La réalité du chômage après 50 ans...

Publié le 14 août 2013 par Raphael57

Tout le monde a en mémoire cette femme au chômage, Nathalie Michaud, qui a interpellé François Hollande en marge de son déplacement en Vendée... sur le thème de l'emploi !

Elle rappelait au Président que le chômage n'était pas uniquement cantonner chez les jeunes, et que les plus de 50 ans comme elle ont beaucoup de mal à retrouver un emploi même lorsqu'ils cherchent activement. Leur échange semble démontrer l'impuissance du politique de gauche comme de droite du reste à répondre au fléau du chômage :

 - J'ai la cinquantaine, ça fait un an et demi que je cherche un emploi. Je n'ai jamais de réponses. Je suis obligée de revenir vivre chez mes parents parce que je n'ai pas de travail. (...) Qu'est-ce que vous pensez faire pour nous ?

 - Si on est là, c’est bien pour que même pour les personnes qui sont chômeuses de longue durée comme vous, on puisse trouver des solutions

Cela m'a donné l'idée d'examiner plus en détail le "marché" de l'emploi chez les 50 ans et plus...

Le chômage des plus de 50 ans

Ci-dessous un graphique qui présente l'évolution du nombre de demandeurs d'emploi depuis 2008 :

[ Source : Alternatives Économiques ]

On constate que si le chômage des jeunes est en très nette progression depuis la crise, le chômage des plus de 50 ans a quant à lui doublé en 5 ans ! Beaucoup d'explications, plus ou moins pertinentes et correspondant parfois à des idées reçues, ont été avancées pour expliquer ces chiffres pour les plus de 50 ans : les salariés les plus âgés seraient les plus chers et/ou les moins productifs, la désindustrialisation et les délocalisations auraient détruit les emplois des plus âgés, culte du jeunisme, manque de mobilité au sein d'un groupe, discrimination, etc.

De plus, les réformes successives des retraites ont surtout eu pour conséquence d'allonger l'âge de départ. Quant à la dispense de recherche d'emploi, les articles L. 5421-3 alinéa 2 et L.5411-8 relatifs à la dispense de recherche d’emploi sont supprimés; ainsi le dispositif continue de s’appliquer mais uniquement aux bénéficiaires en cours, plus aucune entrée n'étant possible.

Évolution du nombre de dispensés de recherche d'emploi depuis 1986

[ Source : Pôle Emploi ]

Cela se traduit par une hausse du taux d'activité des 50-64 ans depuis 2008 : 

Évolution du taux d'activité des 50-64 ans depuis 2008

[ Source des données :  Insee, enquêtes Emploi 1975-2011, séries longues ]

Les chômeurs de longue durée âgés de plus de 50 ans

Selon l'INSEE, un chômeur de longue durée est un actif au chômage depuis plus d'un an.

Chômage de longue durée selon le sexe et l’âge en 2011 (France métropolitaine, %)

[ Source : INSEE, enquête Emploi 2011 ]

D'après ce tableau, en moyenne en 2011, 57,8 % des personnes de 50 ans ou plus au chômage le sont depuis au moins un an ! Et si l'on regarde la durée moyenne d'inscription à Pôle Emploi, ce n'est guère mieux pour les demandeurs d'emploi de plus de 50 ans :


Durée moyenne d'inscription sur les listes de Pôle emploi des sortants de catégories A, B, C

[ Source : Pôle Emploi ]

Certes des dispositifs nombreux existent pour les chômeurs de longue durée, comme on peut s'en rendre compte en jetant un oeil sur le portail des politiques publiques de l'emploi et de la formation professionnelle. On se souvient ainsi du CDD sénior de 18 mois, qui s’adressait (et s'adresse toujours !) aux personnes âgées de plus de 57 ans inscrites depuis plus de trois mois comme demandeur d’emploi ou bénéficiant d’une convention de reclassement personnalisé (CRP). Il était censé favoriser le recrutement de certaines catégories de personnes sans emploi, mais en fin de compte ce fut un échec.  

Tout ceci achève de démontrer que, plutôt que d'opposer les moins de 30 ans et les plus de 50 ans sur la question de l'emploi, il serait judicieux de penser une réponse d'ensemble. C'était la finalité du contrat de génération de François Hollande, un dispositif d'aide à l'emploi visant à encourager l'embauche des jeunes et garantir le maintien dans l'emploi des seniors, en assurant la transmission des compétences.

Mais au-delà des doutes que l'on peut avoir sur la mise en oeuvre d'un tel dispositif, cela ne règle pas en amont le grand problème macroéconomique : la conjoncture économique est morose - nous sommes en pleine récession, n'en déplaise à Monsieur Moscovici -, les entreprises n'anticipent donc pas de reprise à court terme et limitent dès lors les embauches. Faut-il dès lors rappeler que l'économie marchande continue à détruire des emplois en 2013 ? Comment espérer dans ces conditions réduire le chômage aux extrémités de la pyramide des âges, lorsque le gâteau à se partager se réduit comme peau de chagrin ? Et je ne parle même pas de la concurrence féroce et souvent déloyale au niveau mondial, qui comprime les salaires puis les emplois... 

La réalité est celle exprimée par cette femme lorsqu'elle disait à François Hollande que "pour l'instant il n'y a rien de concret" : lorsque vous avez plus de 50 ans, vous avez toutes les peines du monde à retrouver un emploi, le CDI étant quasiment impossible à décrocher ! Même les cadres, qui sont un peu moins touchés surtout quand ils disposent de compétences pointues, sont dorénavant souvent obligés de se mettre à leur compte en faisant du conseil ou du portage salarial...