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Le grand quoi

Publié le 13 août 2013 par Lorraine De Chezlo
LE GRAND QUOIde Dave Eggers
Récit (auto)biographique - 640 pages
Editions Gallimard - août 2009
Editions poche Folio - janvier 2011
Prix Médicis Etranger - 2009
Valentino Achak Deng a fui le Sud-Soudan et son village de Marial Bai en 1987, à l'âge de 8 ans, quand de violentes exactions ont atteint son entourage, son village, ses parents et amis. Avec de nombreux autres enfants, ils ont rejoint des camps de réfugiés en Ethiopie puis au Kenya, non sans douleur, non sans drame, non sans centaines de kilomètres avalés le ventre vide, pour y survivre et y vivre durant des années. Là il nous raconte ça Valentino, il est maintenant dans son appartement à Atlanta, en 2003, retenu en otage par l'enfant de ses agresseurs qui viennent de le cambrioler violemment. Même dans cet eldorado américain, la Vie ne l'épargne pas...

Quel livre ! Une lecture dense, poignante, effarante, et très humaine. Les allers et retours dans les passés et le présent du narrateur indirect (Dave Eggers a retranscrit le récit oral de Valentino) ne perdent jamais le lecteur. La construction du récit avec les souvenirs, les confidences, n'empêche à aucun moment la lecture d'être fluide. Bien au contraire, elle est toujours prenante, haletante, émouvante.
Extrait :"Quoi que je fasse, quels que soient les chemins que j’emprunterai, je raconterai ces histoires. J’ai parlé à tous ceux que j’ai croisés de ces jours difficiles, à tous ceux qui sont entrés dans le club pendant les heures pénibles du matin ; faire autrement aurait été inhumain. Je parle à ces gens et je vous parle parce que je ne peux pas m’en empêcher. Cela me donne de la force de savoir que vous êtes là, une force incroyable. Je veux investir vos yeux, vos oreilles, l’espace qui nous sépare. N’est-ce pas une bénédiction de nous avoir les uns les autres ? Je suis vivant, vous aussi, et nous avons un devoir de parole. Je l’utiliserai aujourd’hui, demain et tous les jours jusqu’à ce que Dieu me rappelle à lui. Je raconterai ces histoires à des gens qui écouteront et à ceux qui ne veulent pas les entendre, aux gens qui ne me le demanderont et à ceux qui me fuiront. Et tout le temps, je saurai que vous êtes là. Comment pourrais-je prétendre que vous n’existez pas ? Impossible. Ce serait comme si vous affirmiez que je n’existe pas."

Il y a la guerre bien sûr, il y a ensuite le quotidien d'un exil forcé, les disparitions, les atrocités qui jalonnent le parcours, les camarades qui meurent d'épuisement le long du chemin, les maladies, les angoisses, mais aussi l'amour, l'amitié, les espoirs et les solidarités. On a soif de lire son récit comme Valentino a soif de nous le raconter, de le dire, à tout un chacun qui croise son chemin, parce qu'il est toujours en vie et qu'il est obligé de témoigner.Un livre éminemment utile, écrit d'une plume vive, mélancolique et bien consciente. Une odyssée tragiquement humaine.
L'avis d'Alix - Farenheit 451
La Valentino Achak Deng Foundation

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