèche enroulée", typique des armoiries des "Benešovci" se nomme en Tchèque "zavinutá střela", ou "Odřivous", du PLonais "Odrowąż". En fait, on devrait parler de "flèche à moustache" (en PLonais dans le texte), parce que selon la légende (cf. "Kasper Niesiecki, Herbarz Polski, Vol. VII p. 24")... Je fais succinct, parce que le PLonais et moi... La légende raconte qu'il était une fois, en Moravie, un preux archer fort adroit. Et la légende raconte qu'il était une fois (sans doute la même fois), un païen, qui était très fort pour monter sur ses échasses (c'est PLonais comme légende, je vous préviens de suite). Pis il était aussi toujours la même fois sans doute, un empereur, roi du sel et apparemment mal luné. Pis la légende raconte qu'un jour, que je n'sais pas pourquoi, l'empereur, le païen et le preux archer finirent dans un sac de noeuds, et qu'à la fin le païen perdit son nez et sa moustache qui se retrouvèrent en les mains de l'empereur avec une flèche qui (l'empereur) offrit ce trophée à l'archer qui le mit en ses armoiries. Alors je remercie par avance ceux qui lisent le PLonais mieux que moi, et qui savent comment on traduit "Odrowąż" en Français, de bien vouloir me contacter afin d'apporter plus de lumière sur cette légende plutôt confuse. Bon, mais c'est pas indispensable pour notre église vers laquelle je reviens après cette parenthèse. Et donc l'évêque représenté n'est autre que"Tobiáš z Bechyně (a z Benešova)" († 1296), personnage plutôt important pour le royaume dont il assurait implicitement la gouverne alors que le roi "Václav II" n'avait pas encore de poil aux roupettes. En ces temps, le mitré se prit en grippe avec "Záviš z Falkenštejna" (issue de la noble famille des "Vítkovci", qui donnera moult lignées célèbres comme les "Rožmberkové") pour une triste histoire de charentaises (pantoufles) prêtées et pas rendues, au point que la fortification de notre église serait la conséquence des différents entre ces 2 bougres.
A force de complots politiques, "Tobiáš" finit par obtenir la tête de son rival "Záviš" comme de toute la famille "Vítkovci". Le jour du massacre, il twitta "Memento soleas Carantoni! #StercorisVítkovci". Du reste le domaine de "Tobiáš" était constamment en proie aux convoitises, comme le prouve cette lettre de doléance détaillant comment des bougres malfamés pillaient son domaine et volaient ses chevaux (notez qu'il s'agit de la première mention écrite du bled "Kyje", en 1289, sous sa forme latine de "Kig"): "Formulář biskupa Tobiáše: Excellentissimo et precordiali domino suo, domino Wenceslao dei gracia regi Boemie et marchioni Moravie Thobias Pragensis episcopus se totum cum sincere fidei et devocionis constancia paratum ad ipsius beneplacita et mandata.[...] et dominum recurrentes, quem ad modum spolia et rapinas in Kig curia nostra et villis aliis episcopatus nostri eidem curie adiacentibus per Conradum et Henricum de Altenburch passi sumus, hostiliter perpetrata [...] Nam idem viri malivoli, spolio, per quod nos et nostros iu prefata curia nostra de Kig equis quam pluribus [...]". Quant à la représentation peinturlurée du prélat, elle serait des années 90 du XIII ème siècle. De cette même période datent les fresques de St Jean l'évangéliste et de St Jacques à droite de l'évêque, identifiées par les inscriptions au-dessus des têtes respectivement étiquetées. Notez comme leurs auréoles dépassent du cadre dans lequel les 2 bougres sont inscrits, afin d'en rehausser leur importance. "Vanitas Vanitatum et omnia Vanitas". Ensuite sur le mur Nord du choeur se trouvent 3 évêques.
