Palazzo Altemps, Rome, Italie - Photo. Daniel Hennemand 2012
Le nouvel Observateur/Le Plus m’a demandé de rédiger ce mois-ci un article sur la photographie en vacances; observation des comportements, nécessité de trier et de sauvegarder sa production. En voici le contenu. « You press the button, we do the rest. »* C’est avec ce slogan que Kodak a abordé le marché de la photographie grand public en 1888. Une idée de génie avait permis de proposer aux amateurs le moyen de photographier sans s’occuper de la logistique jusqu’ici complexe du traitement en laboratoire; juste une boîte équipée d’un film souple en bande. Il ne fallait rien faire d’autre après avoir réalisé une centaine d’images que de le rapporter au comptoir de vente pour qu’il soit traité, c’est-à-dire développé et tiré sur papier. L’amateur découvrait une manière à sa portée de photographier sa famille, son environnement, rien d’autre que de fixer l’instant. Le numérique ne fait que prolonger cette tendance. Le plaisir des images en série Les vacances sont propices à cette frénésie de prise de vue. Les voyages et la famille sont les sujets principaux de nos appétits. Dans le feu de l’action, plus on aime, plus on déclenche. Certains même nous reprochent de ne vivre qu’à travers l’objectif. C’est tellement facile de presser le bouton que peu d’entres nous finalement tentent de maitriser le cadre, la lumière et la composition. L’Observatoire des professions de l’image** parle de 500 à 850 milliards de photos prises en 2011. L’image en rafale se substitue à la réflexion, dans la série, il y en aura bien une de bonne. Certains constructeurs proposent même de déclencher avant et après l’instant propice pour mieux choisir ensuite. Nous avons pris conscience que la captation de notre vie était gratuite. L’instantanéité de la lecture de l’image numérique est cohérente avec notre époque – tout de suite sans attendre -. Les appareils récents possèdent un écran de dimensions confortables, cela invite l’auteur et son l’entourage à s’installer un peu comme devant un téléviseur pour une première lecture. Le regard trouve sa satisfaction dans la fraicheur de l’événement et le foisonnement; le nombre important d’images fait finalement partie de ce plaisir. Ensuite, traditionnellement, il faudrait choisir car si l’on décide de matérialiser ces images, une partie est retenue pour le tirage et même si ce coût de traitement est aujourd’hui très abordable, certaines doivent être éliminées. Sélectionner pour être lisible et partager Imaginons nous de retour chez nous pour une seconde lecture du même événement. Une lecture où la quantité des images peut devenir rapidement fastidieuse. Les vues se succèdent et se ressemblent. On aimera alors les sélectionner. Atteindre rapidement celles que l’on a repérées; celle que l’on préfère. Devons-nous effectuer un choix le jour même ou bien attendre la fin des vacances pour faire le tri? Trier immédiatement sur l’appareil risque d’être périlleux. Le contenu de la mémoire de l’appareil doit être copié sur son ordinateur pour effectuer une sélection réfléchie avec une bonne lisibilité à l’écran. Je préfère cette seconde solution et n’attendons pas trop longtemps car plus nous différons, plus le temps nécessaire à cette sélection sera difficile à trouver. Il faut donc sélectionner le plus tôt possible pour pouvoir partager une série d’images lisibles et attrayantes pour sa famille et ses amis. Sans quoi, ces quantités d’images seront difficilement exploitables. Une idée pour cet été, essayez chaque soir de relire posément vos images et d’éliminer les « définitivement ratées ». Ensuite à partir de cette somme, réalisez une sélection peut être un peu sévère mais qui en retenant le meilleur, vous donnera le plaisir de le partager. Autrement dit, chaque soir, faite votre best-of. En conservant les reportages dans leurs totalités, vous pourrez effectuer de nouvelles sélections ultérieurement. Sauvegarder pour retrouver et transmettre aux générations futures Que devons-nous faire de ces images; depuis l’évènement de l’image numérique, tout est dit, mais rien n’est sûr. Retenons trois points :- La photographie numérique n’est pas pérenne si l’on n’y prend garde. Il est faux de penser qu’elle est faite pour des siècles, bien au contraire l’image numérique par sa nature de fichier informatique a plus de chance de passer aux oubliettes par négligence qu’un tirage traditionnel « matériel ». Je me souviens de la belle phrase choc du rédacteur en chef du magazine Le Photographe qui me disait « L’image numérique, c’est comme une goutte d’eau qui tombe sur du sable, elle disparaît » ***.
- Quelque soit la méthode retenue : copies sur CD-Rom, disques durs ou serveurs distants appelés parfois coffres-forts numériques, l’ensemble doit être archivé en double exemplaire en des endroits distincts. Par exemple, sur un disque dur externe connecté à votre ordinateur et dans un de ces coffres forts distants.
- Les plates-formes communautaires comme Facebook ou Flickr sont quant à elles des outils de partage de vos images, en aucune manière des espaces de sauvegarde.****