Samedi 29 juin, les spectateurs du festival Garorock ont pu constater que rien n’allait plus chez Bloc Party : Matt Tong n’était plus derrière les fûts, remplacé au pied levé par Sarah Jones (ex-New Young Pony Club, ex-Bat For Lashes, actuelle batteuse de Hot Chip). Ce dernier avait déjà manqué plusieurs dates pour « raisons personnelles ». Quelques jours plus tôt, c’est Russell Lissack, guitariste du groupe, qui avait annoncé que le quatuor n’était pas au mieux et qu’ils entameraient une pause à « durée indéterminée » à la fin de la tournée, le 19 juillet.
«C’est sûr, quand on aura fini les festivals de cet été, nous allons prendre un peu de temps pour nous. Au moins six mois, peut-être un an, peut-être deux. C’est difficile à dire» avait-il déclaré au National Post, avant d’ajouter : «Une fois que l’on commence à prendre du temps libre, les gens se lancent dans leur propre projet. Donc une fois que les gens commencent à faire d’autres choses, naturellement, le temps que l’on passe éloignés les uns des autres s’allonge».
Fin juin, le groupe relançait les espoirs des quelques fans qui se refusaient toute idée selon laquelle « Bloc Party : c’est fini » avec l’excellent « Ratchet » et son clip signé Cyriak, reprenant des images des vidéos de « Octopus« , « Hunting For Witches« , « Little Thoughts » et « Helicopter« . Mais Bloc Party est donc bel et bien actuellement officiellement en pause. Oui, mais voilà, aujourd’hui sort The Nextwave Sessions, un EP de cinq titres du groupe. Le dernier souffle avant de s’éteindre ?
Un best-of des meilleures périodes du groupe
C’est, bien entendu, l’ultra efficace « Ratchet » qui ouvre la tracklist, de quoi rappeler « Helicopter » et les plus belles années de Kele et sa bande et leur album Silent Alarm. « Obscene » et ses allures de « Song For Clay » suit de très près, mettant un coup à l’ambiance dansante et nous plongeant dans une profonde mélancolie à coup de claviers réverbeux et de delay lointains. « French Exit » crée elle aussi une cassure, pauvre pot-pourri de tous les ingrédients qui font d’une track de Bloc Party une bonne track, elle se veut entraînante et on ne doute pas qu’elle plaise à certains ; mais la sauce ne prend pas. On est en train d’écouter ce qui pourrait être la dernière sortie du groupe : on a du mal à se forcer à rentrer dans un morceau pour se trémousser seul devant son bureau. On cherche désespérément la mélancolie ; on veut une raison de laisser couler une larme. « Montreal« , quatrième morceau de l’EP, nous comble dans ce registre. Reprenant la recette d’ »Obscene » dans une sauce qui tire vers « Signs« , on repense à tous ces moments passés à écouter « This Modern Love« . « Children Of The Future » finira de nous achever, tellement elle sonne comme un morceau de fin. La fin de l’EP ? Assurément. La fin d’une ère ? Peut-être bien. Il est impossible d’écouter le présent opus sans penser au fait qu’il ressemble terriblement à un best-of des meilleures périodes du groupe. On retrouve, dans ces cinq titres, un peu des quatre albums qui ont fait de Bloc Party un acteur majeur de la scène rock britannique depuis 2005. Et même si l’on cherche à éviter la prise de conscience, il est fort probable que le Bloc Party que l’on connaît ne revienne jamais.
On se revoit encore crier les paroles de « Like Eating Glass » et laisser resurgir nos âmes adolescente en pogotant sur « Helicopter ». C’était lors de leur tournée des festivals en 2012. Ça paraît déjà tellement loin.