S’il est généralement admis que la cocaïne supprime l’appétit, cette recherche de l’Université de Cambridge explique tout autrement le mécanisme biologique de cette association entre usage chronique de cocaïne et minceur, voire minceur extrême. Les conclusions, publiées dans la revue Appetite, font état de changements métaboliques profonds, qui vont, en effet, réduire considérablement, pendant la période de consommation, la capacité du corps à stocker la graisse.
Mais, a contrario, l’arrêt de son usage après une période de consommation chronique pourra, pour les mêmes raisons, entraîner un gain de poids spectaculaire, un effet collatéral qui pourra être ressenti comme douloureux par les usagers « en sevrage », un sevrage de plus fréquemment compensé par un excès de nourriture. » Le gain de poids qui suit l’arrêt de la prise de cocaïne n’est pas seulement une source de grande souffrance personnelle, mais a également des implications profondes pour la santé et la récupération. Une intervention clinique précoce pourrait prévenir ce gain de poids, réduire cette souffrance personnelle et optimiser les chances de guérison ».
Ce sont les propos du Dr Karen Ersche de l’Institut de neuroscience de l’Université de Cambridge, qui explique que ses résultats remettent en question l’hypothèse selon laquelle la cocaïne entraînerait une perte de poids par suppression de l’appétit. Son étude démontre une altération métabolique profonde à prendre en compte dans la prise en charge. En évaluant la composition corporelle, le régime et les comportements alimentaires de 60 hommes dont 30 étaient dépendants à la cocaïne, en mesurant les niveaux de leptine, une hormone qui joue un rôle important dans la régulation de l’appétit et la consommation d’énergie, les chercheurs constatent chez les usagers, une préférence pour les aliments gras et les glucides ainsi qu’une propension à des crises d’alimentation incontrôlée.
Cocaïne, régime riche en sucre et en graisses, et perte de poids !
· Pourtant, malgré un régime alimentaire riche en sucre et en graisses, les usagers de cocaïne accusent souvent une perte de poids et une diminution de leur graisse corporelle.
· Leurs niveaux de leptine sont également plus faibles chez les usagers de cocaïne, une diminution qui associée au régime riche en graisses suggèrerait pourtant un gain de poids.
· Les auteurs expliquent avoir été surpris de constater le peu de graisse corporelle chez les usagers, en regard de leur consommation déclarée d’aliments gras. Ils suggèrent que l’usage chronique de cocaïne interfère directement avec les processus métaboliques et réduit ainsi la graisse corporelle. Ce déséquilibre entre apport en graisses et stockage des graisses expliquerait ainsi pourquoi ces usagers vont prendre autant de poids quand ils arrêtent de consommer de la cocaïne. Car, lorsqu’ils « arrêtent », ils poursuivent leurs régimes riches en graisses mais sans les effets de la cocaïne sur leur métabolisme et prennent du poids.
Bref, l’étude dissipe l’idée fausse d’une perte d’appétit avec l’usage de la cocaïne et contribue à éclairer comment le corps s’adapte pendant la période de sevrage et va permettre de développer de nouveaux protocoles pour inclure l’effet prise de poids, dans les effets du sevrage.
Source:Appetite online 3 August 2013The skinny on cocaine. Insights into eating behavior and body weight in cocaine-dependent men(Visuel University of Cambridge@Valerie Everitt from Flickr)
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