Avant hier, j'ai donc repris mon chemin sur cette Via Alta des géants que j'avais due laisser la veille à cause des intempéries.
L'orage avait encore grondé pendant la nuit, mais ne laissait plus que quelques nuages sombres accrochés aux cimes.
Je pouvais donc a nouveau marcher sans risque sur les sentiers de montagne.
Mon étape pluvieuse mais plus courte de la veille ne m'avait finalement ni fatigué ni reposé non plus, malgré un temps de repos plus important passé dans l'agréable et confortable auberge de la Gruba. Le soir j'avais discuté agréablement avec deux randonneuses de La Roche sur Foron, qui profitent de leur retraite récente pour s'offrir de grabdes balades. Elles aussi n'avaient pu marcher sur la Haute Route avec ces orages.
Les roches sont encore bien mouillées et glissantes quand j'entame ma première ascension du jour. Et le sentier est bien entendu très caillouteux. Je n'avance donc pas si vite. Les quelques torrents que j'ai à franchir sont encore bien gonflés mais aucun danger à part celui de se mouiller les pieds. Je grimpe ainsi jusqu'au premier col du jour, celui de la Vecchia. Là haut, je peux contempler une vue sur l'immense plaine qui s' etend au delà des montagnes. Une autre Italie commence là, mais comme la Via Alta ne se dirige pas vers ce versant là, ma visite sera pour une autre fois.
Au contraire je reste sur les hauteurs en entamant une traversée assez longue, qui serpente le plus souvent dans des pierriers. C'est très sauvage mais pas forcément le plus bel endroit de ce trekking des géants et je trouve ce passage un peu fastidieux à vrai dire. La fatigue est présente, aussi.
Je parviens ainsi jusqu'au col de Marmontana, qui m'entraîne vers une zone à nouveau plus verte et plus habitée, quelques alpages et bergeries croisent mes pas. La montagne semble plus hospitalière à nouveau, même si le chemin reste assez technique.
Après la belle zone des lacs de Barma et de , où les derniers nuages d'orages se mirent dans les eaux claires, j'entame une nouvelle ascencion, qui procède par paliers, d'abord sur un chemin facile et fraîchement débroussaille en forêt, puis à nouveau dans les roches, jusqu’à la pointe de Stella. Le soleil a refait son apparition et je commence à avoir bien chaud.
Mais le refuge Coda, où j'avais prévu d'arriver hier, n'est plus très loin. Je suis content de l'atteindre et de m'y désaltérer un court instant. Curieusement, une nappe de brouillard a envahi les lieux.
Un peu plus loin, sur la crête qui domine à nouveau la plaine du Po a gauche, la vue est à nouveau dégagée. Je quitte au bout de ce passage la Via Alta pour le parcours du trek des géants, un peu plus direct, qui me donne une chance d'arriver pour le dîner à Donnas. Je suis un peu fatigué aussi et c'est la solution que j'avais prévu au départ de cette longue étape.
La descente est cependant longue et le sentier reste assez technique au début, se faisant ensuite plus doux mais toujours sur une forte pente. Les premiers hameaux apparaissent, j'ai quitté la haute montagne.
De jolies petites maisons de pierres égrènent mon chemin. Les noms de lieux sont marqués. Tous sont des hameaux de Perloz, mais le village en lui même est encore assez loin, à quelques centaines de mètres dénivelés plus bas.
Après avoir atteint la chapelle Sainte Marguerite, je rejoins à nouveau le trace de la haute route, qui n'est certes plus si haute. C'est d'ailleurs une des caractéristiques de cette Via Alta. Elle monte très haut et redescend bas dans les vallées, ce qui explique un dénivelé monstrueux. Mais je suis content aussi de redescendre vers la ville cette fois ci, car je suis fatigué et la perspective d'un repos douillet me va bien. Le chemin semble m'avoir entendu car il se fait plus régulier.
J'arrive enfin à Perloz "centre" après avoir franchi un magnifique pont, construit au 18 e siècle, théâtre de nombreuses légendes locales. Une dernière bonne butte, qui sillonne entre les cascades, remonte alors au village.
A Perloz, devant l'église, je prends le temps de grignoter un peu et surtout de téléphoner au bed and breakfast et au restaurant où ma place est réservé, pour leur dire que je risque arriver assez tard.
En fait, ma fin de parcours sera assez rapide et j'arrive à une heure convenable, 19h30, , à Donnas. J'y suis fort aimablement accueilli par Annie, qui tient le bed and breakfast du même nom. Le lendemain matin, je pourrai y profiter sans me presser d'un splendide petit déjeuner qui me redonne bien des forces après ce beau mais tout de même exigeant trek.
Cette Haute route des Géants, qui suit la deuxième partie du Tor, n'est en effet déjà pas, meme sur un mode trekking rapide, une balade de santé. Il sera à conseiller à des randonneurs expérimentés. J'y ai aussi croisé quelques coureurs en reconnaissance pour la course, dont la démesure m'apparaît encore plus clairement après cette semaine à arpenter son parcours. Trek ou trail, ce parcours offre de toutes façons un splendide terrain de jeu et des défis pour chacun. Car les paysages, l'aspect "scénique" des panoramas, sont vraiment exceptionnels. Les photographes pourront aussi vraiment s'y régaler, à condition que le temps soit de la partie. De mon côté j'ai du affronter les orages pendant trois jours mais cela a aussi contribué à l'originalité de mon périple!