Proche de l'évêque "Tobiáš" et relativement bien conservé, pourrait se trouver le dernier évêque de Prague "Jan IV z Dražic" (si l'on considère que son successeur fut nommé archevêque pendant son mandat, et que tous les suivants furent uniquement archevêques, l'évêché de Prague ayant été promu en archevêché en 1344). Jean IV fut un personnage particulièrement important, et vécut jusqu'à l'âge canonique de plus de 80 ans. Intronisé évêque en 1301, il prit de suite sa charge à bras le corps comme vous pouvez lire dans son CV: - 1310: soutien à Jean l'Aveugle au poste de roi de Bohême. - 1311-1312: membre du concile de Vienne qui mit fin aux Templiers. - 1313: accompagnement de l'Empereur à la diète d'Empire à Nuremberg. - 1315: gouverneur de Bohême par intérim et pour dépanner un pote. - 1312-1316: metteur de pieds aux culs des dominicains, propagateurs zélés de l'inquisition envers les béguines, pauv' dames bien bonnes par ailleurs. Et justement, de par son opposition aux imbéciles, il fut dénoncé au pape Jean XXII comme agitateur réactionnaire, voire hérétique. Ce dernier se le fit appeler en Avignon en 1318, afin qu'il s'explique de manière circonstanciée, ce qu'il fit apparemment avec la plus grande ferveur puisque ce n'est que 11 ans plus tard que Jean IV revint en Bohême. Il mit alors en chantier ou fit restaurer nombreux édifices en la ville épiscopale de"Roudnice nad Labem": restauration du château, fondation du monastère augustin, construction du pont de pierre détruit par les Suédois (fumiers!) lors de la guerre de 30 ans, sans parler des nombreuses activités intellectuelles et culturelles auxquelles il mit le pied à les trier :-)
Mais Prague ne fut pas en reste, reconstruction de l'église St Guy, retapage de la cour épiscopale de "Malá Strana"... et d'autres ailleurs itou. En son hommage se nomme aujourd'hui la place "Dražického náměstí", à droite du Pont Charles, à l'emplacement de l'ancienne cour épiscopale dont il ne reste plus qu'un pan de tour dans les murs de la cour de la maison 47/16 de la rue "Mostecká" (fumiers de hussites), visible si vous demandez gentiment au personnel. Tiens, anecdote, alors qu'il s'en rendait en Avignon sur l'injonction de son directeur général Monsieur le pape, "Jan IV z Dražic" traversa le pont de la Guillotière à Lyon, puis le pont Bénézet d'Avignon (le fameux pont d'Avignon). "Ah oui dis-donc, un pont, c'est pas con" se dit-il dans sa barbe d'à lui comme ça (cf. "Cronica Francisci Pragensis: Unde ipse videns multa in Albea flumine pericula et hominibus et maxime pauperibus evenire dampna et incommoda, misericordia motus ibidem in Rudnicz pontem fieri disposuit ultra flumen"). Et pendant les 11 ans qu'il passa à Avignon, l'idée du pont lui trotta dans la tête sans cesse. Aussi une fois de retour au pays (Bohême), il se dit que quand même un pont, quelle excellente idée. Sauf que comme les indigènes du cru, z'avaient pas encore inventé l'eau tiède, ben il fallut sous-traiter à l'extérieur, à un professionnel, en particulier à un certain Guillaume d'Avignon ("Vilém z Avignonu"), qui selon les historiens, aurait été membre de la confrérie des frères pontifes, lesquels, selon les légendes historiques, seraient à l'origine de la construction des 2 ponts français vus par l'évêque lors de son trajet, à savoir le pont de la Guillotière à Lyon et le pont Bénézet à Avignon. (cf. "Cronica Francisci Pragensis: Et quia magistros ad tale opus peritos in regno Boemie nec in vicinis provinciis potuit reperire, unde misit ad curiam Romanam pro magistro Guilhemmo, optime in huiusmodi arte perito").
En 1333, Guillaume et ses compagnons se mirent au travail, et en une année, en plus du dessein des plans, ils construisirent un maillon, soit 2 piliers et une arche, puis ils repartirent en pénates leurs (cf. "Cronica Francisci Pragensis: Et anno Domini MCCCXXXIII, anno vero ordinacionis eiusdem domini episcopi XXXII, in festo sancti Bartholomei apostoli cum reliquiis sanctorum et magna devocione ac solempnitate in medio fluminis Albee pro fundamento aptatos et magnos lapides posuerunt. Prefatus quoque magister cum suis complicibus duos pilares pontis et unam testudinem perfecerunt. Et anno sequenti una cum suis copiose a domino episcopo remuneratus et honoratus ad propriam patriam est reversus"). Les indigènes du cru entre temps apprirent (à fabriquer de l'eau tiède), et terminèrent le pont en 7 ans, à raison d'un maillon par année comme ils avaient vu faire par le maître (cf. "Cronica Francisci Pragensis: Dominus vero episcopus per alios artifices gentis nostre, qui ab illis advenis complete fuerant informati, de lapidibus solidis et dolatis ipsum pontem cum maximis sumptibus et expensis excellenter et laudabiliter complevit"). Mieux, seulement une petite vingtaine d'années plus tard, et forts de l'expérience du pont de "Roudnice nad Labem", ces mêmes indigènes du cru contribuèrent à la construction du pont Charles à partir de 1357. Du moins les historiens le soupçonnent fortement, parce qui d'autre aurait reçu l'expérience théorique mais aussi pratique de la construction d'un tel chef-d'oeuvre d'ingénierie? Le pont aujourd'hui inexistant de fut le premier pont en pierre à traverser l' Elbe, et le troisième pont de pierre du royaume (après le pont Judith 1158-1172 et le pont de , vers 1280, toujours debout). Bon, mais revenons à nos fresques.
