Les enseignements de la crise égyptienne

Les massacres de ces dernières heures en Egypte ( c'est malheureusement le vocable le plus approprié) sont effroyables, mais au vu de l'évolution de la situation et de la radicalisation de chaque camp, ils étaient quasiment inéluctables. Et le pire est à craindre pour les jours à venir. Cependant, de cette situation chaotique, on peut d'ores et dèjà retenir quelques enseignements, qu'il faudra garder à l'esprit pour suivre l'évolution dans les autres pays arabes :

- Le processus révolutionnaire, la plupart du temps, peut s'avérer excessivement long et chaotique. il a fallu presque 100 ans. Les révolutions, les vraies, celles qui sont le fruit de la volonté du peuple, pour c Nous le savons bien en France puisqu'entre 1789 et l'avènement durable de la démocratie, onquérir de nouvelles libertés fondamentales doivent toujours faire face aux pesanteurs profondes de la société, notamment dans les zones les plus reculées où règnent la pauvreté et l'analphabétisme. Les populations les plus humbles sont à la fois celles qui ont les plus intérêt au changement, celles qui y sont le plus réticentes, mais aussi les plus silencieuses et les plus nombreuses.

- Un pouvoir militaire ne peut jamais être autre chose que brutal et autocratique : partout dans le monde où les militaires sont au pouvoir, c'est un règime autoritaire qui s'instaure où certaines libertés fondamentales sont menacées. Les médias occidentaux, à la différence des chancelleries, c'est à noter, ce sont réjouis du coup de force des militaires pour éjecter Mohammed Morsi du pouvoir, c'est bien la preuve qu'ils n'avaient rien compris à l'Histoire, et encore moins au déroulement de la Révolution égyptienne. A deux reprises déjà, le peuple égyptien avait rejeté l'armée, s'il a accepté son retour une troisième fois, ce n'est que par défaut et avec l'espoir qu'elle redonne le pouvoir aux civils le plus rapidement possible.

- Il n'y a pas d'islamisme modéré : là encore, en Turquie, en Tunisie, mais aussi en Egypte, on nous a vendu la légende de partis islamistes prêts à se convertir à la démocratie et au respect des libertés fondamentales qu'elle implique. On voit bien dans chacunde ces pays qu'il n'en est rien, et particulièrement en Egypte. C'est parce qu'il a essayé d'imposer la charia que le peuple s'est soulevé contre Mohammed Morsi. Et certes, si les Frères Musulmans sont dans leur légitimité quand ils réclament le respect de la constitution, il ne faut pas oublier que dans le même temps, leurs militants font preuve d'une brutalité extrême face à la minorité copte ou envers les femmes. Il n'y a aucun progrès social à attendre d'eux.

Une fois ces constats posés, nul ne peut savoir ce qui adviendra à court ou moyen terme. La seule chose de sûr, c'est qu'en Egypte, la volonté populaire, la soif de liberté s'est mise en marche, et ce processus là est inéluctable. Espérons seulement qu'il se fera le plus rapidement et avec le moins de violence possible.