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"Folie Textile : Mode & Décoration sous le Second Empire" (Château de Compiègne)

Par Alexandra Bourdin @bouteillemer

"Folie textile : Mode & Décoration sous le Second Empire". Exposition temporaire au palais impérial de Compiègne (60) du 7 juin au 14 octobre 2013. Entrée gratuite pour les moins de 25 ans.

Le Palais impérial de Compiègne (vue du Parc)

La Bouteille à la Mer se veut être un blog littéraire mais aussi culturel et, à part de nombreuses séries et quelques films, je n’ai pas eu encore l’occasion de vous parler de mon goût pour les expositions et les musées en général. Ma toute première expérience enfant dans un musée, ça a été le château de Compiègne, ce qui n’est pas étonnant puisque c’est ma ville natale. C’est par l’histoire de ma ville et de son palais impérial que j’ai commencé par me passionner pour l’Histoire, quitte à penser en faire mon métier, avant me tourner vers d’autres sphères comme la philosophie et les Lettres. 

Pour ma première visite virtuelle d’un musée avec vous, le choix du palais impérial de Compiègne n’a pu que s’imposer, d’autant plus que l’actuelle exposition temporaire a été un gros coup de coeur pour moi. Si vous avez la chance de le visiter (et pas comme moi à 12h30 quand les appartements impériaux sont fermés), je vous invite non seulement à profiter de cette exposition remarquable mais aussi d’une visite complète du château. La salle de bal, la bibliothèque de Napoléon, la salon bleu  nouvellement restauré ou même la petite Chapelle très rarement ouverte au public vont feront chavirer.

<="" title="<b>Franz-Xavier Winterhalter, ">" alt="Eugénie par Franz-Xavier Winterhalter" src="http://bouteillemer.files.wordpress.com/2013/07/eugc3a9nie-par-franz-xavier-winterhalter.jpg?w=240&h=294" width="240" height="294" />

Franz-Xavier Winterhalter, Eugénie de Montijo

Je pourrais écrire une série de billets rien que sur le palais impérial, ses légendes, les rois et les reines qui y ont séjourné (comme Marie-Antoinette qui est accueillie par Louis XV à Compiègne après son mariage par procuration), sur l’ouverture par Napoléon Ier de l’allée des Beaux-monts identique à la perspective de Schonbrunn en cadeau à l’Impératrice Marie-Louise d’Autriche pour guérir son mal du pays ou encore les célèbres "séries" compiègnoises organisées par Napoléon III et Eugénie avec 100 invités par série, trié sur le volet, libérées de l’étiquette stricte de la cour.

Chambre de l’Empereur

Ce sont les appartements de la collection permanente qui ont aiguisé mon goût pour le style Empire, le style Second Empire et, qui ont surement préparé ma passion pour le XIXe et l’époque victorienne. Je me souviens très bien de l’exposition temporaire "Napoléon III et la reine Victoria"  en 2008 qui m’avait déjà charmée grâce à la présence de nombreuses robes de la reine Victoria à l’occasion de l’exposition universelle de 1855. J’ai eu comme un flash-back de cette expo pendant ma visite très intimiste de Folie textile (j’étais toute seule à visiter l’exposition pendant la pause- déjeuner), ce qui a renforcé le plaisir que je retiens de cette exposition sur la mode et la décoration au Second Empire.

Corsage en coton, soie, voile blanc, décoré de petits plis, de dentelle, de broderie et de rubans de faille violette. (Exposé à Compiègne et à Mulhouse).

Pour une amoureuse comme moi de la mode et des costumes d’époque (en témoigne ma passion pour les period drama de North & South à Little Dorrit), cette exposition n’aurait pas mieux pu ravir mes yeux et pourtant, comme toutes ces expositions où sont exposées robes, tissus, mobiliers tapissés, boutons de mercerie, on ne peut que sortir un peu frustrée de devoir respecter les règles élémentaires de la visite d’un musée : conserver une distance respectueuse (presque sacrée) entre le visiteur et les œuvres d’art qui y sont exposés. L’interdit du toucher s e défend bien sûr pour protéger les tissus et les robes mais une robe n’est pas une oeuvre d’art comme les autres après tout. Objet de sensualité par excellence, elle fait intervenir le corps, les sens et on ne peut pas apprécier une robe seulement à sa beauté mais aussi à la sensation d’un vêtement au toucher pour mieux apprécier les particularités de chaque tissu et leur complémentarité.

Ainsi, à défaut de pouvoir toucher quoi que ce soit, ce qui a d’emblée attiré mon attention, ça a bien sûr été les robes. J’ai admiré leurs finissions en m’approchant le plus possible des pièces exposées (ce qui est drôlement agréable quand on n’a pas une vitre entre soi et ce qu’on regarde pour doubler la distance entre nous ) pour observer le contraste entre les tissus sur une même robe ou les ornements.

Robe de jour : soie, taffetas et satin bleue, boutons recouverts. (Château Chinon : Musée du Costume) Exposée à Compiègne.

