La croissance française du PIB a été légèrement moins mauvaise que prévue à +0,5% sur le 2e trimestre. Faut-il se réjouir comme Karine Berger ou rester prudent ?
Par Alexis Vintray.
Sans surprise, le gouvernement et le Parti Socialiste ont utilisé immédiatement ces chiffres moins mauvais que prévus (l'acquis de croissance 2013 s'élève à... 0,1%) comme une confirmation du bien-fondé de leur politique. Ainsi, pour Karine Berger, secrétaire nationale à l'économie du Parti Socialiste, c'est "grâce à la politique de l’emploi et à celle de déblocage du crédit que la France sort de récession au deuxième trimestre de cette année". Et d'ajouter "la reprise est bien là et doit continuer d’être soutenue par la triple politique mise en œuvre par le gouvernement : soutien massif à l’emploi, protection du pouvoir d’achat des Français, et relance des mécanismes de financement de l’économie pour l’investissement".
Des affirmations qui feront rire la France réelle qui a bien du mal à voir la croissance en question dans son portefeuille. Surtout, des affirmations fantaisistes si elles ne venaient pas d'une économiste dont on pourrait attendre un minimum de sérieux. Soyons sérieux à sa place et regardons la réalité des chiffres.
"Soutien massif à l'emploi"
Malgré (à cause de ?) la création massive d'emplois aidés (40 000 emplois "d'avenir" à fin juin) et l'absence de réduction du nombre de fonctionnaires, le nombre de chômeurs ne cesse de monter avec 26 mois consécutifs de hausse. En juin, ce sont 14 900 chômeurs de plus qui ont été recensés officiellement, et le nombre des chômeurs cachés ou découragés continue de monter encore plus vite. Le nombre de radiés de Pôle Emploi s'est ainsi envolé, à +8,4%, et les chômeurs découragés ont été 2,4% plus nombreux. Au temps pour le soutien massif à l'emploi.
"Protection du pouvoir d'achat des français"
Après des hausses d'impôts massives qui auront été contreproductives au point de faire baisser le rendement de l'impôt, la consommation des ménages en France reste encore largement inférieure à ce qu'elle était fin 2010 (voir tableau INSEE ci-dessous). Surtout, si la consommation des ménages a été bonne sur le deuxième trimestre, c'est en bonne partie grâce... au froid, qui a contraint les Français à dépenser pour se chauffer. Avec le retour des beaux jours en juin, la consommation s'est effondrée de -0,8%. Sauf à espérer que l'été vous fasse allumer votre chauffage, peu de bonnes nouvelles à attendre sur ce front et le rebond du PIB sera tout sauf durable, surtout quand l'emploi salarié continue à chuter nettement, de -0,2% sur le trimestre et -0,7% sur l'année.
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"Relance des mécanismes de financement de l’économie pour l’investissement"
Là encore, les affirmations politiciennes du PS et de Karine Berger sont démenties par les faits de manière cinglante. L'investissement des entreprises continue à chuter, certes moins rapidement, mais toujours de façon très sensible. "La relance du financement de l'économie" selon Karine Berger a causé une nouvelle chute de -0,5% de la Formation Brute de Capital Fixe (FBCF, qui mesure l'investissement des entreprises) selon les chiffres de l'INSEE parus ce jour. Le taux d'investissement des entreprises non financières continue à chuter nettement (derniers chiffres : 1er trimestre 2013). De 19,4 en 2012 en moyenne, il tombe à 19,2 au dernier trimestre puis à 19% au 1er trimestre 2013. Et pour cause, le taux de marge des sociétés non financières se maintient à des niveaux historiquement bas, à 28,2% pour le 1er trimestre 2013, plombé par une fiscalité délirante qui ne cesse d'augmenter par manque de diminution franche de la dépense publique.
Autant de raisons de rester prudents face à des chiffres qui sont tout sauf roses, et de réécrire le discours de Karine Berger : "Grâce à la météo et en dépit de la politique du gouvernement, la France sort de récession au deuxième trimestre de cette année". Voilà qui sera plus juste.
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