Financial Services Advisory : de nouveaux débouchés pour les BFI ?

Publié le 13 août 2013 par Sia Conseil

Durant l’été, nous vous proposons de découvrir ou redécouvrir certains articles « à succès » publiés cette année sur le blog Finance & Stratégies.

Régulation bancaire, Return on Equity (RoE), deleveraging, exigence en fonds propres, coĂťts d’accès aux liquidités en dollar, etc.

Tous ces termes reflètent les enjeux réglementaires et financiers que les banques de financement et d’investissement (BFI) doivent gérer actuellement, ceux-ci étant directement liés à une réglementation accrue de leurs activités imposée notamment par la directive Bâle III et le Dodd Franck act. Ces deux réglementations influent directement sur l’ensemble de la chaîne de valeur des BFI (notamment sur leurs activités consommatrices de fonds propres et de trading des produits de marché OTC), mais aussi indirectement sur leur gestion des risques et leur organisation, impactant ainsi la rentabilité aussi bien sur les activités de financement que celles de marché.

Soucieuses de garder un RoE attractif pour leurs actionnaires, les BFI doivent donc rechercher de nouveaux moteurs de croissance aussi bien en développant de nouveaux produits qu’en élargissant leur clientèle sur des produits existants. En parallèle, elles doivent également diminuer leurs activités dans certains domaines nécessitant une forte conservation des fonds propres tels que les financements structurés. Ainsi, les BFI sont contraintes de revoir leur business model afin de rester rentables tout en étant capables d’assurer les besoins de leurs clients entreprises (large caps, mid caps, etc.) et de leurs clients investisseurs (institutions financières, asset managers, etc.).

Le développement des activités de conseil (ou « advisory ») au sein des BFI pourrait contribuer à la recherche de rentabilité car elles présentent un avantage au niveau de la nature de la « matière première » du produit. Celle-ci se compose exclusivement de la « matière grise » de leurs équipes et ne nécessite ni d’acheter des liquidités sur les marchés financiers et/ou interbancaires ni de stocker ces ressources afin d’en gérer les risques.

Corporate & Investment Banking – Focus on Financial Advisory Services

Les activités de conseil ainsi non consommatrices de fonds propres peuvent constituer une solution d’avenir dont les possibles bénéfices seraient à analyser en fonction de l’avantage concurrentiel dont dispose une BFI à travers son modèle historique et son capital intellectuel sur ces métiers.

Un marché dominé par les banques américaines

Longtemps considéré comme le leader de la banque d’investissement, JP Morgan continue de dominer l’ensemble du marché des activités de conseil en M&amp [1];A (Merger & Acquisition), DCM [2](Debt Capital Market) et ECM[3] (Equity Capital Market), avec 2,4 milliards de dollars de commissions estimées depuis le début de l’année 2012, notamment grâce au DCM et au M&A.

Classement mondial des dix premières BFI pour les activités Investment Banking (en millions de dollars)

Source : Thomson Reuters ; League Tables – Investment Banking Overview ; données publiées le 27 juin 2012

Par ailleurs, on constate que les 10 principaux leaders de la banque d’investissement perçoivent 45% des commissions sur l’ensemble des métiers au niveau mondial, sachant que les 6 principales banques américaines présentent dans ce classement détiennent 30% du marché, et les 4 principales BFI européennes se répartissent les 15% restants.

Nous assistons ainsi à l’opposition classique des BFI « pure investment banking » principalement américaines telles que Goldman Sachs, BofA Merrill Lynch, Morgan Stanley, JP Morgan et Lazard avec les BFI généralistes telles que Société Générale, BNP Paribas, Crédit Agricole, Deutsche Bank, Barclays et HSBC.

Les banques d’affaires « pure player » ayant traditionnellement pour cĹ“ur de métier les activités de conseil en M&A, DCM et ECM bénéficient d’un avantage compétitif par rapport à leurs concurrentes issues d’un modèle bancaire universel ayant pour cĹ“ur de métier les activités de financement. Cet avantage se situe aussi bien au niveau du lien relationnel qu’elles ont pu tisser au fil du temps avec leurs clients que de la forte image de marque de « strategic financial advisor » dont elles disposent sur le marché au niveau mondial. En outre, le coĂťt d’entrée pour une BFI disposant de fortes spécialisations dans un ou plusieurs métiers de financement ou de marché peut être important et la rentabilité pourrait ne pas être au rendez-vous. En particulier, les coĂťts de recrutement de profils « stars » peuvent être élevés sans pour autant être générateurs de profit si le lien relationnel est rompu avec les clients.

Cependant, ces BFI actuellement en cours de repositionnement sous les contraintes réglementaires et d’accès aux liquidités peuvent avoir une carte à jouer sur deux axes : la pénétration de nouveaux segments de clientèle pour l’offre de conseil classique et le développement d’activités de conseil secondaires, par exemple en financement et en gestion des risques, activités qui sont, à ce jour, moins développées.

Ainsi, l’offre de conseil « financing and risk advisory » pourrait devenir un facteur de rentabilité pour les BFI capables de capitaliser sur leurs compétences en financements structurés et en suivi des risques associés à ces activités. L’enjeu pourrait être de taille, notamment pour les établissements européens qui seraient en mesure de développer davantage leur offre de conseil en structure de capital.

En effet, en parallèle des enjeux de débancarisation du financement de l’économie sur fonds propres, cette offre bénéficierait de la demande croissante des clients en recherche d’optimisation de leurs montages financiers. Par ailleurs, les enjeux de diversification de l’accès aux liquidités inciteront les émetteurs à améliorer la qualité de leurs signatures afin de diminuer leurs coĂťts de financement sur les marchés.

Le développement du conseil sur la qualité de la notation financière du client (ou « rating advisory ») se ferait ainsi en parallèle à l’émission de dette sur les marchés qu’elle soit au niveau corporate ou au niveau du financement d’un projet sous forme d’obligations[4].

Focus sur les activités « rating advisory » – Application aux obligations de projet

Quant à la croissance des activités de conseil en M&A, DCM et ECM, celle-ci passera par la recherche de nouveaux segments de clientèle et en particulier une analyse approfondie des tendances actuelles du « mid market ».

La raréfaction du crédit bancaire impactera considérablement la structure de financement des entreprises du SBF 80, principalement subordonnées aux financements bancaires. Cela incitera les acteurs de ce marché à faire progressivement appel aux placements privés ou aux émissions obligataires pour se procurer des liquidités sur les marchés financiers. Ainsi en se positionnant sur les « mid caps », les BFI européennes pourraient profiter des opportunités offertes par la désintermédiation de leurs modes de financement.

Bien que les BFI européennes semblent avoir d’importantes barrières pour percer le marché global des activités de conseil traditionnelles en « investment banking » (M&A, DCM, ECM), celles-ci pourraient conserver leur rayonnement local et/ou régional en se développant sur de nouveaux segments de clientèle. Par ailleurs, elles pourraient également bénéficier de la demande croissante pour les conseils en structure de capital et en notation des clients. l ne leur reste plus qu’à identifier le bon « time to market » pour développer et mettre en Ĺ“uvre ces activités sans oublier de mettre en place des « chinese walls » (cloisonnement des informations confidentielles pour les transactions susceptibles d’être proposées à un client commun) entre les lignes métiers de conseil, de financement et de marché. Ceci est, non seulement une condition nécessaire pour prévenir les conflits d’intérêts, mais également déterminante pour établir et entre

Sia Partners


[1] Fusion acquisition
[2] Émission de dette obligataire
[3] Émission d’actions lors d’une augmentation de capital
[4] Project Bonds


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