L’un de mes plus grands coups de coeur a été cette robe de jour bleue que j’ai même repérée d’assez loin avant de m’approcher religieusement d’un tel chef d’oeuvre. Pour celles qui auraient vu la mini-série The Paradise adaptée du Au Bonheur des Dames d’Emile Zola, cette robe ressemble étrangement à celle que porte Denise, il y a comme un air de ressemblance dans l’alliance singulière de tissus au rendus si différents. La pièce centrale de satin est facilement reconnaissable et donne une légère élégance à une robe portée en journée avec pour seuls ornements une série de boutons sur le corsage et sur le jupon au niveau du satin. La coupe et l’harmonie des tissus sont juste fantastiques !

Franz-Xavier Winterhatler, L’inconnue à la mantille (1869)

J’ai été aussi très touchée par une robe du soir en soie pourpre très joliment mise en valeur par une mantille noire en dentelle mais  malheureusement, la robe en question dans le catalogue en question ne rend pas de la même manière sans cette mantille. La mode étant particulièrement présente en peinture au XIXe siècle, l’exposition n’a pu de présenter quelques portraits comme ce portrait de Winterhatler, l’un des peintres fétiches de l’Impératrice Eugénie, justement orné d’une mantille espagnole noire qui laisse deviner une très belle robe blanche, peut-être pour un bal.

Alfred Stevens, La robe jaune (Salon de 1867)

Malheureusement mal mis en valeur dans l’exposition, très en retrait derrière une robe, ce tableau d’Alfred Stevens, La robe jaune, m’a attirée pour sa grâce particulière et pour le contraste entre la couleur vive de la robe et l’arrière-plan très sombre. En prenant quelques notes au fil de l’exposition, cela m’a permis de découvrir de nouveaux peintres, comme Winterhatler dont je connaissais certaines toiles sans avoir encore mis son nom derrière et Alfred Stevens qu’il me tarde de mieux connaitre son travail, tant son style en tant que portraitiste m’a séduite.

Gravure de mode d’Héloïse Leloir

L’une de mes passions, ce sont els toutes petites gravures, celles que la moitié des visiteurs passent devant sans même y jeter un œil attentif. J’adore le souci du détai, presque minimaliste, de ce genre d’œuvres qui demandent une technique peut-être plus grande que pour des peintures de grand format. Grâce à Folie textile, j’ai pu découvrir le travail d’Héloïse Leloir avec plusierus de ses gravures de mode exposées pour expliquer l’évolution de la mode au XIXe siècle et l’abandon progressif de la crinoline aux formes parfois extravagantes pour des robes beaucoup moins élaborées dans les années 1890.

Gravure de mode pour robe à disposition, avec patron.

Dans la série de mes goûts minimalistes, deux petites peintures m’ont beaucoup amusées peintes anonymement : il s’agit d’une double Vue de la chambre à coucher de la comtesse de Castiglione, une pièce entièrement recouverte de tissus roses en tous ses états ! J’ai eu l’impression d’avoir devant les yeux deux peintures d’une maison de poupée tellement le résultat est prodigieusement kitsch !

Anonyme, Vue sur la chambre à coucher de la comtesse de Castiglione

Confident

Bien sûr, cette exposition est un passage obligé pour les amoureux des mobiliers d’époque et j’ai été moi-même attirée par quelques pièces très significatives du style Second Empire. J’y ai retrouver des chaises longues, des fauteuils capitonnés dits "confortables". Toutefois, mon coup de coeur immédiat a été ce confident de tissu jaune, propice aux conversations en soirée tout en gardant un confort optimal. Vu la disposition des trois sièges, on imagine bien quels secrets ce confident doit garder en silence pour lui-même après toutes les conversations intimes qu’il a dû connaître !

Paravent décoré de morceaux d’uniformes

L’un des objets les plus remarquables de l’exposition selon moi est ce magnifique paravent, visiblement ornementé dans un style martial pour le plaisir du Prince impérial. En effet, ce paravent est décoré de pièces d’uniformes selon une technique très rare dont je n’ai pas retenu le nom. Ce qui est certain, c’est que le petit prince impérial était drôlement gâté !

Je suis sortie de cette exposition totalement conquise et, pour m’émerveiller tranquillement à la maison et préparer au mieux ce billet, je n’ai aps pu m’empêcher d’acheter le catalogue de l’exposition !

Mon butin en boutique 

Informations pratiques

Commissariat général de l’exposition : Emmanuel Starcky, directeur des musées et domaine nationaux du Palais de Compiègne et de Blérancourt,et Isabelle Dubois-Brinkmann, conservatrice au musée de l’Impression sur Étoffes de Mulhouse.

Exposition temporaire du 7 juin au 14 octobre 2013.

Palais impérial de Compiègne, ouvert tous les jours (sauf le mardi) de 10h à 18h avec une interruption de 12h30 à 13h30 pour la visite des Grands appartements. 

Catalogue d’exposition : EUR 23, 75

Adresse : Place du Général de Gaulle / 60200 Compiègne

Sachez que Compiègne est à 45 min en train de Paris en partant de la Gare du Nord. Si les parisiennes veulent se rincer l’œil avec autant de beautés, il vous faudra moins d’une heure pour venir visiter ma ville et son château. Et qui sait, si vous êtes sages et que je suis disponibles, je pourrais même jouer les guides touristiques en herbe avec vous !

N’hésitez pas à aller vous promener dans le parc du château, ses jardins à l’anglaise et son Jardin des Roses, ouvert tous les jours (sauf le mardi) de 8h à 19h. Entrée libre et gratuite.

Temple de l’Amour. Parc du Château de Compiègne


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