Lors de mes études de Géographie, quand j'étais sur les banc de l'université, au siècle dernier, j'écoutais avec fascination un professeur nous raconter comment se fabrique un paysage. Des millions d'années d'une évolution lente pour donner les merveilles qu'on peut aujourd'hui admirer. Les Karsts, reliefs creusés dans le calcaire par l'érosion de l'eau, étaient un de mes sujets de prédilection.
Cette année, dans le Jura, j'ai eu le grand plaisir d'en voir un en vrai !
Ce jour là, il a plu.
Un orage d'été violent et soudain.
Nous sommes arrivés après le déluge, dans un paysage lavé aux couleurs rehaussées par la pluie vigoureuse. Au cœur de la forêt Jurassienne, la rivière de l'Ain a creusé son lit dans la roche calcaire. Elle s'enfonce même en une gorge étroite profonde de 12 m, au lieu-dit "Les pertes de l'Ain".
Nous sommes donc partis pour une randonnée dans le sous-bois, le long du cours d'eau grondant. Une promenade magique et très accessible. Vite, le soleil de juillet a repris ses droits. Sur le sol tiède et détrempé, une légère brume. Sur la rivière, un nuage flou.
L'Ain
Je contemple l’œuvre du temps.
L’œuvre de l'eau, patiente et têtue.
L’œuvre des réactions chimiques. De la vie.
Je sais (à peu près) comment et pourquoi ce relief existe. Comme une pièce d’horlogerie démontée, un moteur mis à nu. Pourtant, même si les graphiques explicatifs de mes livres académiques sont là dans ma mémoire, ce que je vois est autre.
Une forêt, une rivière. Leur magie. Leur beauté. Leur poésie...
Une cascade de concrétion calcaires recouvertes de mousse
Mes années d'études me permettent de comprendre et peut-être d'apprécier encore plus, de façon rationnelle. Mais, ce que je retiens de cet après-midi c'est la surprise d'un tronc moussu, le calme irréel d'une cascade de tufs d'un vert acidulé, presque artificiel, le sol meuble sous mes semelles qui parfois se détrempe...
Un pays de sources, de vie et d'arbres.
Le temps incertain a dissuadé les promeneurs.
Nous sommes seuls dans ce sous-bois. La musique des gouttes, des arbres qui s'ébrouent sous le vent. Après avoir remonter la rivière pour admirer son cours en aval des gorges, jusqu'à une retenue, nous rebroussons chemins pour terminer notre voyage par la perte. L'endroit où l'eau a fractionné, dissoute la roche jusqu'à s'enfoncer et créer un réseau sous-terrain. La rivière ressort quelques mètres plus loin, avec à proximité une route et une centrale hydraulique.
Après Les pertes, la cascade de résurgence où l'Ain jaillit de la roche
J'ai préféré l'amont, plus sauvage, même si la zone de gorge reste très impressionnante.
Un énorme rocher, parfaitement tranché, repose là, tranquille, sous son chapeau végétal. Le cours de l'Ain se divise pour mieux se retrouver en cascades agitées. Ici, l'eau domine. Le paysage entier, minéral et végétal, se plie à sa douce volonté.
Si cet article vous a séduit est que vous voulez faire la rando, voici un lien avec des informations pratiques :
http://www.lieux-insolites.fr/jura/ain/ain.htm
Bonne promenade !
Autre article (avec photo) sur mon séjour dans le Jura :
- Sur la ville de Dole http://etang-de-kaeru.blogspot.fr/2013/08/dole-la-ville-de-lenfance-dune-autre.html
- Sur une source : http://etang-de-kaeru.blogspot.fr/2013/07/a-la-source.html
Copyright : Marianne Ciaudo