Aujourd’hui nous vous proposons de découvrir le designer Laval, qui a gentiment accepté de répondre à nos questions. Autodidacte, passionné de BD et de l’univers manga, il nous parle de son parcours, de ses inspirations et donne également quelques conseils pour dessiner des personnages Manga.
Bonne lecture !
- Tout d’abord, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Je me surnomme Daval. Je suis infographiste de métier, illustrateur-dessinateur de passion. J’essaie de conjuguer les deux pour réaliser mes diverses créations. Je crois qu’on peut dire que je suis clairement influencé par la culture manga. Cependant, je suis d’une génération où le manga était plutôt mal perçu. J’ai souvent essayé de m’en écarter mais plus je le faisais et plus que je me perdais.
Je pense qu’aujourd’hui je l’assume pleinement et je pense que les temps ont changé. Le regard des gens aussi. Je suis totalement autodidacte à la base. Je n’ai pas fait d’école de graphisme. J’ai suivi un cursus universitaire en langues (anglais/japonais) un DUT et j’ai récemment obtenu un diplôme d’infographiste.
- Comment t’es venu l’idée de créer ton propre site ?
Depuis plus de 10 ans, je crée des sites et blogs divers pour mettre mon travail en avant. Parfois j’ai dissocié mes activités et depuis peu j’ai décidé de tout regrouper sur un seul et unique site (www.daval-design.fr). Il devient désormais impensable de travailler dans le graphisme sans avoir de site ou de portfolio/book online.
- Dans la culture manga, quels artistes ou personnages t’inspirent ?
J’ai été gavé par tous les mangas qui étaient diffusés dans les années 80 et début 90. Puis, quand ils ont été bannis des ondes hertziennes, j’ai commencé à m’intéresser à ce qu’était réellement le manga. Il n’y avait à l’époque qu’Akira qui était traduit en français, il a fallu apprendre le japonais pour découvrir de nouvelles choses, devenir sélectif.
J’ai donc découvert de nombreux mangakas. Je ne pourrais pas dire précisément quel auteur j’affectionne plus qu’un autre. Je dirais que j’apprécie tout autant la poésie d’un Jirô Taniguchi que le fameux Naruto de Kishimoto, et en ce moment tout particulièrement le reboot de la série Evangelion.
- Naruto & Evangelion
Dans le domaine de l’animation, je suis un grand admirateur du studio Ghibli & Miyazaki bien entendu, mais je suis surtout un fan du travail de Mamoru Hosoda (La traversée du temps, Les enfants loups Ame & Yuki, Summer Wars) pour son univers.
Après cela, je suis fasciné par le graphisme pop de Murakami, le côté glauque d’Ippei Gyoubu et encore tellement de mangakas ou graphistes japonais. Je jette un œil aussi sur ce qui se fait en Corée ou en Chine (avec Hyung Tae Kim ou Benjamin).
- Flowers amp skulls exhibition by Takashi Murakami
- Illustration by Ippei Gyoubu
Mon style s’inspire donc de tout cela. Je ne sais pas si j’en fais une synthèse dans mon travail mais toujours est-il que je revendique clairement cette influence. Et je n’oublierai pas non plus le travail d’un Matteo De Longis ou d’un Arthur de Pins pour la culture européenne.
- Illustration by Matteo de Longis
- Illustration by Arthur de Pins
D’un point de vue technique, je travaille principalement avec Manga-Studio puis Photoshop (le premier car j’aime la souplesse des tracés, le deuxième pour ses couleurs et effets de lumière) mais je travaille aussi avec Artrage pour les illustrations plus traditionnelles.
- Il y a-t-il une technique particulière pour dessiner un personnage manga ? Peux-tu donner des conseils à tous nos lecteurs qui aimeraient se lancer dans l’aventure ?
Je ne sais pas s’il existe réellement un code “manga”. Quand on voit tout ce qu’il se fait de nos jours, certains mangakas sont eux-mêmes influencés par les travaux d’occidentaux. Il y a autant de différences entre un Toriyama et un Taniguchi, qu’un Franquin et un Moebius.
Pour les artistes français dits d’influence manga on parle de ”manfra”. Encore faut-il savoir ce qu’on y met dedans. Je pense que les dessinateurs français et occidentaux actuels ont digéré cette influence et on peut même l’apercevoir dans des comics américains. Ce qui définit à la base le manga est que ça soit de la BD d’origine japonaise, son mode de parution (en noir & blanc tramé la plus part du temps) et son dynamisme de mise en page. Pour les scénarios, ce sont les thèmes abordés : l’adolescence, le quotidien, l’école, la vie active (…) selon le lectorat auquel il est destiné.
Quant à la technique en elle-même, il faut travailler et travailler. Ne surtout pas négliger le côté académique du dessin, l’anatomie, la couleur, les ombres, les contrastes, etc. Les influences feront le reste et caractériseront votre style de “manga” ou non.
La curiosité est un facteur à ne pas négliger. Regarder toujours ce que font les autres. Toujours chercher à découvrir de nouvelles choses, de nouveaux auteurs.
- Tes créations s’inscrivent dans un univers très coloré. Est-ce un code du Manga ou une préférence personnelle ?
Effectivement. Lorsque j’ai commencé à coloriser mes dessins sur ordi, je faisais toujours des trucs glauques, sombres ou pastels. Je pense que j’avais peur de la couleur. Et encore maintenant, j’hésite toujours. Pourquoi telle couleur et pas une autre ?
- Iza, Death’s daughter by Daval
- Illustration by Daval
- Illustration by Daval
Dans mon parcours d’autodidacte, j’ai eu beau chercher, je n’ai jamais trouvé de guide convaincant sur la couleur. Certes, on peut trouver des guides d’harmonie des couleurs mais tout cela je pense s’acquiert avec l’expérience et la pratique et sur cela j’ai encore du chemin à parcourir. J’expérimente toujours de nouvelles choses, de nouveaux logiciels, etc. Je suis aussi admiratif du côté très pop du travail de Murakami et ses couleurs vives. J’aime aussi les couleurs très vives que l’on peut retrouver dans le graphisme actuel.
Google Doodle pour Takashi Murakami
Takashi Murakami
- Quels sont tes projets à venir ?
Je travaille depuis quelques temps sur un conte illustré que j’aimerais voir aboutir. Je ne sais pas si au final cela sera destiné à un public jeunesse ou pas. Il véhicule un message plutôt écologique…
J’ai quelques travaux d’infographiste en cour dans lesquels j’exploite mes compétences en BD/illustration, je démarre mon activité de graphiste indépendant. Et j’aimerais vraiment me remettre à la BD, que j’ai mise entre parenthèses depuis quelques années. Pourquoi pas sous forme numérique, quand je vois le succès des Webtoons en Corée.
Merci beaucoup Daval pour avoir répondu à nos questions avec autant d’engouement! Vous pouvez retrouver toutes ses illustrations sur son site daval-design.fr