Jacques Vergès est mort jeudi 15 août à l'âge de 88 ans.
Il avait notamment défendu le dignitaire nazi Klaus Barbie lors de son procès à Lyon, en 1987. Parfois décrit comme «l'avocat de l'indéfendable», il comptait aussi parmi ses anciens clients le terroriste Illich Ramirez Sanchez, dit «Carlos», et l'ancien président serbe Slobodan Miloševic, reconnu coupable de crime contre l'humanité en 2002. L'un des derniers a l'avoir recruté était l'ex-président de la Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo, en 2011, qui l'avait engagé avec un autre grand nom du barreau, l'avocat et ex-ministre Roland Dumas.
Il ne peut y avoir d'avocat de "l'indéfendable" à partir du moment ou l'on estime que tout individu a droit à l'exercice de la même justice.
Né en 1925 d'un père consul de France et d'une mère vietnamienne, Jacques Vergès, surnommé «le Chinois», avait aussi été résistant pendant la deuxième Guerre mondiale et s'était affirmé comme un anticolonialiste convaincu. Sa carrière d'avocat avait débuté lors de l'affaire de la Sonacotra, sur les frais illégaux au sein des foyers visant des étrangers en situation irrégulière. Bien plus tard, il sera aussi l'un des avocats d'Omar Raddad.
L'avocat et ancien ministre sous François Mitterrand Georges Kiejman, a rendu hommage à sa manière à son «meilleur ennemi» dans les tribunaux : «Jacques Vergès était un homme fascinant et mystérieux. Sa dimension intellectuelle dépassait le cadre judiciaire. Il faisait partie des deux ou trois avocats extraordinaires de ma génération. Pendant la guerre d'Algérie, il a été physiquement très courageux et a risqué sa vie (il militait pour le FLN), a-t-il confié. C'est sans doute la période la plus glorieuse de sa vie. Au fil des années, ses convictions ont évolué. Il a défendu les intérêts des Allemands nazis ou des terroristes comme Carlos. Le personnage avait changé. Il n'avait pas perdu son talent mais sans doute de sa puissance de conviction.»
L'avocat et député (FN) Gilbert Collard a lui aussi salué la mémoire de son confrère. «Il était de ceux qui sont capables de dire non. C'est ce dont nous avons besoin aujourd'hui. D'hommes capables d'être aux cotés de ceux sur lequel tout le monde s'acharne», a déclaré l'élu sur BFMTV.
Vergès est une énigme; il ne peut laisser indifférent; il doit poser quelques questions à la gauche ...