Donc comme je disais, proche de l'évêque "Tobiáš", pourrait apparemment se trouver "Jan IV z Dražic". Il y a bien un fragment d'inscription au-dessus de sa tête, mais pas vraiment compréhensible. En fait pas vraiment compréhensible pour savoir qui c'est, mais suffisamment compréhensible pour dater son origine d'entre 1330 et 1343 (d'avant le 27 juin). A gauche de Jean IV, se trouve un autre évêque dont on ignore l'identité avec certitude, d'autant plus que le fameux percement de fenêtres de la mi-XVIII ème siècle vint compliquer la question encore plus. Selon les experts, il pourrait s'agir de l'évêque fondateur de l'église dont on a retrouvé le texte gravé sur le mur du choeur en 1781 et dont il ne reste plus qu'une copie manuscrite dans le livre paroissial. Mais comme on ne sait même pas de quel mitré il s'agit dans le texte, on le sait encore moins dans la fresque trouée. Quant au dernier évêque, proche de l'arc séparant la nef du choeur, c'est simple parce que c'est marqué au-dessus et c'est lisible (enfin). Il s'agit du premier archevêque de Prague"Arnošt z Pardubic". Mais attention, cet archi-évêque n'est pas originel d'avec les 2 autres, nenni, il a été rajouté plus tard, par-dessus un autre quidam inconnu. La fresque est d'une toute autre qualité artistique, en particulier son visage de 3/4 versus les "pleines faces", et remonte d'après sa prise de galon, après 1344. Alors concernant l'Ernest, je pourrais vous en raconter des vertes et des pas mûres parce qu'une abondante littérature en langues diverses lui fut consacrée, mais afin de ne pas surcharger ma publie qui d'ores et déjà s'annonce conséquente, je vais juste rappeler quelques points importants. Premier point, il étudia 14 ans en Italie (Bologne et Padoue) où il apprit, outre la cuisson des nouilles "al dente", le droit, et accessoirement l'amour de la culture, de l'art et de l'architecture (et des femmes? Cf. plus loin). En tant qu'étudiant, il voyagea (moins cher) en Avignon, et tomba amoureux de Marie-Madeleine (Play-boy n'avait pas encore été inventé, et fallait bien que puberté se passe. Cf. la représentation iconographique de pécheresse repentie: longue chevelure, poil soyeux, nudité lascive, l'oeil vif, la fesse fraîche et le sein arrogant, l'autre sein, l'autre oeil et l'autre fesse itou également...). Et justement, une fois la mitre épiscopale sur sa tête posée et ses roupettes au placard remisées, il n'en oublia pas pour autant son ancien amour de jeunesse, et fit construire à "Český Brod" un hôpital pour pauvres, un monastère pour capucins et une église pour andouilles consacrée à Marie Madeleine. Puis dans notre église St Bartholomé de "Kyje", il fit peindre sur le mur Nord du choeur une scène peu commune en Bohême: l'élévation de Marie-Madeleine. Pour ceux qui l'ignoreraient, non seulement les anges nourrirent Marie-Madeleine pendant ses 30 ans d'ermitage dans le désert (cf. "Vita eremitica beatae Mariae Magdalenae: triginta annis omnibus hominius incognita mansit. In qua etiam nullum alium sumpsisse cibum nisi angelicis ei manibus allatum ad tempus"), mais en plus, ces mêmes anges l'emmenaient dans les airs afin qu'elle ne loupe pas une seule messe à la télé (cf. "Vita eremitica beatae Mariae Magdalenae: Angelos suos Deus cotidie sua pietate mandat ut divinum michi officium singulis dierum horis persolvant. Qui et me frequenter deducunt in aera in quibus repleor suavitate melliflua").
