"Les devoirs partagés entre auteur et éditeur" : commentaire de Ann M Cordonnier suite à l’article de Thierry Rollet…

Par Dedicaces @Dedicaces

Commentaire de Ann M Cordonnier suite à l’article de Thierry Rollet "Les devoirs partagés entre auteur et éditeur" (lire ici) :

J’ai lu avec attention l’article de Thierry et les réactions.

En tant qu’auteur, éditeur, écrivain public et lecteur, j’adhère aux propos de Thierry. L’éditeur doit faire avec sérieux la promo de ses auteurs, aller à la rencontre des lecteurs, faire parler de sa maison le plus possible et soutenir ses auteurs avec qui il doit essayer de collaborer en tenant compte de tous les impératifs littéraires et commerciaux et ce n’est pas le moindre de son travail, l’auteur étant souvent persuadé de détenir le chef d’œuvre qui n’a pas besoin de retouches. L’intérêt de l’éditeur, c’est de vendre et le plus possible. Financièrement car il doit crouter mais aussi par fierté d’avoir tel auteur à son catalogue mais le choix final revient aux lecteurs de plus en plus exigeants et c’est un bien pour la littérature.

Ecrivains, feuilletez tous les produits présentés dans les salons, faites votre marché, endossez votre costume de critique et vous me direz en pourcentage combien de livres vous seriez prêts à acheter. La pub ne fait pas tout, elle exige la qualité et l’originalité -c’est le minimum requis- qui apportent du plaisir au lecteur.

Je suis un tout petit éditeur qui débute. Je n’ai pas les reins suffisamment solides pour prendre un bouillon et mes auteurs sont d’illustres inconnus qui vendront à très peu d’exemplaires malgré toute la promo que je pourrais faire Pourtant le travail de corrections et de mise en page, les heures passées à faire la promo sera les mêmes, voire plus que pour des auteurs ayant déjà leur petite réputation. Ces auteurs ont, c’est heureux, d’autres sources de subsistance. Donner vie à leurs écrits, c’est un grand pas pour eux et peut-être une chance de se faire reconnaître mais ils doivent garder en tête que le marché du livre est envahi et pas forcément par le meilleur, – c’est le temps qui fera son œuvre-  qu’il est difficile de percer.

Il peut m’arriver de facturer les heures de corrections indispensables par respect du lecteur. Je ne compte plus les coquilles et même les fautes d’orthographe ordinaires et syntaxe qui émaillent les œuvres que je lis et les mises en page d’une laideur exemplaire. Les auteurs dont je fais partie doivent rester modestes. Si l’écriture est une aventure de longue haleine, elle ne doit pas se faire dans l’unique perspective de faire des sous, cette idée ne doit pas nous effleurer à ce stade…

Ma préoccupation dans un premier temps c’est que l’écrivain puisse avoir la satisfaction d’avoir quelques droits d’auteur et c’est déjà une prouesse sans attendre la Saint Glandouille que de pouvoir lui reverser avec un chèque même tout rikiki.

En résumé : je ferai un pont d’or au génie que j’ai peu de chance de croiser et qui n’aura que peu de modifications à apporter à son travail avant l’impression mais je devrais facturer le travail de pures corrections au quidam qui veut se faire éditer mais c’est l’écrivain public qui enverra la facture et non l’éditeur qui prendra sa commission sur chaque vente. Un jour j’en vivrai peut-être mais en attendant je suis riche de plaisir que m’apporte ce métier.

Bon écriture à tous et bonne lecture aux autres

Lecteurs, pensez à laisser un petit mot aux auteurs, ça fait toujours plaisir à ces solitaires.

Source : Bottin international des professionnels du livre


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