Je suis resté au bord du chemin à les regarder passer.
Ils étaient nombreux, très nombreux, même.
Bottés, casqués, criant, vociférant, ils partaient conquérir Rome, Constantinople ou Jérusalem (peu importe l’endroit, finalement, ces ambitieux ne pensant qu’à s’emparer des capitales du monde).
Ils marchaient, couraient, galopaient, reprenant en chœur des chants guerriers dont les refrains évoquaient la douleur, le sang et la mort.
C’était à celui qui arriverait le premier afin de s’approprier l’or des temples et de dénuder les dernières vestales.
Assoiffés de richesses et d’honneurs, ils saccageaient tout sur leur passage, ne tolérant pas qu’on pût s’opposer à leur irrésistible ascension sociale.
Ils ont pillé, brûlé, violé.
Ils ont tué, détruit, assassiné.
Quand il n’y eut plus que des cendres là où se dressait notre village, ils sont repartis, plus fiers que jamais, en direction de Rome, de Constantinople ou de Jérusalem.
Et moi, je suis resté au bord du chemin à les regarder passer.