Dior gère sa Collection Privée comme les marques de parfumerie de niche devraient en réalité le faire : avec un détachement de la contrainte commerciale et une logique exclusivement perfumistique qui confère à l’ensemble un puissant attrait.
Les quatorze parfums qui composent la Collection sont organisés méthodiquement entre des herbacés vivifiants, des bois enivrants et des floraux lumineux. Chaque nouvelle composition semble faire écho à une de celles qui la précède, donnant à l’ensemble une cohérence qui fait que l’on retrouve dans chaque parfum les raisons qui font que l’on aime les autres.
Dans ce monde idéal, Dior a récemment donné naissance à Gris Montaigne.
Gris Montaigne est une architecture presque vaporeuse qui s’ouvre sur les facettes herbacées et floraux de la bergamote, puis qui se développe sur une rose de Turquie évanescente et sur le jasmin Indien, avant de se clore sur le fameux ciste-labdanum accompagné de cèdre, de santal et de patchouli.
Ce parfum incontestablement réussi trouve un équilibre délicat et fragile entre la densité terrienne du Chypre et la légèreté aérienne de la rose, bien que cette dernière soit très (trop ?) discrète face à des bois omniprésents – les matières fétiches de François Demachy.
On devrait toujours créer des parfums comme si on ne devait pas gagner de l’argent avec. La Collection Privée de Dior est affranchie de cette contrainte et cela se traduit par une des plus belles réussites olfactives du moment. Une gamme exemplaire qui pourrait constituer avec bonheur l’offre d’une marque de parfumerie de niche et qui lui assurerait succès et réputation.
Hervé Mathieu – Fragrance Forward
(Gamme : 125ml : 170€, 250ml : 250€, 450ml : 370€)