Haïti, la dictature de Duvalier. Du texte de Marie Vieux-Chauvet, je ne connais que cette adaptation pour la scène de José Pliya. Trois monologues. Trois paroles de femmes adressées à nous, lecteurs ou spectateurs. Comme trois témoignages secrets, étouffés, dans cette société que menacent les tontons macoutes, faisant régner la terreur sur l’île. Plongeant dans l’intimité, Marie Vieux-Chauvet, rend encore plus visible et insupportable la violence, à travers des sentiments pervertis. L’amour d’une vieille fille pour celui qui vient épouser sa sœur puînée, la colère d’un jeune homme dont on humilie la sœur, la folie d’un poète amoureux d’une voisine. José Pliya fait raconter ces trois histoires par des femmes. Chacune va être amenée à faire quelque chose qui n’atteindra pas le but poursuivi, parce que l’injustice et l’arbitraire qui dominent la société font porter le couteau ailleurs que prévu, parce qu’il semble qu’il n’y ait pas d’autre issue que la mort sous la dictature. Que tous en payent le prix fort, qu’ils soient dépossédés de leurs biens ou dans l’impossibilité d’exprimer leurs désirs.
Pierre Chauvet, époux de Marie Vieux-Chauvet, à cause de représailles du gouvernement haïtien, avait acheté tout le stock et les droits de la première édition du roman, en 1968. Il faudra attendre plus de 30 ans pour que le roman paraisse à nouveau (l’auteure, exilée aux Etats-Unis, et décédée en 1973, ne verra pas cette publication). C’est à partir de cette réédition que José Pliya a réalisé son adaptation.
Lyonel Trouillot a écrit, à propos du roman : "Un monde dur, inhabitable. On n'y fait pas l'amour, on viole. On n'y discute pas, on torture. On n 'y donne pas, on extirpe. "