Chansons au Festival Off d'Avignon 2013

Evasion, « Frenté ! »

« Nous aimons la vie ! » proclament-elles, cinq femmes, vêtues de noir, pieds nus. Cinq voix portant des langues différentes, parlant du monde comme il va, bien ou mal. Cinq personnalités, cheveux du blond au noir, yeux exprimant la joie ou la colère, l’impertinence et la révolte. Avec elles, c’est le sud ou le Moyen Orient, Mahmoud Darwich et Andrée Chédid, un peu d’Afrique et seules les chaises sont suédoises. Des voix justes. Qui « se mettent au monde », s’y mettent et le travaillent presque toujours avec le sourire même pour une Marseillaise pacifiste composée dans un orphelinat en 1893 :

Plus d'armes, citoyens !
Rompez vos bataillons !
Chantez, chantons,
Et que la paix
Féconde nos sillons ! 

Jeanne Plante

Elle est seule, seule en scène. Elle aimerait, dit-elle, trouver un homme, un moustachu. Mais il ne faut pas se fier au ton humoristique de cette jeune femme qui s’habille dans une mode surannée. Quelques chansons laissent passer la mélancolie, la peur du mensonge, l’envie parfois de meurtre. Les mots disent autre chose que ce qu’on croyait. Faut-il donc envoyer balader Jean-Christophe, le chien soumis qui aboie sur commande ? Faut-il seulement retenir les souvenirs d’enfance dans une maison à vendre ? Ou s’émouvoir avec elle, au clavier ou à l’accordéon, de sa mère « chez les bonobos », de son père « seul dans sa maison » ? Ou accepter peut-être qu’elle est « un poisson femme, un poison bleu ».

Tandem, Lionel Suarez et André Minvielle

J’ai d’abord entendu la main gauche de l’accordéoniste jouer avec les basses d’une façon particulière, puis j’ai vu le chanteur froisser un sac en plastique pour accompagner les rythmes de ses mots entraînés. Des chansons à croquer, qui donnent faim. Je ne sais pas pourquoi j’écris ça mais c’est bien ce que j’ai ressenti. Une sorte de faim ou plutôt l’envie de partager un repas, quelques mets du Midi pour dîner. Nougaro et Perrone s’invitent en mots et musiques. Et les pas nous emportent pour un « balagora », l’occitan nous fait croire qu’il est venu d’Afrique ou de Cuba ou du Brésil. Béret, totem et cucurbitacée, l’accordéon respire.

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