Tout comme les villes profitent du mois d’août pour entreprendre leurs travaux de voierie qui nécessitent de bloquer des tronçons de rues, le Carrefour Market à côté de chez moi en profite pour refaire son magasin. La période est propice bien évidemment puisque la majorité des gens sont partis en vacances. La gêne occasionnée ne touche ainsi qu’une minorité.
En ce moment, donc, faire ses courses n’est pas une sinécure. Les travées de rayonnages ne sont plus à leur place habituelle, les rayons se chevauchent dans un joyeux bordel – certainement astucieux pour les rénovateurs des lieux mais particulièrement éprouvant pour les clients.
Les consommateurs errent l’air hagard et le chariot hésitant, perdus dans cette cathédrale où l’on ne retrouve plus ses saints. Le café est à côté des tampons périodiques, miels et confitures avec la boucherie. La logique mise à mal, le client épuisé par l’effort intellectuel nécessaire pour trouver ses yaourts et son paquet de jambon ne sait s’il doit rire ou pleurer de la situation.
Me croyant plus malin qu’un autre et voulant m’éviter des recherches vouées à l’échec, j’hèle une employée du vaisseau en perdition, « Où se trouve le pain de mie, s’il vous plaît ? », aimable elle me propose de la suivre dans ce dédale invraisemblable d’armoires réfrigérées et de meubles disposés à la va-comme-je-te-pousse. Son pas assuré me rassure, l’indigène connait son territoire et ça ne va pas trainer. A droite, à gauche, encore à droite et mine ahurie de ma guide. Je devine qu’elle est perdue. Pourquoi se perdre à deux quand je peux le faire tout seul, je la remercie et lui propose de continuer à ranger ses casiers d’où je l’ai retirée. D’ailleurs, le pain de mie je peux m’en passer pour cette fois. Mais je suis tombé sur une têtue. Mon pain est devenu le sien, son honneur est en jeu. Elle hâte le pas, scrute des longueurs d’étagères à n’en plus finir et sentant la défaite proche s’en prend à une autre collègue, lui posant la même question que moi quand je fis sa connaissance. Coup de pot, celle-ci connait Harrys et l’a vu récemment près des boites de thon à l’huile, « Là, derrière ce meuble ! ». La partie de cache-cache s’arrête là, nous nous saluons en nous souhaitant bonne chance.
Je consulte ma liste de courses, si je mets autant de temps pour trouver chacun des autres articles je ne serai pas rentré pour déjeuner, dans ces conditions une partie de mes achats ne me sert à rien. J’envisage un repli tactique vers les caisses illico. Sur mon chemin, l’air enfariné bouche ouverte des clients me conforte dans ma décision ; tant que les travaux ne seront pas terminés, je ne reviens plus dans ce magasin, mon stock de nouilles et sardines à l’huile pourvoira à mes besoins immédiats.
Tout comme les villes profitent du mois d’août pour entreprendre leurs travaux de voierie qui nécessitent de bloquer des tronçons de rues, le Carrefour Market à côté de chez moi en profite pour refaire son magasin. La période est propice bien évidemment puisque la majorité des gens sont partis en vacances. La gêne occasionnée ne touche ainsi qu’une minorité.
En ce moment, donc, faire ses courses n’est pas une sinécure. Les travées de rayonnages ne sont plus à leur place habituelle, les rayons se chevauchent dans un joyeux bordel – certainement astucieux pour les rénovateurs des lieux mais particulièrement éprouvant pour les clients.
Les consommateurs errent l’air hagard et le chariot hésitant, perdus dans cette cathédrale où l’on ne retrouve plus ses saints. Le café est à côté des tampons périodiques, miels et confitures avec la boucherie. La logique mise à mal, le client épuisé par l’effort intellectuel nécessaire pour trouver ses yaourts et son paquet de jambon ne sait s’il doit rire ou pleurer de la situation.
Me croyant plus malin qu’un autre et voulant m’éviter des recherches vouées à l’échec, j’hèle une employée du vaisseau en perdition, « Où se trouve le pain de mie, s’il vous plaît ? », aimable elle me propose de la suivre dans ce dédale invraisemblable d’armoires réfrigérées et de meubles disposés à la va-comme-je-te-pousse. Son pas assuré me rassure, l’indigène connait son territoire et ça ne va pas trainer. A droite, à gauche, encore à droite et mine ahurie de ma guide. Je devine qu’elle est perdue. Pourquoi se perdre à deux quand je peux le faire tout seul, je la remercie et lui propose de continuer à ranger ses casiers d’où je l’ai retirée. D’ailleurs, le pain de mie je peux m’en passer pour cette fois. Mais je suis tombé sur une têtue. Mon pain est devenu le sien, son honneur est en jeu. Elle hâte le pas, scrute des longueurs d’étagères à n’en plus finir et sentant la défaite proche s’en prend à une autre collègue, lui posant la même question que moi quand je fis sa connaissance. Coup de pot, celle-ci connait Harrys et l’a vu récemment près des boites de thon à l’huile, « Là, derrière ce meuble ! ». La partie de cache-cache s’arrête là, nous nous saluons en nous souhaitant bonne chance.
Je consulte ma liste de courses, si je mets autant de temps pour trouver chacun des autres articles je ne serai pas rentré pour déjeuner, dans ces conditions une partie de mes achats ne me sert à rien. J’envisage un repli tactique vers les caisses illico. Sur mon chemin, l’air enfariné bouche ouverte des clients me conforte dans ma décision ; tant que les travaux ne seront pas terminés, je ne reviens plus dans ce magasin, mon stock de nouilles et sardines à l’huile pourvoira à mes besoins immédiats.