Ah oui, point important: dans notre contexte: Marie-Madeleine et Marie-l'Egyptienne sont une seule et même personne. Il ne s'agit bien entendu que d'une hypothèse, mais communément admise par les historiens, alors que les théologiens continuent à bien séparer les 2 personnes afin de ne pas corrompre une âme pure et originellement vierge (Marie-Madeleine de Magdala, parfois d'Ephèse) avec une vile pécheresse repentie (l'Egyptienne). Et cette fresque de l'élévation de Marie-Madeleine dans notre église est également datée d'après les experts d'après 1344 (mais d'avant Picasso). Pis toujours dans la série "fresques", il est encore les 4 évangélistes sur la voûte du choeur, ainsi que 2 apôtres sur le mur sud. Pour les évangélistes, c'est avéré puisqu'ils sont facilement reconnaissables à leurs attributs. Par contre pour les apôtres, c'est nettement moins clair, malgré que leurs attributs... enfin selon ma grand-mère qui avait le compas dans l'oeil... Bref, certains penchent pour St Tomas et St Paul, d'autres pour St Frusquin et St Nectaire (tout St Pleument). Ces fresques sont nettement plus récentes puisque datées de 1579. Bon, et il y a encore d'autres fresques (cf. la photo du fax-simulé) sur les thèmes du jugement dernier et de la nativité, que malheureusement ni vous ni moi ne pouvons voir, parce qu'elles se trouvent sous une couche de crépis depuis le XIX ème siècle, date de leur découverte, de leur description, puis de leur recrépissage dans un but de conservation. On ne sait pas grand-chose sur ces motifs, sinon qu'ils existent, mais depuis plus de 100 ans, personne ne les a expertisés. J'ai bien évidemment posé la question du "et pourquoi?" à la dame-guide, et la réponse fut regrettablement triviale: y a pas de pognon. Et afin de bien faire pénétrer le message dans ma caboche de benêt naïf, elle m'en rapprocha d'avec la réalité des dernières restaurations récemment terminées: les millions (de sous), les années (d'analyse et de conservation), les polémiques (d'experts), les contraintes (d'hydro-climatologie)... Et tout ça pour une période donnée d'années d'entre 8 et 14 (ans), parce que selon les fresques (qualité, technique, chimie, moisissure...), ces millions, années, polémiques, contraintes... se répètent indéfinirégulièrement. "Non non, vaut bien mieux qu'elles restent crépies ces fresques" conclut-elle.
Du coup, l'on est en droit d'espérer qu'une fois découvertes, ces représentations apporteront peut-être quelques réponses aux questions aujourd'hui existantes. Divers Alors parmi les anecdotes ridicules, y a la première pierre. La première pierre de l'église St Bartholomé de"Kjje" a été bénite par le pape Jean-Paul II en 1997 (pour vous dire combien ça lui a changé la vie, à la première pierre) et devrait être exhibée dans le quartier de "Černý Most". Mais le projet aurait apparemment pris du retard (depuis 1997?), aussi la pierre se trouve toujours en l'église St Barth. Je me demande bien à quoi ça va servir, une première pierre bénite par le pape, dans ce quartier hypra-commercial? Auparavant, lorsque le peuple sentait la charogne alors que la noblesse fleurait l'eau de Cologne, l'on construisait en hauteur une tribune dedans l'église afin de séparer le bon grain de l'ivraie, une tribune avec son entrée spéciale VIP depuis les appartements de monseigneur. Aujourd'hui, la tribune VIP sert de tribune d'orgue, tandis que l'entrée est visible de l'extérieur, au-dessus de l'antichambre essuie-pompes, transformée en fenêtre, mais conservant toujours son portail de porte d'origine. Une grande partie des informations de cette publie proviennent des études de madame"Jaroslava Náprstková", une plus petite partie provient de madame la guide présente sur place au moment de l'évènement ( nuit des églises) et dont je n'ai pas retenu le nom puisque je ne l'ai pas demandé (andouille que je suis). Pis d'autres parties plus petites encore proviennent de sources médiévales diverses que j'ai l'heur d'avoir à ma disposition. Je remercie sincèrement tous et toutes pour leur riche contribution à l'élaboration de cette publie, et leur souhaite tout plein de bonheur, de santé et de fertilité dans la vie d'à venir. Bien, et pour mettre un point final à cette fabuleuse église romane St Bartholomé de"Kjje" dont les fresques exceptionnelles peuvent se targuer d'être les plus mieux dans tous les domaines de l'art roman en République tchèque, je viens de visiter la semaine dernière la fabuleuse église romane St Jacques le majeur de "Stříbrná Skalice", dont les fresques exceptionnelles peuvent se targuer d'être les plus mieux dans tous les domaines de l'art roman en République tchèque. Allez savoir laquelle des 2 églises mérite le titre de la plus fabuleuse église romane dont les fresques exceptionnelles peuvent se targuer d'être les plus mieux dans tous les domaines de l'art roman en République tchèque, mais je vous prépare sous peu une publie sur cette dernière église St Jacques le majeur, aussi vous pourrez comparer et juger. L'église romane St Bartholomé se trouve ici: 50.0977603N, 14.5480869E.