La petite cloche au son grêle est un premier roman. Le narrateur raconte son enfance. Il avait 13 ans et vivait à Montigny, dans le nord de la France. Ses parents tenaient le café du village. Chaque soir, le rituel était immuable : en rentrant du collège, il fallait attaquer les devoirs, sur une table près du flipper. La corvée terminée, il était temps de partir vers les sous-bois et la rivière avec maman pour flâner entre les arbres et les fleurs. Des moments privilégiés et inoubliables. Un jour d’orage, un heureux concours de circonstances lui permet de mettre la main sur un livre abandonné dans l’herbe par sa propriétaire. La couverture indique sobrement : Marcel Proust, Du coté de chez Swann. Une découverte qui va bouleverser le quotidien du garçon et au final de tout le village.
Le problème quand un récit de jeunesse se passe dans un troquet c’est qu’il me ramène sans cesse vers Annie Ernaux. Et forcément il est difficile de soutenir la comparaison avec l’auteure de La place. Mais si l’on oublie cette aïeule encombrante, il faut bien reconnaître que le premier roman de Paul Vacca est une belle réussite. Une histoire d’amour fusionnelle et tragique avec la mère, une tranche d’enfance douce-amère dont on ressort avec un petit goût sucré en bouche. Le ton est juste, la sensibilité affleurant à chaque page sans tomber dans la nostalgie tire-larme. Beaucoup de tendresse chez ces gens simples et aimants qui osent rêver et gardent chevillé au corps un optimisme à tout épreuve. Et puis il est question d’éveil à la lecture, de la découverte du pouvoir des mots et de la littérature. Difficile d’y rester insensible.
Maintenant je ne crierais pas au chef d’œuvre et n’en ferais pas non plus un coup de cœur. Un peu trop gentillet pour moi. Il n’empêche, je serais sacrément ingrat si je ne reconnaissais pas avoir passé un excellent moment avec cette famille touchante en diable.
La petite cloche au son grêle de Paul Vacca. Le livre de poche, 2013. 162 pages. 6,10 €.
Les avis de : Blablamia ; Clara ; Luocine ; Keisha