Le célèbre reporter belge du « Petit Vingtième » marque son retour sur console 16-bit et ceci un an après avoir affronté le terrible yéti dans les montagnes enneigées du Népal pour sauver son ami Tchang dans l’opus de « Tintin au Tibet » et éprouvé par la même occasion une génération de gamers qui n’oublieront pas de sitôt cette œuvre d’Infogrames. En effet, après nous avoir gratifiés d’un jeu aux graphismes fidèles à la BD mais au gameplay si retors qu’il a contribué à une épidémie de calvitie spontanée chez les jeunes joueurs, la société française décide de remettre le couvert cette fois-ci avec l’adaptation vidéoludique du 14ème volume des aventures de notre héros à la houppette, j’ai nommé : Tintin et le Temple du Soleil. Il faut tout de même rapporter que le jeu reprend aussi la trame de l’opus en bande dessinée « Tintin et les 7 Boules de Cristal ». Quoiqu’il en soit, beaucoup de joueurs ont espéré un meilleur gameplay et je m’en vais vous délivrer la réponse en me replongeant en 1996.
Le scénario reprend parfaitement la trame de la BD de Hergé, comme dans le précédent épisode et l’histoire commence avec une expédition d’ethnologues qui découvre un tombeau Inca et la sépulture d’un empereur momifié nommé « Rascar Capac ». Après avoir dépouillé les lieux de ses bijoux et de son hôte, ils s’en retournèrent en Belgique dans l’intention de les étudier mais après quoi, les savants tombèrent tous en léthargie, visiblement frappés par une malédiction. Décidés à tirer cette affaire au clair, Tintin et ses acolytes enquêtent sur ces évènements mais lorsque le professeur Tournesol se retrouve kidnappé par les fanatiques de la momie après avoir blasphémé en portant un bracelet ayant appartenu au cadavre de leur souverain, ils devront traverser les 17 niveaux qui les mèneront au Pérou et libérer leur ami.
Une fois de plus, la charte graphique respecte parfaitement celle de la BD originale et Infogrames nous prouve encore une fois son savoir-faire en matière de game design. Visuellement très beau dans son ensemble et très proche du style des œuvres d’Hergé, j’ai particulièrement apprécié les vignettes de bande dessinée entre les phases de jeu qui permettent de suivre le fil de l’histoire. Une touche d’originalité qui n’est pas tombée dans l’oubli. Par conséquent, je ne peux que donner une mention « Excellent » à ce travail qui reproduit avec maestria le coup de crayon de M. Georges Remi. Les niveaux passent par plusieurs phases de jeu comme de la plateforme classique, une course d’obstacles en voiture, à pied et à la nage et même des puzzles à résoudre. Des moments assez variés qui viennent ajouter un peu de sel à un style qui s’émousse en cette fin de vie de la Super Nintendo. Infogrames ayant déjà réitéré à plusieurs reprises un tel savoir-faire, notamment sur des jeux à licence comme« Lucky Luke », « Le Marsupilami », « Spirou » ou encore « Les Schtroumpfs », il ne faut toutefois pas oublier l’essentiel du jeu qui demeure aussi un point faible récurrent des développeurs de la société de Bruno Bonnell, à savoir : le gameplay. En dépit des belles animations de mouvement de Tintin, fluides et bien réalisées, ces prouesses techniques vont souvent jouer de mauvais tours aux gamers qui tiennent à ajouter ce jeu à leur tableau de chasse. En effet, il n’y a rien de plus regrettable qu’un constat défavorable à l’égard d’une suite dont les erreurs passées n’ont pas servi de leçon à leurs auteurs car à mon plus grand désespoir, ce jeu n’a pas évolué d’un poil de scrotum au niveau de la maniabilité. Certains sauts demandent toujours une précision millimétrée particulièrement sadique pour le mental et la difficulté est accrue en raison d’une mauvaise collision entre le personnage et les plateformes comme dans le précédent opus, vous faisant souvent passer de vie à trépas si vous êtes trop téméraire. Les ennemis qui constellent Tintin au Temple du Soleil sont saugrenus, pour ne pas dire débiles, d’autant plus que vous ne pouvez pas les attaquer mais les esquiver. Le bilboquet d’une petite fille peut vous tuer, tout contact avec une valise qui glisse au rythme du train vous infligera une blessure et des pièges mortels quasi invisibles seront également des vecteurs potentiels dans l’escalade inexorable de votre vulgarité et dans l’émoussement de votre patience. N’oublions pas de mentionner que sur ces dix-sept niveaux, il n’y a que quatre mots de passe. Encore une preuve de fainéantise de la part des développeurs qui passe pour de la brutalité envers les joueurs déjà éprouvés par une difficulté aussi ridicule. Si je pousse le vice à chercher encore un antagoniste qui tient à vous mettre des bâtons dans les roues, c’est bien Tintin lui-même. Sa hitbox et sa maniabilité sont les « Bonnie and Clyde » du jeu vidéo, vous tuant sans vergogne tout en volant vos espoirs d’arriver à la conclusion de ce jeu si vicieux et si peu magnanime avec vos nerfs, sans oublier que pour vraiment vous pourrir le moral, il y a un timer qui s’écoule plus ou moins vite selon le niveau de difficulté. Non seulement la vitesse doit être de mise mais il faut parfaitement maîtriser Tintin, son environnement et ses actions. En bref, pas de repos pour les braves.
La bande sonore est assez hétéroclite, certaines musiques étant de bonne facture et tout à fait correctes tandis que d’autres vous feront couper le son pour vous prévenir d’une migraine malvenue. Les bruitages sont conventionnels, sans fioritures et fréquences mal jaugées qui risquent de vous faire vriller votre anus à la moindre interaction de votre personnage avec un élément du décor. En somme, niveau sons et bruitages, rien de particulier à déclarer.
Basé sur les mêmes principes que son aîné, Tintin et le Temple du Soleil nous offre une aventure sympathique, dotée d’un challenge souvent trop corsé qui risque de rebuter beaucoup de joueurs occasionnels. En revanche, les fans du reporter belge ne sauront laisser passer une occasion hors pair de s’immerger dans une de ses plus belles aventures mais au risque d’investir dans des antidépresseurs et calmants.
Jeu : Tintin et le Temple du Soleil
Plateforme : Super Nintendo
Année : 1996
Editeur : Infogrames
Développeur : Infogrames
Type : jeu de plate-formes – action
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